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À La Une - Liban

Le Parlement votera mercredi la confiance au gouvernement Hariri

Les Kataëb et le député Khaled Daher ne voteront pas la confiance, Harb s'abstiendra.

Le Parlement libanais votera mercredi la confiance au nouveau gouvernement présidé par Saad Hariri, au lendemain des débats parlementaires autour de la déclaration ministérielle et au cours desquels la plupart des blocs ont exprimé leur position. Photo Sami Ayad

Le Parlement libanais votera mercredi la confiance au nouveau gouvernement présidé par Saad Hariri, au lendemain des débats parlementaires autour de la déclaration ministérielle et au cours desquels la plupart des blocs ont exprimé leur position.

Lors des deux séances de la journée, 22 députés ont pris la parole et ont tous accordé leur confiance au gouvernement de Saad Hariri, à l'exception du chef des Kataëb, qui a annoncé que les députés de son groupe parlementaire ne voteront pas la confiance. Le député Khaled Daher a fait de même. Quant au député de Batroun Boutros Harb, il a annoncé qu'il s'abstiendra.
Les débats se sont déroulés dans une atmosphère détendue à l'exception de quelques échanges acerbes entre Khaled Daher et le député Riad Rahal, membre du Courant du Futur. 

 

"Un gouvernement de regain de confiance" 
Saad Hariri a ensuite pris la parole devant les députés, lisant la déclaration ministérielle adoptée par le cabinet samedi. "Le succès (du gouvernement) se résume en un mot : la confiance. Plus la confiance augmente plus les chances de réussite augmentent, a déclaré M. Hariri. Regagner la confiance (des Libanais) commence en nous mettant d'accord sur plusieurs points : le taux de pauvreté a dépassé les 30%, le chômage a atteint les 25%, la croissance économique est de moins de 2% et notre pays accueille plus d'un millions de réfugiés fuyant la guerre en Syrie".

"Nous avons choisi pour notre gouvernement le titre de regain de confiance. Nous nous devons de redonner aux Libanais confiance dans leur pays et leurs institutions, redonner confiance en l'indépendance et la souveraineté, a affirmé le Premier ministre. Nous nous devons de redonner confiance en notre Constitution, résoudre les problèmes via le dialogue, le dialogue seul, et ne pas recourir à la violence".

"Nous sommes devant vous aujourd'hui pour demander votre confiance. Celle-ci nous permettra de redonner espoir et optimisme par l'adoption d'une nouvelle loi électorale et la dynamisation de l'économie libanaise afin d'assurer des opportunités de travail aux jeunes", a poursuivi M. Hariri devant les députés.

"Le gouvernement a plusieurs priorités, a-t-il expliqué, avec à leur tête l'adoption du budget, l'adoption des lois déjà prêtes, la présentation de projets qui assureront un environnement économique sain au Liban et favoriseront les secteurs agricoles et industriels. Notre cabinet accordera également toute l'importance aux secteurs des télécoms et de la technologie". Le Premier ministre a aussi indiqué que son gouvernement "s'engage à traiter les crises dont pâtissent les Libanais au quotidien : l'électricité, l'eau, le trafic, les déchets, la pollution des eaux du Litani. Le réveil économique ne peut être complet sans qu'on assure la santé et l'éducation pour tous", a-t-il affirmé.

"Le gouvernement s'engage à mettre en place un plan national pour combattre la corruption et à prendre les mesures nécessaires dans les secteurs qui sont les plus exposés, a souligné M. Hariri. Le gouvernement aura comme priorité d'assurer un équipement aux services de sécurité afin que ces derniers puissent protéger la population et le pays des turbulences qui nous entourent. Le cabinet s'engage aussi à mettre en place une stratégie nationale pour combattre le terrorisme ainsi qu'une stratégie de défense autour de laquelle nous nous entendrons par le dialogue".

"Mon équipe travaillera en coopération avec le Parlement pour que soit adoptée au plus vite une loi électorale qui assurera une juste représentation populaire et respectera les règles de la parité afin que les législatives aient lieu à la date prévue, a assuré le Premier ministre. Il est essentiel d'éloigner le Liban des conflits régionaux en adoptant une politique extérieure basée sur l'intérêt du pays et en respectant le droit international. Concernant le conflit avec Israël, nous n'épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste comme territoires libanais occupés et protéger notre patrie d'un ennemi qui continue de convoiter nos terres, notre eau et nos richesses naturelles", a-t-il ajouté. M. Hariri a également affirmé que son gouvernement s'engage à assurer le suivi de l'adoption de la loi sur la décentralisation administrative, "la seule solution à la crise des réfugiés étant qu'ils retournent dans leur pays".

 

"Le gouvernement renonce à son droit de défendre le pays"
Après M. Hariri, c'est l'ancien Premier ministre, Tammam Salam, qui a pris la parole pour accorder sa confiance au gouvernement de son successeur. "La confiance est la première des priorités, les Libanais en ont bien besoin, a affirmé M. Salam. Il a ajouté qu'il est "nécessaire de rester attaché à la Constitution et de respecter l'accord de Taëf". "L'évolution d'un régime politique ne peut se faire que sur base d'une entente, dans un climat sain et dans le respect de la Constitution, a dit M. Salam. Toute tentative de changer la nature du régime en dehors de ce cadre sera vouée à l'échec".

Ensuite, le député Antoine Zahra (Forces libanaises) s'est exprimé et a accordé sa confiance au gouvernement Hariri. M. Zahra s'est toutefois demandé "comment le gouvernement annonce dans sa déclaration ministérielle qu'il renonce à sa souveraineté au plan de la défense (du territoire) et laisse à qui le veut le droit d'inventer sa propre résistance ?" "Comment est-ce que le peuple peut avoir confiance dans les institutions constitutionnelles, quand le gouvernement renonce d'emblée à son droit, en tant que pouvoir exécutif, de défendre le pays", a-t-il ajouté. 

 

"Nous avons perdu leur confiance"
Le député Samir Jisr a pris la parole, de son côté, au nom du bloc du Futur, accordant la confiance au gouvernement de Saad Hariri. "Regagner la confiance des gens est la clé de la solution, a déclaré M. Jisr. Pour regagner leur confiance nous devons traiter tout ce qui nous a fait perdre cette confiance. Au niveau politique, nous avons perdu la confiance des gens du fait de la prorogation (du mandat de la Chambre) que tout le monde a dénoncé, nous avons perdu la confiance des gens lorsque l'interprétation de la Constitution est devenue un point de vue et nous avons perdu leur confiance lorsque nous avons boycotté le gouvernement, a-t-il souligné. Pour regagner cette confiance nous devons rester attachés au document d'entente qui comprend des solutions équilibrées ainsi qu'au respect de la Constitution".

Le député membre du Courant patriotique libre, Simon Abiramia, a ensuite pris la parole pour accorder sa confiance au nouveau gouvernement. "Les jeunes du Liban, de tous les partis, se sont réunis en 2000 et en 2012 et ont publié un document dans lequel ils énumèrent leurs problèmes en tant que jeunes, a indiqué M. Abiramia. Je souhaite que ce document serve de feuille de route au ministère de la Jeunesse et des Sports et au Conseil des ministres". Le député a également révélé que sur 100 chômeurs, 65 sont des jeunes. "Près de 83% des jeunes libanais rêvent d'obtenir un visa", a-t-il ajouté. M. Abiramia a dans ce contexte préconisé qu'un "état d'urgence des jeunes" soit décrété. Il a aussi demandé qu'il y ait, chaque mois, une séance de débat de politique générale afin de permettre aux députés d'interroger les ministres.

 

"De nombreuses ambiguïtés"
Contrairement aux autres députés, Khaled Daher n'a pas accordé sa confiance au nouveau gouvernement. "Le discours d'investiture a préservé la souveraineté et les grands intérêts nationaux, mais la déclaration ministérielle contient de nombreuses phrases ambiguës, des contradictions et des compromis relatifs à la souveraineté, a estimé M. Daher. De nombreuses questions fondamentales qui concernent les gens n'ont pas été abordées", a-t-il ajouté estimant que "l'on continue à empêcher Tripoli, Akkar, Minyé-Dinniyé, à se développer et cela constitue une violation de la Constitution libanaise".

Pendant que M. Daher poursuivait son intervention, une altercation l'a opposé au député Riad Rahal. Ce dernier a été traité d'"idiot" par le député du Akkar. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a dû intervenir et demander le retrait des propos injurieux du procès-verbal de la séance.

Marwan Farès, membre du bloc du Parti syrien national social (PSNS), a accordé, au nom de son bloc, la confiance au gouvernement Hariri. "Certaines choses importantes n'ont pas été mentionnées dans la déclaration ministérielle, comme par exemple la grille des salaires alors qu'il est urgent qu'elle soit adoptée", a toutefois déclaré M. Farès demandant au gouvernement de ne pas "négliger la question".

Le député Ibrahim Kanaan a ensuite pris la parole pour accorder la confiance du bloc parlementaire du Changement et de la réforme au gouvernement. "La déclaration ministérielle est excellente, mais le plus important reste son application", a-t-il souligné. Il a également appelé à l'adoption du budget et d'une nouvelle loi électorale. "Le système basé sur la proportionnelle est le meilleur pour représenter tout le monde mais le CPL est prêt à débattre de tout autre système qui assurerait une véritable parité et une juste représentation".

Le député du Hezbollah, Ali Ammar, a lui aussi accordé la confiance au gouvernement. "Tout ce que nous souhaitons de ce gouvernement c'est qu'il respecte sa déclaration ministérielle, a déclaré M. Ammar. Notre pays est menacé par plusieurs dangers à la frontière, il nous est demandé d'être unis pour faire face à ces défis", a-t-il affirmé en réponse aux critiques faites au Hezbollah et à la mention de la résistance dans la déclaration ministérielle.


"Protéger les spécificités du Liban"
Après une pause de trois heures, la séance a repris à 18h. Le bloc parlementaire de la Rencontre démocratique présidé par le leader druze Walid Joumblatt a été le premier à annoncer, par la voix du député Ghazi Aridi, qu'il accordera la confiance au gouvernement.

"Au sein de notre groupe parlementaire, c'est la confiance envers le Liban et sa diversité, unique dans la région, qui nous anime", a déclaré M. Aridi. "La démocratie, c'est la préservation de la diversité et le respect de la loi. Il est de notre responsabilité de la préserver", a-t-il ajouté.

Évoquant le dossier de la loi électorale, M. Aridi a rappelé que "M. Joumblatt a été le premier à demander l'adoption de la proportionnelle", exprimant néanmoins des réserves face à ce mode de scrutin. "J'espère que nos discussions seront calmes et objectives" sur ce sujet, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de "protéger les spécificités du Liban".

Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, s'est par la suite exprimé en faveur d'une loi électorale basée sur le scrutin à la proportionnelle intégrale qui permettra, selon lui, de sanctionner l'action du gouvernement. "Le député est censé représenter le peuple libanais. Mais l'action politique du député ne dépasse pas le périmètre de sa circonscription", a déclaré M. Fadlallah. "Pour que tout le peuple libanais soit représenté par ses élus, nous devons adopter une loi électorale basée sur la proportionnelle intégrale", a-t-il poursuivi avant d'accorder sa confiance au gouvernement.

Prenant ensuite la parole, Boutros Harb, député de Batroun, a déclaré qu'il s'abstiendrait lors du vote de confiance, exprimant l'espoir que "le nouveau mandat agisse pour le bien du peuple libanais". Estimant que le gouvernement est composé "de formations politiques qui divergent sur tous les sujets importants qu'il devra affronter", M. Harb a mis en garde contre une privatisation des services de l'État au profit des partis, soulignant que "la majorité des Libanais ne sont pas encartés".

Ayoub Hmayed, député membre du groupe parlementaire dirigé par M. Berry, a, lui, annoncé qu'il votera la confiance au gouvernement. De même pour Imad el-Hout qui a parlé au nom de la Jamaa Islamiya et pour le député Estephan Doueihy, membre du bloc parlementaire dirigé par le chef du courant Marada, Sleiman Frangié.

 

Les Kataëb ne voteront pas la confiance
Georges Adwan, membre des FL, a annoncé que son groupe accordera la confiance au gouvernement. S'élevant contre la corruption qui selon ses mots "gangrène l’État libanais", il a souligné la nécessité de l'adoption d'un budget. Le député FL s'est également exprimé en faveur d'une loi électorale "juste". Il a aussi regretté que les Kataëb ne soient pas représentés au sein du gouvernement.

Dernier à prendre la parole au cours de cette première journée du débat parlementaire, le chef des Kataëb Samy Gemayel a annoncé que son bloc n'accordera pas la confiance au cabinet. "Nous ne pouvons pas participer à un gouvernement majoritairement composé de formations politiques dont la vision de la souveraineté diverge complètement de la nôtre", a-t-il déclaré, exprimant la crainte que ce gouvernement ne puisse pas lutter contre la corruption.

Avant de lever la séance, le président de la Chambre a annoncé qu'une séance parlementaire de questions au gouvernement sera organisée tous les mois.

 

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