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Campus - Joute oratoire

À l’USJ, une rencontre choc franco-libanaise

Vendredi 18 novembre. Il est 19h à l'amphithéâtre Gulbenkian de l'USJ. L'ambiance est tendue ; spectateurs et jury attendent impatiemment le début du face-à-face entre le club français Révolte-toi Lille 2 et le Club libanais de débat.

De gauche à droite : Nicolas Philippe, Bissa Hammimou, Pierre Santos, Hind Fathlislam (club Révolte-toi Lille 2), Carl Kairouz, Boushra Chamseddine, Georges Maxime Moussallem et Daphnée Fougea (Club libanais de débat).

« C'est vraiment dommage qu'après deux ans de vacance présidentielle, alors que le pays est enfin stable, nous venions ce soir de nouveau tout bouleverser par notre éloquence », lance avec humour Nathalie el-Bazzal, étudiante en sciences politiques et présidente du club Révolte-toi Lille 2 en visite à Beyrouth. La Lilloise d'origine libanaise explique le choix de son équipe de venir au Liban pour ce choc amical. « Il me tient à cœur de montrer que le Liban, mon pays d'origine, n'est plus une zone de guerre, comme on pourrait le penser en Occident. » Un projet que le bureau directeur du Club libanais de débat (CLD), formé par des étudiants en droit et en sciences politiques, accueille à bras ouverts. « Tenir cette rencontre est une occasion de plus pour rappeler l'importance du débat, pour encourager les jeunes à rendre orpheline la maladie sociale qu'est l'indifférence », affirme Maryline el-Khoury, membre du bureau du CLD, dans son mot d'ouverture.

 

(Lire aussi : L'apprentissage de l'arabe, une aventure unique au CREA de l'USJ)

 

 

Un débat de haut niveau
« Ce gouvernement supprimerait le droit du travail » est la motion à débattre ce soir-là. Le gouvernement, représenté par quatre orateurs français, défend sa proposition face à l'opposition, jouée par un quatuor libanais, devant un jury expert et compétent composé de Carole Alsharabati, directrice de l'Institut des sciences politiques de l'USJ, Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Charbel Nahas, ancien ministre du Travail, et Mathieu Maisonneuve, agrégé des facultés de droit et avocat à la cour. Les débatteurs prennent la parole à tour de rôle pour plaider leur cause.

Éloquence, sarcasme, humour, tout y est. Mais le fond est aussi important que la forme. Un argument bien fondé et bien exprimé enflamme le public. Certains exposés sont techniques, d'autres sont plus poétiques et reflètent la personnalité de l'orateur, comme le remarquera M. Maisonneuve. La confrontation des idées – pour ou contre la suppression du droit du travail – est intense et s'apparente à un match de ping-pong. Le Libanais Carl Kairouz, étudiant polyvalent qui jongle entre ses études en médecine et le débat, dénonce un capitalisme qui s'impose au détriment de l'homme. Tandis que la Française Hind Fathlislam, étudiante en droit, invite à cesser de lapider le changement, conséquence inévitable de la mondialisation. Anwar Arida et Antoine Abdel Wahed, membres du bureau du CLD, gèrent avec brio le débat, « tels Nabih Berry et Farid Makari », dira Charbel Nahas, amusé.

Finalement, c'est l'équipe de l'USJ qui l'emporte, à la grande joie du public libanais. Cependant, la distinction du meilleur orateur de la soirée est décernée au Français Nicolas Philippe, étudiant en sciences politiques, qui célèbre son quatrième titre. « C'est une énorme responsabilité, affirme-t-il. La prochaine fois, si j'échoue à séduire le jury, j'ai tout à perdre. »

 

(Lire aussi : Un jeune Libanais à l'Assemblée nationale française)

 

Au-delà du débat
« J'ai toujours rêvé de venir au Liban. J'ai sans doute été fortement influencée par l'arabité de ma mère », raconte, émue, Ibtissam Hammimou, étudiante en droit et première oratrice de la soirée. Pierre Santos, étudiant en sciences politiques, confie, quant à lui, avoir eu des préjugés par rapport au Liban, à cause de l'image erronée véhiculée par les médias occidentaux. Il se dit positivement surpris par la beauté du pays et l'accueil des Libanais. Un constat partagé par toute l'équipe française. Daphnée Fougea, une étudiante française en échange au Liban et qui a donc représenté l'USJ, considère qu'elle n'était pas vraiment « contre » ses compatriotes, puisque le débat ne connaît pas de différenciations nationales ou autres.

L'événement a spontanément été clôturé par la Marseillaise et l'hymne national libanais, symbole de l'histoire commune de deux pays ayant le français en partage. D'ailleurs, ce choc n'est qu'un avant-goût de ce qui attend les amoureux du débat et de la francophonie au cours du Championnat international de débat francophone, un événement de grande ampleur organisé par l'USJ du 12 au 18 mars 2017. Comme le dit si bien Georges Maxime Mousallem, membre de l'équipe libanaise et ancien président du CLD : « Nous ne nous lasserons jamais du débat. Il s'agit d'un outil indispensable pour progresser à tous les niveaux. »

 

 

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