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L'Amérique s'inquiète d'intimidations lors de la présidentielle

Dans différents Etats, les citoyens seront autorisés à être armés pour déposer leur bulletin dans l'urne, de quoi inquiéter vu l'actuel climat délétère.

Les armes à feu, les menaces et les actions déloyales risquent de peser sur le scrutin présidentiel américain, malgré la mobilisation de milliers d'observateurs indépendants et défenseurs des droits civiques. Maddie McGarvey/Getty Images/AFP

Les armes à feu, les menaces et les actions déloyales risquent de peser sur le scrutin présidentiel américain, malgré la mobilisation de milliers d'observateurs indépendants et défenseurs des droits civiques.
Ces craintes sont avivées par les pressions exercées par le candidat républicain Donald Trump, qui a appelé ses partisans à surveiller le 8 novembre le déroulement d'un vote selon lui "truqué" d'avance.
Le Parti démocrate a d'ailleurs assigné mercredi en justice le Parti républicain, en affirmant que cette mobilisation des militants pro-Trump était une opération concertée pour dissuader une part des électeurs.

Dans différents Etats, les citoyens seront autorisés à être armés pour déposer leur bulletin dans l'urne, de quoi inquiéter vu l'actuel climat délétère.
Un élu du comté du Prince William, en Virginie, a pensé à interdire le 8 novembre les armes dans les bureaux de vote situés dans des lieux privés, en plus des écoles et tribunaux où elles sont déjà bannies.
Mais l'idée a tourné court dans cet Etat où siège la puissante National Rifle Association, le premier lobby des armes, qui soutient officiellement le candidat républicain à la Maison Blanche.
"C'est au propriétaire du terrain privé où se tient le bureau de vote d'interdire ou non les armes", a expliqué à l'AFP Bob Marshall, législateur républicain de Virginie.

Plus généralement, les associations redoutent des actes rappelant les pires heures des intimidations visant les Noirs, notamment dans le Sud anciennement ségrégationniste.
Les Afro-Américains et les Hispaniques penchent majoritairement du côté démocrate et donc de Hillary Clinton.

(Lire aussi : Trump ou Clinton ? Des Libano-Américains répondent à L'Orient-Le Jour)

 

Noirs et Latinos ciblés
L'histoire des Etats-Unis accumule les exemples de restrictions de vote des minorités, même si les discriminations raciales sont illégales depuis le Voting Rights Act de 1965.
Cette loi, qui avait couronné les efforts de Martin Luther King, obligeait un Etat à soumettre à autorisation préalable du ministère de la Justice toute réforme de sa procédure électorale.

Mais ce texte emblématique a été partiellement invalidé en 2013 par la Cour suprême des Etats-Unis, à majorité conservatrice. Avec pour conséquence de restreindre les possibilités pour les autorités fédérales de contrôler l'équité d'un scrutin national, à l'organisation très décentralisée.
"Pour la première fois en 50 ans, une élection présidentielle va se tenir sans l'entière protection du Voting Rights Act de 1965", souligne à l'AFP Sherrilyn Ifill, présidente du Fonds juridique de la NAACP, la plus importante organisation de défense des Noirs américains.
"La suppression de cette mesure-clé a conduit, ces deux-trois dernières années, à la prolifération de pratiques et procédures conçues précisément pour entraver et empêcher les Afro-Américains, les Latinos et les autres minorités raciales de participer de façon égalitaire au processus électoral", poursuit-elle.

Par exemple, la majorité républicaine de l'Etat de Caroline du Nord a adopté en 2013 une loi prohibant aux électeurs de s'inscrire le jour même du vote, ou les obligeant à présenter un certain type de photo d'identité.
Mais une cour d'appel fédérale a annulé fin juillet des pans entiers du texte, jugeant que ces mesures "cibl(aient) les Noirs avec une précision quasi-chirurgicale".

Ces derniers mois dans d'autres régions des Etats-Unis, des tribunaux ont amendé des législations similaires, censées lutter contre la fraude mais à l'objectif non avoué d'écarter les minorités.

(Lire aussi : Les maîtres des sondages étourdis par le yo-yo des chiffres)

 

Craintes dans le Sud profond
Les associations appellent donc à une vigilance maximale le 8 novembre.
"Il y a des problèmes d'intimidation d'électeurs, de la part de gens qui sont dans les bureaux de vote et qui mettent en doute le fait de savoir si les votants sont enregistrés, s'ils ont le droit de voter, s'ils ont les bons papiers d'identité", insiste Mme Ifill.
"Nous formons des personnes sachant la loi qui seront sur place, pour observer, s'assurer que les électeurs connaissent leurs droits. Nous travaillons avec les responsables religieux pour faire passer l'information aux électeurs des minorités", détaille la juriste.
Elle confie redouter des irrégularités concentrées dans le Sud profond: "On ne peut pas être partout, d'où nos vives inquiétudes".

De son côté, en raison de l'arrêt de 2013 de la Cour suprême, le ministère américain de la Justice ne dépêchera ses observateurs spécialement formés que dans quatre Etats (contre 13 en 2012).
Le ministère a aussi prévu d'envoyer dans 25 Etats plusieurs centaines de simples témoins, qui eux ne seront autorisés à entrer dans les bureaux de vote que s'ils y sont invités par les responsables locaux.

De nombreuses ONG mobiliseront en renfort des milliers d'observateurs et avocats indépendants pour s'assurer de l'équité des opérations, également scrutées par des représentants démocrates et républicains.
L'ACLU, grande association de défense des libertés, a elle publié jeudi un vade mecum "Connaissez vos droits", "en réponse aux inquiétudes renforcées". "Le combat pour le droit à voter reste plus crucial que jamais", a-t-elle insisté.

 

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