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À La Une - ANALYSE

Pour vaincre l'EI les armes ne suffisent pas, préviennent des experts

Il faut s'attaquer aux causes profondes qui ont provoqué la naissance et l'expansion du groupe jihadiste, préviennent des experts américains.

Pour vaincre définitivement le groupe État islamique et empêcher sa résurgence sous une autre forme ou une autre appellation, il faut s'attaquer aux causes profondes qui ont provoqué sa naissance et son expansion. Photo d'archives AFP.

Pour vaincre définitivement le groupe État islamique et empêcher sa résurgence sous une autre forme ou une autre appellation, il faut s'attaquer aux causes profondes qui ont provoqué sa naissance et son expansion, préviennent des experts américains.

Face à une insurrection qui a réussi, de même qu'el-Qaëda, à catalyser la colère, les frustrations et les ressentiments d'une partie du monde sunnite dans de nombreux pays, la seule réponse militaire, aussi efficace soit-elle sur le terrain, ne pourra suffire, ajoutent-ils.
"La nouvelle administration Trump a tendance à dire: +il faut être plus dur+", a expliqué mercredi à Washington, au cours de la conférence annuelle sur le terrorisme organisée par le groupe de réflexion Jamestown Foundation, l'ancien chef de la CIA Michael Hayden. "Mais si tout ne dépendait que de notre capacité à tuer des gens, ce serait terminé depuis quatorze ans. On ne va pas s'en sortir en ne faisant que tuer". "Si tout ce que nous trouvons à faire est d'être plus durs, il faut nous préparer à être plus durs à de nombreuses reprises à l'avenir", a-t-il ajouté.

Comme plusieurs experts M. Hayden, qui a également dirigé la NSA, a insisté sur le fait que tant que les causes profondes qui poussent des jeunes musulmans sunnites à rejoindre les mouvements jihadistes et insurrectionnels n'étaient pas prises en compte, l'attrait de l'islamisme radical perdurerait et les rangs de ses combattants et de leurs chefs se renouvelleraient sans cesse.

Ainsi Bruce Riedel, vétéran de la CIA aujourd'hui expert de la prestigieuse Brookings Institution, a souligné les limites de ce qu'il a qualifié de "stratégie de la décapitation" mise en oeuvre contre l'EI ou el-Qaëda.
"Ce genre de stratégie ne règle aucun des problèmes à l'origine de la création d'el-Qaëda, de l'Etat islamique ou de Boko Haram", a-t-il dit. "Ces problèmes vont perdurer et constituer les défis que la prochaine administration américaine devra relever".

 

'D'autres explosions'
"Le premier de ces défis est le chaos qui règne dans le monde arabe, dont nous ne faisons qu'apercevoir les contours. Aussi terribles que soient les situations à Alep ou Mossoul, je pense qu'il est presque certain que cela ne va faire qu'empirer", a-t-il ajouté.

Il a souligné qu'alors que le monde arabe ne rassemble qu'environ 5% de la population mondiale, près de la moitié des actes de terrorisme s'étaient produits l'an dernier dans le monde arabe et que tous les indicateurs, comme par exemple le nombre de jeunes au chômage, étaient mauvais et que rien ne pouvait laisser prévoir qu'ils allaient s'améliorer.

"Le plus déprimant est le fait qu'aucune des causes qui ont provoqué les printemps arabes: mauvaise gouvernance, mauvais état de l'économie, chômage, manque de responsabilité des gouvernements, impossibilité pour les citoyens de s'exprimer, n'a été réglée dans le monde arabe", a regretté M. Riedel.
"Toutes ces raisons qui ont provoqué les explosions de 2011 perdurent et d'autres explosions sont à prévoir. Des révolutions, des insurrections et des guerres civiles vont à nouveau survenir".

Pour Katherine Zimmerman, de l'American Enterprise Institute, à cette situation socio-économique dégradée s'ajoute le fait qu'el-Qaëda et l'EI, qui par endroits s'affrontent mais ailleurs peuvent coopérer, disposent d'un nombre croissant d'abris sûrs, "dont aucune force internationale ne peut ou ne veut prendre le contrôle".
"Le problème est que nous avons des stratégies de contre-terrorisme et non de contre-insurrection", a-t-elle confié à l'AFP. "Mais el-Qaëda et l'EI sont des insurrections. Nous avons décidé que les problèmes étaient trop difficiles à régler. Nous préférons coller des pansements dessus, travailler avec des partenaires locaux, éliminer les chefs par des raids aériens ce qui, dans la plupart des cas, ne fait qu'empirer les choses".
Ce qu'il faudrait faire, c'est s'attaquer à ce que Michael Hayden appelle "le combat profond, qui est toujours idéologique".

"C'est ce que nous avons fait pendant la Guerre froide: nous avons vaincu l'idéologie communiste. Mais le communisme ne nous était pas étranger, c'était une idéologie occidentale, créée à Londres par un Allemand. Nous étions légitimes. Mais nous n'avons aucune légitimité pour le combat profond contre l'islam radical".

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