Le 13 octobre 1990, date à laquelle les troupes syriennes ont envahi l'enclave alors dirigée par le général Michel Aoun, Premier ministre de l'époque, notamment le palais présidentiel de Baabda où il se trouvait, est devenu une date commémorée annuellement par le Courant patriotique libre. Cette année, cependant, la commémoration acquiert une nouvelle dimension, alors que le député du Kesrouan et chef du bloc du Changement et de la Réforme semble être plus proche de la présidence qu'à n'importe quel autre moment, ainsi que le suggèrent les contacts politiques en cours. Une dimension symbolique qui sera marquée par les partisans du CPL dimanche lors d'une marche vers le palais présidentiel, vide depuis plus de deux ans.
Pour la vingt-sixième commémoration de cette sanglante journée, le général Aoun lui-même a publié un tweet dans lequel il écrit : « Le 13 octobre, une défaite sans remords, une honte pour les vainqueurs. » Ce tweet a fait réagir l'ancien président de la République Michel Sleiman qui, en référence aux changements d'alliance de Michel Aoun plus de vingt ans après, a tweeté : « La honte des vainqueurs se serait-elle transformée en dignité ? » M. Sleiman, selon des sources proches, se demande dans ce tweet si les ennemis d'hier du général Aoun, devenus alliés aujourd'hui, sont désormais dignes à ses yeux du moment qu'ils le soutiennent politiquement.
Le député Ibrahim Kanaan, du bloc du Changement et de la Réforme, a lui aussi choisi le vecteur de Twitter pour réagir au souvenir du 13 octobre. Aux martyrs tombés ce jour-là, il adresse le message que « la souveraineté a été regagnée » et que « le flambeau sera de nouveau allumé à la maison du peuple », en référence au palais présidentiel et, de toute évidence, à une potentielle prochaine élection de Aoun.
Sur le 13 octobre, c'est un témoignage « historique » qu'a choisi d'apporter cette année un des acteurs-clés de cette époque, l'ancien directeur général de la Sûreté générale, Jamil Sayed. Dans un communiqué, celui-ci relate les faits tels qu'il les a vécus, selon ses dires, en tant que responsable de la sécurité du président de la République fraîchement élu de l'époque, Élias Hraoui. Il insiste sur le fait que contrairement aux idées reçues, « la décision d'envahir Baabda était une décision libano-syrienne, et non purement syrienne ». « Une partie de l'armée libanaise, placée alors sous le commandement du général Émile Lahoud, avait été chargée de participer à cette opération avec l'armée syrienne », se souvient-il.
Jamil Sayed, qui affirme avoir été informé, durant cette période, des contacts effectués en haut lieu, se montre catégorique : « C'est le président Hraoui qui insistait auprès des Syriens afin que ceux-ci accélèrent leur intervention militaire au palais de Baabda en vue d'une abdication de Aoun et d'une consolidation de son propre mandat légal. Or cela faisait depuis le début de l'année que le commandement syrien ne donnait pas suite aux demandes insistantes du président libanais, jusqu'à ce 13 octobre, date à laquelle les Syriens ont estimé que la conjoncture locale et internationale était devenue propice à une intervention militaire. »
Affirmant vouloir « éclairer les nouvelles générations et l'opinion publique », le général à la retraite prosyrien estime donc que « la décision de l'opération du 13 octobre était mue par une insistance libanaise et un timing syrien ». Sauf qu'on peut douter du poids qu'avait cette « insistance libanaise » sous tutelle syrienne...
Liban - Commémoration
En souvenir du 13 octobre, un échange acerbe de tweets
OLJ / le 14 octobre 2016 à 00h00
HISTOIRE JAMILIOTE A LIRE ET RIRE...
18 h 02, le 14 octobre 2016