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Économie - Interview

« Tripoli ouvre une porte vers le marché irakien », pour CMA CGM

Le groupe CMA CGM, numéro 3 mondial du transport maritime dirigé par le Franco-Libanais Jacques R. Saadé, a annoncé jeudi qu'il allait desservir le port de Tripoli, le deuxième du pays après
celui de Beyrouth. Le directeur général de CMA CGM Liban, Joseph Dakkak, revient pour « L'Orient-Le Jour » sur les raisons de cette décision.

Le directeur général de CMA CGM Liban, Joseph Dakkak. Photo D.R.

Pourquoi avoir choisi d'ouvrir une ligne maritime et une agence à Tripoli ?
La direction du groupe s'intéresse depuis plusieurs mois aux perspectives offertes par l'ouverture, en octobre 2015, d'un nouveau terminal à conteneurs à Tripoli, qui doit être équipé d'ici à février 2017 avec des grues fixes capables d'intervenir sur la plupart des types de navires.
La décision a finalement été prise pour satisfaire une demande grandissante émanant d'une partie de la clientèle locale du groupe – implantée dans le nord du pays, une région qui contribue à hauteur de 20 % du volume annuel de fret au niveau national – Tripoli, Chekka et le Akkar, principalement. Le deuxième objectif, plus lointain, est d'ouvrir une porte vers le marché irakien. Tripoli se situe par exemple à vol d'oiseau à un peu plus de 750 km d'Erbil, soit une distance voisine de celle qui sépare la capitale du Kurdistan irakien de Umm Qasr, seul port du pays en eau profonde.
CMA CGM sera la première compagnie maritime internationale à desservir le terminal à conteneurs de Tripoli, renforçant ainsi sa présence dans le paysage économique et social du pays, si cher au fondateur du groupe.
CMA CGM a inauguré une nouvelle agence fin novembre à Tripoli, et le premier bâtiment doit mouiller l'ancre le 23 décembre 2016 pour repartir le lendemain avec au moins une centaine de conteneurs équivalents vingt pieds (EVP) de marchandises vers l'Irak et les pays du Golfe, un résultat supérieur à nos attentes. Tous les employés de l'agence sont originaires de Tripoli et ont été recrutés sur place.
Les clients qui souhaiteront passer par ce port espèrent réduire leur facture globale en profitant des tarifs mis en place par la direction du port et par la société Gulftainer – chargée de l'exploitation du terminal – et qui sont 15 à 20 % en moyenne moins chers que ceux pratiqués à Beyrouth. Ceux qui habitent dans le nord du pays pourront également baisser le coût du transport terrestre pour acheminer les marchandises du port jusqu'à leur destination finale.

 

(Pour mémoire : CMA CGM finalise le rachat de Nol et le retire de la cote)

 

Dans quelle mesure votre activité à Tripoli sera complémentaire de celle à Beyrouth ? Cela pourrait-il se traduire par une diminution de vos volumes dans la capitale ?
La relation du groupe avec le port de Beyrouth reste privilégiée et prioritaire. Il n'est donc aucunement question de faire jouer la concurrence entre les deux premiers ports du pays, mais de viser uniquement à mieux servir la clientèle du groupe et ouvrir de nouveaux marchés aux niveaux local et régional. De plus, les deux ports n'ont pas le même profil.
Les équipes de CMA CGM ont brassé jusqu'à présent plus de 225 000 EVP à Beyrouth sur le million environ qui transitent chaque année par ce port, et nous sommes très satisfaits du contrat de transbordement que nous avons dans la capitale, et il y sera maintenu. CMA CGM est en outre leader sur le marché du transport réfrigéré pour les exportations de fruits et légumes (72 % des volumes) comme leurs importations et celles d'autres produits réfrigérés (avec 30 % des volumes). Chaque semaine, 5 à 6 bâtiments battant le pavillon du groupe mouillent l'ancre dans la capitale pour un total de 270 escales en 2016 jusqu'à présent.
De l'autre côté, le port de Tripoli – qui possède un bassin aussi profond que celui de Beyrouth, ce qui doit à terme lui permettre d'accueillir de gros transporteurs – devrait pouvoir brasser d'environ 30 000 EVP en 2017 si les travaux d'équipement se déroulaient comme prévu. Dans 5 ans, sa capacité annuelle devrait se rapprocher de 100 000 EVP (la deuxième des trois phases de travaux d'infrastructure du port a été lancée fin septembre par le ministre des Travaux publics et des Transports sortant, Ghazi Zeaïter, tandis que la direction du port prévoit de commander de nouvelles grues dans les deux ans à venir, NDLR).

 

Lors de son passage à Beyrouth en août 2015, le PDG de CMA CGM, Jacques R. Saadé, avait évoqué son intention de « créer un centre de formation à la mise en conformité de ces produits avec les standards internationaux ». Où en est le projet aujourd'hui ?
Nous sommes actuellement en discussions avec l'École supérieure des affaires (ESA) afin de mettre en place une formation « transport maritime et logistique » – équivalent à un niveau master – qui devrait commencer à être dispensée d'ici à la fin du premier trimestre 2017. Le groupe a déjà défini le programme avec l'ESA, pour encore sélectionner ensemble les enseignants qui y participeront.

 

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