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Liban - Presse

« An-Nahar » « gèle » le travail de certains journalistes, jusqu’à nouvel ordre

Les personnes concernées entendent saisir le ministère du Travail de leur cas.

Le contentieux opposant l'administration de notre confrère an-Nahar aux journalistes du quotidien licenciés récemment est loin d'être réglé.

L'administration du quotidien a proposé aux journalistes congédiés de leur verser les 14 mois de salaires non payés, mais sans indemnités de licenciement. Dans ce cadre, la députée Nayla Tuéni, PDG d'an-Nahar, a adressé hier des notes aux rédacteurs touchés par la vague de licenciements, les invitant « à ne pas se présenter à leur lieu de travail avant d'y être convoqués afin de discuter des solutions opportunes portant sur leur travail au sein de l'entreprise ». Le texte note, toutefois, qu'il ne s'agit aucunement d'un licenciement.
Les journalistes concernés ne perçoivent pas, toutefois, les choses sous cet angle : « Pour nous, cette note est une preuve que nous sommes victimes d'un licenciement abusif », affirme à L'Orient-Le Jour May Abi Akl, journaliste au Nahar depuis 25 ans. Selon elle, « nous avons remporté le premier round d'une longue bataille qui se poursuivra jusqu'au recouvrement de nos droits. En l'occurrence nos 14 mois non payés, ainsi que les indemnités pour licenciement abusif ».

Si certains journalistes licenciés ont accepté la proposition de l'administration, d'autres envisagent de soulever leur cas au ministère du Travail. « Nous avons opté pour ce choix pour demander le paiement de nos salaires d'abord, d'autant que l'administration se dit capable de les payer et prête à le faire », souligne Mme Abi Akl avant de poursuivre : « Nous nous réunirons après les fêtes pour former un comité de suivi et étudier les prochaines étapes de notre mouvement destiné à préserver nos droits les plus élémentaires. »

 

(Lire aussi : Talal Salman : Un Liban atrophié, dans un monde arabe en déchéance, ne peut s’intéresser à une presse libre)

 

« Licenciement camouflé »
Des sources judiciaires indiquent dans ce cadre à L'OLJ que « la note de Mme Tuéni a la valeur d'une note de licenciement "camouflé'', dans la mesure où elle invite les personnes concernées à ne plus se rendre à leur lieu de travail, même si le texte stipule le contraire ».

Les mêmes sources soulignent que « les journalistes congédiés d'an-Nahar font désormais face à un licenciement abusif qui place le quotidien devant des obligations légales ». Il s'agit du versement des 14 mois non payés, ainsi que des indemnités de licenciement et d'avertissement. Celles-ci varient entre 1 et 3 mois, selon les années de travail au sein de l'entreprise.

Les mêmes milieux mettent l'accent sur le fait que la note adressée hier par la PDG d'an-Nahar aux journalistes est un « avertissement de licenciement ». Cela signifie que les personnes concernées devraient saisir le ministère du Travail dans un délai d'un mois, conformément à la loi du travail.
Selon les sources judiciaires, « les licenciements observés au Nahar ne peuvent être justifiés par les difficultés financières tant que l'administration du journal n'a pas saisi le ministère du Travail ». « Il appartient à celui-ci d'examiner la situation du quotidien et de prouver qu'il traverse une crise de nature à causer le chômage de plusieurs dizaines de journalistes », indiquent les sources en question.

Face à cette situation, l'ordre des journalistes est monté au créneau pour dénoncer la proposition faite par la direction d'an-Nahar aux journalistes qu'elle entend licencier.
Dans un communiqué publié hier, l'ordre a estimé que « cette façon de traiter avec les gens est étrangère au Nahar et à son histoire prestigieuse ». L'ordre a invité tous les rédacteurs et employés du quotidien à refuser ce « chantage », tout en affirmant que « les journalistes font face à un licenciement abusif, avec toutes ses implications légales ». « Les droits des journalistes devraient être intégralement préservés », a assuré l'ordre avant de rappeler que « si les licenciements se font sous prétexte d'une crise financière, cela suppose que le ministère du Travail doit en être notifié afin de s'en assurer ». Le communiqué précise, dans ce cadre, que « le ministère du Travail peut jouer le rôle de médiateur entre l'administration du quotidien et les journalistes licenciés. Il pourra ainsi fixer le montant des indemnités à payer, sachant que les personnes congédiées se réservent le droit de recourir à la justice ».

Rappelant que son avocat est à la disposition des victimes de licenciements abusifs, l'ordre des journalistes a estimé que « le gouvernement devrait œuvrer pour améliorer la situation des médias et mettre un terme au massacre dont sont l'objet les journalistes libanais ». Il a espéré, par la même occasion, une action rapide à même de freiner la vague de fermeture des journaux et de licenciement des journalistes.

 

 

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