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À La Une - Etats-Unis

L'"alt-right", la nébuleuse d'extrême droite séduite par Trump

"Je ne veux pas galvaniser ce groupe, et je désavoue ce groupe", a déclaré le président américain élu.

Moins de deux semaines après l'élection de Donald Trump, des sympathisants de la mouvance hybride baptisée "alt-right" s'étaient réunis samedi dans la capitale américaine pour savourer l'instant et rêver à une Amérique blanche, virile et anti-immigrés. Photo AFP/TIMOTHY A. CLARY

"Hail Trump! (...) Hail notre victoire!" L'incantation qui résonne dans le bâtiment Ronald-Reagan de Washington, à deux pas de la Maison Blanche, est accueillie par des saluts nazis, reflétant la radicalité d'une frange de l'extrême droite américaine.

Moins de deux semaines après l'élection de Donald Trump, des sympathisants de cette mouvance hybride baptisée "alt-right" s'étaient réunis samedi dans la capitale américaine pour savourer l'instant et rêver à une Amérique blanche, virile et anti-immigrés autour d'un de ses chefs de file informels, Richard Spencer.

"A l'avenir, l'alt-right peut, en tant qu'avant-garde intellectuelle, compléter le travail de Trump", a dit à la tribune ce trentenaire cintré dans un élégant costume et coiffé, comme beaucoup de ses compagnons de route, à la "fasci": ras sur les côtés, les cheveux soigneusement peignés sur le haut du crâne.
M. Trump s'est toutefois efforcé mardi de prendre ses distances avec ses sulfureux supporteurs. "Je ne veux pas galvaniser ce groupe, et je désavoue ce groupe", a-t-il déclaré mardi au New York Times.

A la tête d'un obscur think tank, le National Policy Institute, ce diplômé d'études supérieures est l'un des visages de cette nébuleuse qui est née et prospère sur internet et compte parmi ses alliés le nouveau conseiller spécial du président élu Trump, Steve Bannon.

"L'émergence de Trump a changé la donne. Le mouvement alt-right voit sa victoire électorale comme une grande avancée qui leur offre une passerelle vers le grand public", explique à l'AFP Nicole Hemmer, experte des mouvements extrémistes à l'Université de Virginie. "Cela les rend plus visibles et leur donne l'idée d'un plus grand pouvoir politique".

La mouvance, qui était jusque-là groupusculaire, n'a pas de structure formelle et son idéologie puise dans l'extrême droite traditionnelle et la théorie de la suprématie blanche autant que dans une dénonciation du libre-échange économique.
"L'alt-right pense qu'un certain degré de séparation entre les peuples est nécessaire pour que la culture soit préservée", écrivaient deux figures liées à ce mouvement dans un manifeste publié en mars sur le site Breitbart News, alors dirigé par M. Bannon.

 

(Lire aussi : Trump aimerait "être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens")

 

Théoriciens
Cette séparation doit, sans surprise, être raciale et religieuse: le mouvement, qui revendique une filiation avec l'extrême droite française et notamment la Nouvelle Droite, fourmille de théories pseudo-scientifiques sur la hiérarchie supposée entre les races et voue une haine tenace aux Juifs et aux musulmans.
"La chose honteuse chez la gauche est qu'ils veulent plus d'immigration musulmane (...) Les gauchistes veulent que cette maladie vienne dans notre société plus qu'ils ne veulent se protéger eux-mêmes", déclarait ainsi Kevin MacDonald, un professeur de psychologie à la retraite, samedi lors de la réunion de Washington.

Ce culte de l'homogénéité identitaire les a également conduits à rejeter l'économie de marché défendue traditionnellement par le parti républicain.
"L'establishment républicain, avec leur croyance inoxydable dans le marché libre, pourrait être tenté de détruire une cathédrale pour la remplacer par un centre commercial, si ça faisait sens économiquement parlant", assure le "manifeste" publié par Breitbart.

Selon Mme Hemmer, l'alt-right s'apparente surtout à un "relookage" des vieilles théories suprémacistes auxquelles se greffe un refus du politiquement correct qui permet d'unir les extrêmes en leur fournissant une "justification intellectuelle".
"Ils sont connectés par quelque chose de différent par rapport aux suprémacistes blancs du passé: l'idée que la plus grande menace en Amérique est le politiquement correct", explique cette experte. "Du coup, le fait de dire des choses racistes, antisémites ou contre les femmes peut être présenté non pas comme un signe de haine mais comme un acte de liberté".

 

(Lire aussi : Deux semaines après l'élection de Trump, New York toujours en état de choc)

 

Distances
Nul doute que certains arguments de campagne de Donald Trump ont trouvé grâce aux yeux du mouvement: le candidat républicain a férocement combattu le libre-échange, promis d'ériger un mur à la frontière américano-mexicaine et appelé à interdire les musulmans d'entrée aux Etats-Unis.
Le milliardaire a également pris en grippe la presse traditionnelle, honnie par l'alt-right, et fait preuve d'un machisme outrancier cultivé par cette mouvance qui a le féminisme en horreur.

Samedi, M. Spencer a évoqué une "connexion psychique" avec le futur président américain: l'alt-right était une "tête sans corps" et M. Trump "une sorte de corps sans tête" au début de sa campagne, a-t-il résumé.
La popularité croissante de l'alt-right a en tout cas attiré l'attention de Twitter qui a fermé plusieurs comptes liés à l'alt-right, dont celui de M. Spencer. "Il y a une grande purge en cours et ils purgent les gens sur la base de leurs opinions", a-t-il commenté.

 

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