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Liban - La situation

Gouvernement : un bras de fer semble inévitable

À l’issue des consultations, le Premier ministre désigné Saad Hariri s’est rendu le 5 novembre à Baabda pour un entretien avec le président de la République Michel Aoun. Photo Ani

Les consultations parlementaires non contraignantes terminées samedi, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, n'a pas trop attendu avant de lancer ses contacts pour la mise en place de son équipe.
Il a reçu hier soir à La Maison du Centre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, pour une réunion qui s'est tenue en présence de Melhem Riachi, responsable de la communication au sein des FL, de l'ancien député Ghattas Khoury, conseiller de M. Hariri, et de Nader Hariri, chef du bureau de ce dernier. Les résultats des concertations, les souhaits émis par chacune des différentes parties politiques consultées par le Premier ministre désigné, deux jours durant, et la configuration de la nouvelle équipe ministérielle ont été passés en revue durant l'entretien qui s'est poursuivi autour d'un dîner.

Les contacts pour la formation du gouvernement doivent continuer cette semaine et c'est à de véritables manœuvres d'équilibriste que Saad Hariri doit se livrer avant de pouvoir mettre en place un gouvernement dit d'union nationale au sein duquel loyalistes et opposants devraient en principe cohabiter jusqu'à la tenue des prochaines législatives, prévues en mai.

La valse des noms et des portefeuilles a commencé la semaine dernière, en même temps que les concertations officieuses autour de la composition du gouvernement, le tout ponctué de messages adressés plus ou moins directement à la Maison du Centre. On sait dans ce contexte que le leader du CPL, Gebran Bassil, et Nader Hariri ont tenu la semaine dernière deux réunions auxquelles Ali Hassan Khalil, ministre sortant des Finances, par ailleurs adjoint politique du président de la Chambre, Nabih Berry, devait se joindre.

Le plus dur commence donc aujourd'hui pour Saad Hariri qui doit jongler entre les positions des uns et des autres avant de trouver une formule équilibrée qu'il présentera au chef de l'État. On parle de plus en plus d'un cabinet de trente au sein duquel les sunnites, les chiites et les maronites seraient chacun représentés par six ministres. Maintiendra-t-il le ministère des Finances aux mains de la communauté chiite pour amadouer un Nabih Berry toujours furieux d'avoir été écarté des tractations qui avaient permis de débloquer la présidentielle ou le concédera-t-il aux Forces libanaises qui ont expressément demandé à ce que ce portefeuille leur soit attribué ?

Selon notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, le chef des FL, pourrait, dans un souci de faciliter la mission de Saad Hariri, renoncer aux Finances en contrepartie d'un autre maroquin important, comme l'Énergie ou la Justice, ou les deux ensembles. Le grand argentier restera chiite et le choix se porterait soit sur le député Yassine Jaber soit sur le premier vice-gouverneur de la Banque du Liban, Raëd Charafeddine.
De sources proches de la Maison du Centre, on indique à ce propos que le chef du gouvernement désigné tendrait à former un cabinet panaché composé de technocrates et d'hommes politiques. La formule aurait été décidée avec le chef de l'État qui souhaite la présence, à l'exécutif, de personnes capables de mettre en pratique les promesses d'assainissement et de développement des affaires publiques, qu'il a formulées aussi bien dans son discours d'investiture que dans son allocution hier devant la foule massée devant le palais de Baabda. Cette même équipe aura également pour mission d'élaborer une nouvelle loi électorale, que le tandem chiite souhaite fondée sur la proportionnelle.

Mais quelle que soit la formule qui sera adoptée pour le gouvernement, elle ne faciliterait pas la question du dosage que rendent encore plus difficile les alliances nouées par le chef de l'État avant son élection. Les FL jugent qu'après avoir été écartées pendant des années du pouvoir exécutif, il est tout à fait légitime qu'elles soient « correctement » représentées au sein du gouvernement, ce que le Hezbollah ne semble pas près d'accepter, si l'on tient compte des propos tenus hier par le député Hassan Faddallah. Sans nommer les FL, ce dernier les a critiquées « pour leur appétit sans commune mesure avec leur poids politique », au moment où son collègue Mohammad Raad laissait entendre que le Hezbollah n'hésiterait pas à rester en dehors du gouvernement par solidarité avec Nabih Berry si ce dernier n'était pas satisfait de sa composition.

Selon les mêmes sources citées par Khalil Fleyhane, le président de la Chambre, qui a été chargé comme on le sait par le Hezbollah de négocier le volume de la participation chiite au gouvernement, aurait exprimé le souhait devant M. Hariri que le groupe des tenants des « bulletins blancs » lors de la présidentielle, notamment les Marada, soit représenté dans la nouvelle équipe, ce qui reviendrait, pratiquement, à reconstituer une minorité de blocage que Saad Hariri n'est pas près d'accepter après en avoir fait les frais une première fois, lorsque son gouvernement avait volé en éclats en 2011, à cause de la démission du 8 Mars au moment où il se trouvait en visite officielle aux États-Unis.

En dépit de la volonté manifestée par tous pour faciliter le démarrage du régime, un bras de fer autour de la répartition des portefeuilles ministériels semble donc inévitable. Diverses formules sont sous étude mais restent sujettes, bien entendu, à changement. L'une d'elles consiste à maintenir Nouhad Machnouk à l'Intérieur, dans la mesure où il est proche de toutes les parties en présence, de confier les Affaires étrangères à Élias Bou Saab, et de nommer un proche du président à la Défense.

Les plus optimistes persistent à nier la présence d'obstacles majeurs devant la formation du cabinet, en mettant en avant l'appui régional et international au nouveau régime. Aujourd'hui, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, est attendu au Liban. Dépêché par le président iranien, Hassan Rohani, il doit être reçu à Baabda puis à Aïn el-Tiné. Sera-t-il également reçu par Hariri ? L'histoire ne le dit pas.


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commentaires (3)

JE SALUE LE LIBAN QUI S,ELOIGNE DES ERREURS ET DES PERIPETIES ETRANGERES ET REJOINT DE NOUVEAU SON VRAI MILIEU QUI EST CELUI DE LA FAMILLE ARABE...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 08, le 07 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • JE SALUE LE LIBAN QUI S,ELOIGNE DES ERREURS ET DES PERIPETIES ETRANGERES ET REJOINT DE NOUVEAU SON VRAI MILIEU QUI EST CELUI DE LA FAMILLE ARABE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 08, le 07 novembre 2016

  • "Fakhamzt ar-Raïs". C'est une déferlante qui revient au galop avec l'élection-nomination de Michel Aoun à Baabda, c'est l'usage des titres hérités de la colonisation ottomane (1516-1918), tels Fakhamat, Dawlat, Ooutoufat, Maali en sus des Bacha, Affendi, Bayk, Amir, Cheikh et autres noblaillons. Il faudrait finir une fois pour toutes avec ces titres périmés, caducs, démodés et désuets d'un autre âge.

    Un Libanais

    15 h 16, le 07 novembre 2016

  • 30 ministres pour un si petit pays, simplement pour satisfaire les voraces de la finance publique ? Et ceux qui pensent que Saad Hariri a l'autorité pour s'opposer à ces gourmandises ????? Les magouilles recommencent de plus belles orchestrées par un Gebran Bassil, Berry et le Hezbollah Je ne vois ps comment un gouvernement de 30 ministres peut fonctionner avec cohérence C'est impossible Plus on est des ....

    FAKHOURI

    10 h 03, le 07 novembre 2016

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