Scandales de corruption, mouvement de contestation dans la rue et au Parlement face aux mesures d'austérité prises pour sortir le Brésil de la récession : Michel Temer se retrouve en pleine tourmente quelques mois après son arrivée à la tête de la première économie d'Amérique latine.
Le gouvernement a applaudi mardi , s'est ainsi félicité le ministre de l'Economie, Fernando Henrique Meirelles, choisi par le conservateur Temer pour remettre le pays sur les rails de la croissance.
Mais depuis qu'il a remplacé la présidente de gauche Dilma Rousseff, écartée en mai puis destituée en août au terme d'une procédure controversée, M. Temer n'a pas de quoi se réjouir. Le seconde partie de ses mesures d'austérité, qui prévoit d'augmenter l'âge minimum de la retraite de 60 à 65 ans, fait face à des réactions hostiles au Parlement et les manifestations se multiplient dans les rues.
De plus, il plane sur le gouvernement et sur M. Temer lui-même des accusations de corruption liées au vaste scandale Petrobras, qui font trembler l'élite politique et industrielle du Brésil.
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Crédibilité en chute libre
Quand Dilma Rousseff a été destituée, une bonne partie du pays a respiré, soulagé. Réélue pour un second mandat en 2014, sa popularité s'était vite effritée sous l'effet de la crise économique et des scandales de corruption.
M. Temer, un vieux renard de la politique et leader du PMDB (centre droit), vice-président de Mme Rousseff dans une coalition incommode, a alors pris les rênes, pour terminer son mandat jusqu'à fin 2018.
Il a installé un nouveau gouvernement qui a marqué un virage à droite après 13 ans de pouvoir du Parti des Travailleurs (PT, gauche). Ses prises de position répondaient aux demandes des investisseurs et des groupes économiques qui voulaient la destitution de Mme Rousseff.
Mais rapidement M. Temer est devenu aussi mal-aimé que la dirigeante de gauche. Aujourd'hui, sa cote de popularité est de 10% et 60% des Brésiliens rejettent ses mesures d'austérité, selon les sondages. Contrairement à Mme Roussseff, il bénéficie du soutien du Parlement, mais celui-ci commence à se fissurer.
Au moment du vote de l'amendement gelant les dépenses publiques mardi, 53 sénateurs ont voté pour, contre 61 en première lecture, courant octobre.
Il y a également des disputes internes au sein de la coalition gouvernementale qui rendront encore plus difficile le vote des réformes de la sécurité sociale et des retraites, tandis que le mécontentement populaire augmente.
Pour ajouter aux tourments de M. Temer, des parlementaires ont présenté une requête en vue de sa destitution.
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L'analyste politique Michael Mohallem, de la Fondation Getulio Vargas (FGV, privée), estime toutefois peu probable qu'il tombe. La situation est "aussi critique, voire pire, que lorsque Rousseff était présidente. Mais il a le soutien du Parlement et il est peu probable qu'il suive la même voie", affirme-t-il. L'expert souligne toutefois qu'"avec ce climat plus difficile, sa situation se fragilise".
L'étau se resserre autour de M. Temer dans le cadre du scandale Petrobras qui éclabousse une grande partie du Parlement et du gouvernement. L'enquête a déjà forcé plusieurs membres du gouvernement à la démission. Dernier départ en date, mercredi : celui de José Yunes, l'un des plus proches conseillers de M. Temer. Selon la presse, le secrétaire du programme d'investissements, Moreira Franco, est sur le point de faire de même.
L'opération "Lavage Express" est entrée dans une nouvelle phase avec les témoignages - en échange de remises de peine - de 77 anciens dirigeants et cadres du groupe de BTP Odebrecht, entreprise au coeur du scandale Petrobras. Même le chef de l'Etat a été mentionné : il aurait demandé près de trois millions d'euros pour financer des campagnes de membres de son parti. M. Temer a "rejeté avec véhémence ces fausses accusations" samedi.
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