Deux poids, deux mesures

On se demande toujours, dans ce pays, comment fonctionne le cerveau (...) d'un agent de police... On a beau essayer de comprendre ou même d'anticiper ses réactions, mais c'est peine perdue ! À titre d'exemple, la rue adjacente à une grande banque de la place, dans la région de Sin el-Fil, est dotée sur un seul côté de parcmètres, mais, en face, aucun panneau indiquant qu'il est interdit d'y stationner. Et pourtant, tous les quelque temps, épisodiquement, et en particulier les débuts et fins de mois, des agents de police s'acharnent à bombarder de contraventions les pauvres automobilistes stationnés à cet endroit. Serait-ce pour arrondir les fins de mois ou pour doper les caisses de l'État ? Nul ne le sait, mais il y a des doutes à ce sujet...
Vous me direz qu'il y a probablement un panneau caché quelque part (comme on en a souvent vu ailleurs...) ou disposé un peu plus loin ; il n'empêche que le bon sens ou la force de l'habitude veut que, s'il s'agit bien d'un endroit interdit au stationnement, l'on respecte continuellement le règlement et que l'on ne fasse pas des excès de zèle sporadiques et des raids injustifiés en se prenant pour des justiciers impitoyables face à des citoyens inoffensifs et décontenancés par l'application on ne peut plus arbitraire des mesures de sanction ! Par ailleurs, s'il y a une loi à appliquer, qu'elle le soit scrupuleusement et partout où elle devrait s'appliquer ! Non pas dans une région déterminée et pas dans une autre où le policier n'oserait même pas pointer le bout de son nez !
Que tous les citoyens aient des droits et des devoirs égaux ! On nous poursuit pour la moindre petite infraction – si réellement infraction il y a – alors que d'autres, dans ce même pays mais à quelques kilomètres à peine de distance, se pavanent effrontément et se fichent complètement de respecter les règlements de circulation ou stationnement ou autres, étant rassurés que nul n'osera le leur reprocher...
Monsieur le Nouveau Président de la République libanaise, je sais bien que vous avez bien d'autres chats à fouetter en ce début de règne, mais je me permets tout de même de vous faire part des doléances de la majorité des Libanais. En effet, nous ne demandons pas mieux que de respecter les lois de notre pays, mais nous aimerions aussi, que, de la même manière que nous nous retrouvons strictement pénalisés quand nous les enfreignons, tous les autres citoyens libanais le soient aussi en cas de non-respect de ces lois, et qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures, avec tout ce que cela comporte de frustration et d'humiliation pour une partie non négligeable de la population.

Éliane KONISKI