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Moyen Orient et Monde - Syrie

Alep : l’Onu prépare l’envoi d’observateurs et la reprise de négociations de paix

Au moins 14 000 personnes, dont 4 000 insurgés, ont déjà quitté le réduit rebelle en direction d'autres zones insurgées du Nord.

Des Syriens ayant fui les villages assiégés de Fua et de Kfraya arrivant hier à Jibrine, sous contrôle progouvernemental. George Ourfalian/AFP

Le Conseil de sécurité a décidé hier à l'unanimité de déployer rapidement des observateurs de l'Onu à Alep-Est pour y superviser les évacuations et évaluer la situation des civils dans la ville syrienne. L'adoption de cette résolution, proposée par la France et acceptée y compris par la Russie, principale alliée de la Syrie, marque le premier signe d'unité depuis des mois entre les grandes puissances mondiales aux prises avec un conflit qui a déjà fait plus de 310 000 morts depuis mars 2011. Dans l'immédiat, la résolution française demande au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon de déployer rapidement à Alep-Est le personnel humanitaire de l'Onu déjà présent en Syrie « pour une surveillance adéquate, neutre et une observation directe » de « l'évacuation des parties assiégées ». Ban Ki-moon devra indiquer au Conseil sous cinq jours si l'accès a été autorisé par les autorités syriennes, qui ont bloqué à plusieurs reprises par le passé l'aide de l'Onu. « C'est un point de départ », a déclaré à la presse l'ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre. Avec cette « résolution humanitaire », l'objectif de la France est « d'éviter un nouveau Srebrenica », ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, avait-il dit avant son adoption.
Le porte-parole de l'Onu Stéphane Dujarric a précisé qu'environ 100 employés de l'Onu se trouvaient déjà à Alep-Ouest, dont une majorité de Syriens, et qu'ils pourraient donc rapidement commencer leur travail de supervision, sans toutefois donner de calendrier précis.

Alep « nettoyée ce soir »
La Russie avait menacé de mettre son veto à une première proposition de résolution soumise par la France. Après presque quatre heures de consultations dimanche, un compromis a finalement été trouvé. Moscou a tenu au courant le régime syrien tout au long de ces négociations. « Nous sommes restés en contact avec nos collègues syriens pendant tout ce temps pour qu'ils soient informés du déroulement du processus et ils n'ont pas soulevé d'objections sérieuses à ce que nous avons présenté », a dit l'ambassadeur russe aux Nations unies Vitali Tchourkine.
La Russie a bloqué à six reprises des projets de résolution occidentaux sur la Syrie depuis le début du conflit. L'adoption de cette résolution pourrait donc marquer un tournant du côté de Moscou. L'ambassadeur syrien à l'Onu Bachar Jaafari a pour sa part accusé les puissances occidentales de vouloir aider à Alep-Est ce qu'il a qualifié d'espions étrangers. « Le principal objectif était de trouver comment secourir ces terroristes étrangers et agents secrets », a-t-il dit à la presse.
Il a toutefois assuré que son gouvernement respecterait la résolution, niant tout blocage de l'accès fait par le passé à des représentants de l'Onu. « Les derniers terroristes dans certaines zones de la partie est d'Alep sont en train d'évacuer leurs bastions, a-t-il déclaré. Alep sera nettoyée ce soir. »L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a par ailleurs annoncé qu'il avait convoqué les parties syriennes le 8 février à Genève pour reprendre les négociations de paix, au point mort depuis avril. Entre-temps, il suivra avec « intérêt » la rencontre prévue aujourd'hui à Moscou des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de Russie, d'Iran et de Turquie sur le conflit syrien.

Civils traumatisés
Sur le terrain, des milliers de personnes traumatisées ont quitté hier l'enclave rebelle assiégée d'Alep. Selon Ingy Sedky, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les évacuations vont se poursuivre toute la nuit. « Il reste encore des milliers » de personnes à faire sortir, « beaucoup de monde, dont des femmes et des enfants ». Quarante bus attendent côté rebelle.
Avant la reprise des convois d'évacuation à l'aube, des familles entières ont dû attendre pendant des heures et par un froid glacial dans les ruines de bâtiments détruits par les bombes l'arrivée des bus. Quelque 7 000 personnes ont été ensuite transférées d'Alep vers la localité sous contrôle rebelle de Khan el-Assal, plus au Nord, a dit Mme Sedky. À Khan el-Assal, des familles emmitouflées dans plusieurs couches de manteaux sont descendues des bus et se sont rassemblées à même le sol sur un terrain sale, pendant que des humanitaires leur distribuaient des bouteilles d'eau.
Au total, au moins 14 000 personnes, dont 4 000 insurgés, ont déjà quitté le réduit rebelle en direction d'autres zones insurgées du Nord, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Il reste au moins 7 000 personnes dans l'enclave rebelle. Parmi les personnes évacuées figure Bana el-Abed, sept ans, devenue célèbre pour ses tweets sur l'enfer quotidien dans Alep parfois comparée à Guernica ou Sarajevo. Elle et sa famille doivent être accueillies dans un camp de déplacés de la province d'Idleb.
En échange des évacuations d'Alep, 500 personnes ont pu quitter Foua et Kfarya, deux localités chiites prorégime assiégées par les rebelles dans la province d'Idleb, selon l'OSDH.
(Source : AFP)

Le Conseil de sécurité a décidé hier à l'unanimité de déployer rapidement des observateurs de l'Onu à Alep-Est pour y superviser les évacuations et évaluer la situation des civils dans la ville syrienne. L'adoption de cette résolution, proposée par la France et acceptée y compris par la Russie, principale alliée de la Syrie, marque le premier signe d'unité depuis des mois entre les...

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