Gibran et ses femmes : amours et correspondances...

Sur les planches du théâtre Gulbenkian, The Prophet's Anonym, une création collective adaptée et mise en scène par Omar Moujaès, tirée de l'ouvrage éponyme de Salim et Tia Moujaès, sur un texte dramaturgique écrit par Monda Riachi, embarque d'emblée le spectateur dans un univers fantastique où Gibran Khalil Gibran rencontre trois femmes, Joséphine, Gertrude et Mary Haskell, au bord d'un navire qui se dirige vers la ville légendaire d'Orphalese. Il voyage en Occident, à la recherche d'une cure pour la maladie de sa mère et de son frère et pour trouver l'amour de sa vie, May Ziadé. Dans le chef-d'œuvre Le Prophète, Orphalese est la ville où habitait le sage en exil. Ce voyage, qui représente le parcours de vie de l'écrivain et philosophe libanais, ne se déroule pas sans périples ni djinns ensorceleurs.
Sur ce navire en bois qui vogue vers l'inconnu, des effets de lumière et de fumée blanche accentuent le caractère mystique de la création, par ailleurs riche en chorégraphie, chants et musique. Cette dernière étant jouée en live par le groupe de musique Fer'et 3a no'ta, qui fusionne des mélodies de l'Occident et de l'Orient.
Dans ce cadre fantasmagorique, les danseurs expriment, à travers mouvements corporels saccadés et gestes amples, l'état d'âme et les émotions mitigées de Gibran. Au début de la pièce, le personnage principal donne une impression de faiblesse. Puis il se transforme, au fur et à mesure de sa croisière, en un homme fort et sage. Des extraits des lettres écrites par les trois femmes de Gibran sont récités, de même que certains passages du Prophète. Cette performance creuse ainsi l'influence de la correspondance de Gibran sur son œuvre. Et sur sa propre identité, puisque ce périple initiatique se termine par une révélation toute personnelle...

*The Prophet's Anonym, jusqu'au 20 novembre, à 20h30, au théâtre Gulbenkian, Lebanese American University (Ras Beyrouth). Billets en vente au guichet.