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Liban - Justice

Trente-quatre ans après, le meurtre de Bachir Gemayel parvient devant la cour

La prochaine audience est fixée au 3 mars 2017.

Le vétéran Edmond Rizk s’exprimant avant l’audience. À ses côtés, Me Abdelhamid el-Ahdab et Me Naoum Farah.

Trente-quatre ans après l'attentat à l'explosif qui a coûté la vie à Bachir Gemayel, le 14 septembre 1982, le procès des personnes impliquées dans son assassinat et celui de 32 personnes fauchées avec lui s'est ouvert hier devant la Cour de justice.

L'ouverture du procès vient satisfaire une demande en ce sens présentée en 2012 par le fils du disparu, le député Nadim Gemayel, auprès de la Cour de justice, tribunal d'exception dont les jugements sur les crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'État sont sans appel et devant lequel les dossiers déférés sont considérés comme imprescriptibles.

Par sa démarche, le jeune député a voulu réactiver le dossier gelé de facto à la faveur des circonstances politiques, plus de deux décennies après que le principal inculpé, Habib Chartouni, militant du PSNS (Parti social national syrien), se fut échappé de la prison de Roumieh (1990) et qu'un acte accusatoire eut été émis à son encontre (1996).

 

« Retour à la justice »
Une atmosphère de recueillement plane devant le portail du Palais de justice. Dans un silence religieux, l'ancienne députée Solange Gemayel, veuve du président disparu, et ses enfants Nadim et Youmna, ainsi que des amis de la famille, des membres des familles des autres victimes et de nombreux avocats en robe écoutent l'ancien député Edmond Rizk, un des avocats de la défense, prononcer une courte allocution. « Au-delà de son caractère personnel, touchant les familles de Bachir Gemayel et de ses compagnons, cette action en justice est nationale, dans la mesure où le Liban tout entier pleure ses martyrs », affirme M. Rizk, un des vieux ténors du barreau, de sa voix vibrante, se félicitant de « ce retour à la justice », qui, selon lui, « finira par se consolider ».

Visiblement émue, Solange Gemayel exprime, dans le même esprit, sa foi en une justice efficace qui « pourra rattraper tout le retard ». Soutenue par ses enfants et suivie par la foule, elle se dirige vers l'enceinte du bâtiment en direction de la salle d'audience située au troisième étage.
Mais, prévue à 15 heures, la séance ne débutera que quarante-cinq minutes plus tard, lorsque la cour, présidée par le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd, et formée de quatre présidents de Cours de cassation, Thérèse Allaoui, Nahida Khaddaj, Bourkan Saad et Ghassan Fawaz, fait son entrée solennelle devant un détachement de la garde d'honneur.

D'emblée, le président Fahd appelle à la barre les parties civiles. À l'annonce de son nom, Mme Gemayel s'avance, accompagnée de ses avocats Abdelhamid el-Ahdab, Salim Méouchy, Naoum Farah, Bassam et Nadim Rizk, représentant Edmond Rizk, et Georges Cherfane, représentant Boutros Harb.
L'appel se poursuit et rares sont les plaignants qui se portent présents. C'est que certains de ces demandeurs n'ont pas été notifiés, d'autres se trouvant hors du pays, d'autres encore sont décédés, et d'autres, enfin, se sont fait représenter par leurs avocats. Décision est alors prise à l'encontre des demandeurs absents, qui ne se présenteront pas aussi à la prochaine audience, de poursuivre le procès in absentia, ce qui les privera du droit à réclamer des dommages-intérêts.

 

Nadim Gemayel « déterminé »
C'est ensuite au tour des coupables présumés, Habib Tanios Chartouni et Nabil Faraj Alam, d'être – en vain – interpellés. Le président Fahd déclare alors que les deux accusés n'ont pas été notifiés, indiquant que, selon des informations parues dans les médias en mai 2014, Nabil Alam est décédé cette année-là. Sur base de cet élément, la Cour de justice décide d'émettre, à travers le parquet, une ordonnance à l'adresse de la direction générale du statut personnel, lui enjoignant de vérifier si l'accusé a été radié des registres d'état civil. Au cas où la réponse serait positive, poursuit le tribunal, une ordonnance sera émise à l'adresse de la direction générale de la Sûreté générale afin qu'elle mène une enquête pour confirmer le décès, qui serait survenu à l'étranger.

Pour ce qui est de Habib Chartouni, l'instance judiciaire prend ensuite la décision de le notifier à travers les journaux et par affichage, plus de dix jours avant la prochaine audience, fixée au 3 mars 2017, à charge pour lui de se constituer prisonnier 24 heures avant la tenue de ladite audience. À défaut de quoi, l'accusé sera jugé par défaut.
Il est à noter que le président de la cour a d'abord fixé la date de la prochaine séance au mois de janvier, indiquant par là une volonté de célérité, mais l'a remise au mois de mars à la demande des avocats des parties civiles, convaincus que l'enquête de la direction de la Sûreté générale ne prendra pas fin au début de l'an prochain.

À l'issue de l'audience, Nadim Gemayel a exprimé sa confiance envers le mandat qui s'ouvre, affirmant qu'« il ne peut y avoir d'État et d'institutions fortes sans justice ». Il s'est dit par ailleurs déterminé à « suivre le dossier de Bachir Gemayel en vue de recouvrer les droits de tous les martyrs tombés avec lui », estimant que si la justice avait pris un cours régulier au moment des faits, « on aurait épargné aux Libanais de nombreux attentats et de nombreuses vies ».
La famille s'est ensuite rendue à Bickfaya (Metn), où elle s'est recueillie sur la tombe du président assassiné.

 

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commentaires (2)

Bonne initiative que le temps juridique (qui n'a rien a voir avec la justice rendue)..,moins dans l'espace ...il est important voir vital ..., que notre pays fasse un devoir de mémoire ,"trop souvent oublié"....

M.V.

13 h 30, le 26 novembre 2016

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Commentaires (2)

  • Bonne initiative que le temps juridique (qui n'a rien a voir avec la justice rendue)..,moins dans l'espace ...il est important voir vital ..., que notre pays fasse un devoir de mémoire ,"trop souvent oublié"....

    M.V.

    13 h 30, le 26 novembre 2016

  • la honte est que rares , si meme elles ont existe, rares etaient les personnes qui demandaient expressement , avec toute la vehemence requise a ce que cela ait eut lieu en temps du ! comme par exemple on demande "expressement" ce portefeuille ou l'autre

    Gaby SIOUFI

    08 h 55, le 26 novembre 2016

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