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Nos Lecteurs ont la Parole - Jacques MACHAALANI

La solution est dans l’unité

Un magnifique soleil d'octobre illumine les côtes et les montagnes du Liban, comme il le fait depuis des milliers d'années. Sur ce pays béni des dieux, refuge de peuples de toutes origines, qui surent en faire un lieu de vie, de culture, de commerce et d'innovation au fil des siècles. Les civilisations et les occupants passèrent, mais le Liban de la Bible est toujours là. Chaque matin, des hommes et des femmes se lèvent côte à côte, à Jbeil, Sidon, Beryte, Tyr et Baalbeck, pour travailler dur, élever leurs enfants et préparer les kebbé et taboulé traditionnels. Les Libanais sont des gens pacifiques, hospitaliers, accueillants et tolérants par nature, attachés à la vie, au respect des autres et à la liberté.
En 10000 ans, rien n'a changé. Et il n'est pas trop tard. Ce n'est pas parce que, depuis 73 ans, un système politique et légal pernicieux divise les Libanais à travers leur appartenance religieuse et les empêche de bâtir leur identité nationale commune, causant guerres civiles, pauvreté, émigration, népotisme, corruption et paralysie des institutions, que le Liban est mort. Ce n'est pas parce que, pendant que le reste du monde connaissait la plus grande ère de paix et de développement économique de l'histoire de l'humanité, le Liban a régressé sur tous les plans, la pauvreté et l'analphabétisme ont explosé, des millions de réfugiés ont été parqués dans des camps, des politiciens véreux se sont enrichis en laissant à l'État 77 milliards de dollars de dette, que le système bancaire est sur le point de s'effondrer et que les Libanais risquent de perdre leur épargne durement gagnée et envisagent, à nouveau, l'émigration, que le Liban est condamné. Il n'est pas trop tard. La nuit est toujours la plus noire juste avant l'aube et il faut souvent toucher le fond avant de pouvoir rebondir. C'est au plus profond du désespoir que les hommes réalisent enfin que pour que les choses changent, ils doivent eux-mêmes changer.
Et cela est en train d'arriver au Liban. Enfin, la majorité silencieuse commence à faire entendre sa voix. Trop, c'est trop! Enfin des mouvements politiques commencent à émerger de la société civile. Enfin les Libanais commencent à dire haut et fort qu'ils ne veulent ni de l'Arabie saoudite ni de l'Iran comme tuteurs, comme ils ont rejeté la tutelle syrienne en 2005, qu'ils veulent la paix, le règne du droit et de la Constitution, qu'ils veulent la souveraineté du peuple et du suffrage universel, qu'ils sont tous libanais et rien d'autre, et qu'ils veulent vivre ensemble sur la terre où ils sont nés. Les Libanais commencent enfin à réaliser qu'ils ont tous les atouts en main pour faire du Liban un pays en paix, riche, accueillant et généreux, un pays de progrès vivant dans l'harmonie. Les Libanais commencent enfin à réaliser qu'ils sont dotés d'un capital humain inégalé, parmi les plus performants de la planète, leur permettant de rivaliser sans crainte avec Dubaï ou Hong Kong. Les Libanais commencent enfin à réaliser que tout les unit et que seule la religion les divise, alors même que nul au Liban ne prétend empêcher les autres communautés de pratiquer leurs rites dans leurs lieux de cultes respectifs.
Les Libanais commencent enfin à réaliser que le temps est venu de «rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu». Jésus, messie de la chrétienté et prophète de l'islam, disait que le royaume de Dieu n'est pas de ce monde, est-il vraiment au Liban? Les Libanais commencent à réaliser que dans un pays où 30% de la population est chiite, 30% sunnite, 35% chrétienne et 5% druze, nulle communauté n'a de légitimité démographique ou politique à dominer les autres et encore moins la capacité à imposer sa loi de manière durable aux 70% de la population n'en faisant pas partie.
L'expérience de Taëf, transfert de pouvoir de la communauté maronite au profit de la communauté sunnite issu d'une guerre civile meurtrière, s'est révélée être un échec. Les forces politiques œuvrant pour imposer aujourd'hui un transfert de pouvoir de la communauté sunnite au profit de la communauté chiite, en paralysant les institutions, l'économie et en créant les conditions d'une crise financière majeure, sont malheureusement dans une dynamique intrinsèquement vouée à l'échec. La très vaste majorité des Libanais ne souhaite pas vivre sous la dominance d'une communauté religieuse quelle qu'elle soit.
Les Libanais veulent vivre en paix, en démocratie, dans le respect des droits individuels, civils et politiques, indépendamment de leur appartenance religieuse, en tant que Libanais, habitants d'une même terre qu'ils chérissent également. Les Libanais veulent un futur de paix et de prospérité pour leurs enfants, une organisation politique et civile pérenne, tirant la population et le pays vers le haut et non vers les guerres et la pauvreté.
Et ils commencent à le dire haut et fort. Tous les mouvements de la société civile sont multiconfessionnels et aconfessionnels. Le temps est venu pour les Libanais de reconnaître leurs compatriotes des autres communautés comme les voisins, les amis et les associés d'affaires qu'ils sont, qu'ils ont toujours été et qu'ils seront toujours, de prendre conscience du fait qu'au-delà de la religion, tous les Libanais vivent, pensent, mangent et s'expriment tous de la même manière; de réaliser que les différences sont une richesse et non une menace, que dans l'unité réside la force et dans la division la faiblesse, de cesser d'avoir peur de l'autre et de réaliser qu'il y a autant de gens de valeur dans les autres confessions qu'il y a de brebis galeuses dans sa propre confession, d'accepter que, dans une famille, si des frères ont des divergences de vues, ils n'en restent pas moins des frères, unis et solidaires face au monde extérieur ; de se considérer et de se comporter comme libanais, d'accepter qu'ils sont une véritable nation, bien réelle, historique, puissante et fière, de prendre conscience que l'avenir de la nation libanaise est entre les mains des Libanais et d'eux seuls. Nul de l'extérieur ne saura bâtir leur maison mieux qu'eux-mêmes, qu'ils ont la responsabilité, individuelle et collective, de bâtir leur nation et de laisser à leurs enfants un pays en paix et une société harmonieuse.
Le temps est venu de dépasser la dialectique confessionnelle et de bâtir ensemble, de se remettre en question, de changer ses modes de pensée et de vaincre ses peurs.
Il n'y a de solution que collective, pacifique et englobante. Libanais! Vous êtes tous libanais! Soyez fiers d'être libanais! Regardez le soleil, la mer et la montagne, et réfléchissez à qui vous êtes vraiment, qui vous avez toujours été et qui vous serez pour toujours! Et regardez vos voisins, ces gens qui vous ressemblent tellement au-delà des apparences, traitez-les enfin comme vous traitez votre propre famille! Vous êtes tous libanais ! Faites taire vos peurs! Vos ennemis d'hier sont votre richesse de demain! L'espoir est là, il appartient juste à chacun d'entre nous de sortir de sa résignation et de choisir son futur.
Et le moment est maintenant!

Un magnifique soleil d'octobre illumine les côtes et les montagnes du Liban, comme il le fait depuis des milliers d'années. Sur ce pays béni des dieux, refuge de peuples de toutes origines, qui surent en faire un lieu de vie, de culture, de commerce et d'innovation au fil des siècles. Les civilisations et les occupants passèrent, mais le Liban de la Bible est toujours là. Chaque matin, des...

commentaires (2)

L,UNITE NE SE FAIT PAS AVEC DES COLLES... ET LE VASE BRISE ET COLLE N,EST PLUS LE MEME VASE...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 31, le 29 octobre 2016

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Commentaires (2)

  • L,UNITE NE SE FAIT PAS AVEC DES COLLES... ET LE VASE BRISE ET COLLE N,EST PLUS LE MEME VASE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 31, le 29 octobre 2016

  • Il ne suffit pas de dire que les Libanais ne veulent aucun tuteur ni l'Arabie, ni l'Iran ni la Syrie... ceux-ci sont une minorité silencieuse, car en face, il y a une majorité qui ne demande que des tuteurs, à sa tête Michel Aoun et ses alliés. C'est cela la vérité. Il faut la dire haut et fort. Adieu à la France, bienvenue à la Syrie, à l'Iran, à l'Arabie et "la corde est sur le tiroir".

    Un Libanais

    20 h 13, le 28 octobre 2016

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