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Nouvelle vague de limogeage en Turquie

Des milliers de fonctionnaires limogés, 15 nouveaux médias fermés, les recteurs d'université désignés par le président: les autorités turques ont accentué leur purge contre les putschistes présumés, étendant au passage leurs filets aux milieux prokurdes.

Un policier turc devant l'entrée d'un tribunal à Diyarbakir, dans le sud de la Turquie. Photo AFP

Nouvelle vague d'une purge sans précédent dans l'histoire moderne de la Turquie, plus de 10.000 fonctionnaires ont été limogés, notamment par les ministères de l'Education, de la Justice et de la Santé, selon deux décrets parus samedi soir au Journal officiel.
Ces décrets annoncent par ailleurs la fermeture de 15 médias, prokurdes pour la plupart, et la suppression des élections de recteurs dans les universités, qui seront désormais choisis par le président Recep Tayyip Erdogan parmi des candidats sélectionnés par le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK).

Depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, plus de 35.000 personnes ont été arrêtées et plusieurs dizaines de milliers limogées ou suspendues, suscitant l'inquiétude de l'opposition et des partenaires occidentaux de la Turquie quant au respect de l'Etat de droit.

Les autorités turques affirment pour leur part que ces mesures d'exception, prises dans le cadre de l'état d'urgence en vigueur, sont nécessaires pour éliminer les risques de sédition et faire face à la double menace du groupe Etat islamique (EI) et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La plupart des médias fermés par les nouveaux décrets sont basés dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie. C'est ainsi le cas de l'agence de presse DIHA et du quotidien Ozgür Gündem, accusés par les autorités d'être proches du PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

'Sombre période'

Réagissant à la fermeture de ces organes de presse qui menace, selon lui, la pluralité des médias, le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas, a déclaré: "Bientôt, toutes les chaînes de télévision feront des retransmissions en direct dès qu'Erdogan se mettra à tousser".
"Pourquoi limogent-ils toutes ces personnes ? Parce qu'elles ne prêtent pas allégeance à Erdogan", a-t-il lancé lors d'un discours à Diyarbakir, dans le sud-est, dimanche.

Les autorités turques accusent Fethullah Gülen, un prédicateur exilé aux Etats-Unis, d'avoir ourdi le coup
d'Etat raté, ce que l'intéressé dément. Ankara réclame avec insistance son extradition à Washington.
Parmi les autres mesures annoncées par les décrets parus samedi, figure également la possibilité, dans les affaires liées au "terrorisme", d'enregistrer les entretiens entre les accusés et leurs avocats.

La suppression des élections des recteurs des universités, une décision particulièrement critiquée par l'opposition, vise à "limiter l'influence des gülenistes dans les universités turques, influence qu'ils ont gagnée par le chantage, les menaces et les pressions sur leurs collègues universitaires", a assuré dimanche un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat.

Les derniers décrets sont "la proclamation du fascisme", a estimé dimanche sur Twitter Selin Sayek-Böke, porte-parole de la principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). La Turquie traverse une "sombre période", a-t-elle ajouté.

Quelques heures avant la publication de ces décrets, le président Erdogan avait affirmé que le rétablissement de la peine de mort, évoqué depuis le putsch manqué, serait soumis au Parlement. Le chef de l'Etat n'a pas donné de calendrier à ce sujet. "C'est pour bientôt, si Dieu le veut. Notre gouvernement soumettra cela au Parlement. Et je suis convaincu que le Parlement l'approuvera et, quand cela arrivera devant moi, je le ratifierai", a déclaré samedi M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.
La peine de mort a été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'UE, et son rétablissement sonnerait le glas des négociations sur cette adhésion.

"Appliquer la peine de mort est incompatible avec l'appartenance au Conseil de l'Europe", a souligné dimanche sur Twitter Daniel Holtgen, porte-parole du Conseil de l'Europe, dont fait partie la Turquie.


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