La Russie devrait faire l’objet d’un ultimatum humanitaire

Le président du Conseil local de la ville d'Alep-Est, Brita Hagi Hasan, a adressé une lettre au pape François, dont voici le contenu :

Très Saint Père,
En ma qualité de maire de la ville d'Alep en Syrie, j'ai l'honneur de vous exposer ici la situation très douloureuse que connaissent aujourd'hui ses habitants et les vœux qu'ils m'ont chargés de vous adresser.
À Alep, un désastre humanitaire de grande ampleur est en train de se dérouler : des exécutions sont commises dans les quartiers repris par le régime et ses alliés du Hezbollah, plus aucun hôpital n'est opérationnel, des barils au chlore sont largués sur la population civile, les bombes à fragmentation larguées par les avions du régime et de la Russie causent de nombreux morts chaque jour.
Comme vous le savez, à New York, par son veto, la Russie bloque au Conseil de sécurité de l'Onu toute résolution demandant une trêve humanitaire.
Le président de la République française a lancé le 20 septembre 2016 à la tribune de l'Onu concernant les massacres en Syrie « Ça suffit ! » Ces paroles partagées par d'autres dirigeants appellent à créer les conditions pour que les armes se taisent et que les habitants ne soient plus persécutés.
Dans ce but, je fais part à Votre Sainteté de la préconisation suivante : la Russie devrait, dans les heures qui viennent, faire l'objet d'un ultimatum humanitaire de la part de la France, de la Grande-Bretagne, d'autres pays européens sensibles à la situation humanitaire des habitants d'Alep-Est, ainsi que des États-Unis, dès lors que ces pays disposent de moyens logistiques appropriés aux frontières de la Syrie.
Cet ultimatum humanitaire devrait avoir pour finalité de sanctuariser l'espace aérien, permettant des parachutages humanitaires (vivres, eau potable, médicaments, groupes électrogènes...) et l'arrêt des bombardements. Il importe de mettre de fait Vladimir Poutine devant ses responsabilités sous les yeux du monde, et le dissuader ainsi de procéder à l'abattage d'un avion porteur de secours. Un autre objectif serait l'assurance d'une réelle sécurisation des évacuations d'habitants d'Alep.
Les dirigeants politiques des démocraties sont aujourd'hui confrontés au devoir de protection qui incombe à toute nation envers les populations exposées au spectre d'une catastrophe humanitaire. Ainsi, le projet de mettre pacifiquement un terme à la mort quotidienne de centaines d'enfants et de civils dans l'enfer d'Alep, même si sa réalisation n'est pas exempte d'un risque calculé, est une obligation morale.
Aussi, j'espère humblement que Votre Sainteté voudra bien se montrer sensible à cette situation et à ces préconisations de nature à soulager les souffrances des habitants d'Alep-Est, qu'elle acceptera de s'en faire l'écho et d'apporter un soutien aux initiatives qui seront menées à cet effet.
J'ai l'honneur de faire part à Votre Sainteté de mon plus profond respect.

Brita HAGI HASAN
Président du Conseil local de la ville d'Alep