La ville de Kunduz dans le nord de l'Afghanistan, prise d'assaut pour la deuxième fois en un an par les talibans, restait choquée mardi par cette offensive finalement repoussée avec l'aide des Américains, mais que nul n'avait anticipé.
La facilité avec laquelle les insurgés sont entrés dans cette capitale provinciale, déjà tombée entre leurs mains en septembre 2015, pour la contrôler quelques heures et planter leur drapeau en plein centre, vaut de nombreuses critiques aux autorités, alors que s'ouvre à Bruxelles la conférence des généreux donateurs qui doivent renouveler plusieurs milliards de dollars d'engagements au pays.
Selon le chef de la police de Kunduz joint par l'AFP, le général Mohammad Qasim Jangalbagh, des opérations de "nettoyage" se poursuivaient mardi matin pour déloger les derniers talibans encore cachés dans les maisons du centre.
Mais les forces gouvernementales avaient repris la main dans la soirée de lundi, grâce au renfort "d'une centaine de forces spéciales", a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur Sediq Sediqqi, qui ont chassé "sans grande résistance" de leur part selon lui, les insurgés du centre-ville une vingtaine d'heures après leur arrivée sur quatre fronts différents.
"Les forces aériennes afghanes et de l'Otan ont apporté leur soutien aux troupes au sol" a-t-il ajouté, citant l'intervention des forces de l'opération "Resolute Support" (RS, Soutien résolu).
"Sans parler de frappes, un hélicoptère américain est intervenu aux abords de Kunduz pour protéger les forces alliées" a précisé à l'AFP le porte-parole de RS, le général américain Charles Cleveland, confirmant que des troupes américaines "maintiennent une solide assistance dans la région pour apporter le soutien nécessaire". "Mais les troupes afghanes contrôlent le centre" a-t-il insisté.
Selon le ministère de la Défense, "30 talibans ont été tués et trois soldats afghans" lors des opérations - l'hôpital de Kunduz indiquait lundi avoir reçu "43 civils blessés et un tué" dus aux tirs et éclats de mortier.
Le gouverneur de la ville, Assadullah Omarkhil a accusé "les talibans d'utiliser les maisons des particuliers pour se cacher en ville", ralentissant les dernières opérations. "Nous avons demandé à la population de rester chez elle et d'éviter tout déplacement inutile", a-t-il ajouté.
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"Manque de coordination et négligence"
Cette nouvelle offensive talibane, bien coordonnée, illustre l'insécurité persistante en Afghanistan: les habitants sont "las et apeurés", témoigne un membre du conseil provincial joint par l'AFP, Amruddin Wali. "Il y a assez de forces en ville, mais le problème relève du manque de coordination: tout ça arrive à cause de la négligence des autorités" accuse-t-il.
Les troupes gouvernementales ont été notamment accusées de fuir devant l'ennemi comme ailleurs au cours de l'été. Faux, a rétorqué le porte-parole de la Défense le général Dalat Waziri devant la presse: "Nos forces n'ont pas abandonné un seul barrage. Mais l'ennemi est entré en se cachant dans les maisons et nous avons évité de riposter pour ne pas causer de victimes civiles".
Kunduz restait traumatisée mardi: "magasins fermés, rues désertées, survols d'hélicoptères", a raconté le correspondant de l'AFP. "Les bus de la gare routière, située dans les faubourgs, se sont garés en ville et les familles essaient d'embarquer pour gagner Kaboul".
Cette grande ville du nord de quelque 260.000 habitants - sans doute davantage du fait des déplacements de populations fuyant l'insécurité - avait compté près de 300 morts lors de l'offensive précédente fin septembre 2015. Une frappe américaine avait même visé l'hôpital opéré par Médecins sans Frontières le 3 octobre, tuant 42 patients et personnel médical.
(Infographie : En Afghanistan, plus de 5.000 victimes en 6 mois, un record)
Les commémorations prévues sur place lundi en présence de la présidente de MSF-International, Meinie Nicolai, ont dû être annulées et le personnel dédié, évacué, a confirmé l'organisation.
Cette nouvelle attaque des talibans un an plus tard - "pour montrer à la conférence de Bruxelles qu'ils sont toujours là", selon le général Waziri - semble avoir de nouveau pris de cours les responsables et leurs alliés.
Le général Cleveland s'en défend: "Nous sommes toujours en train d'en prendre la mesure mais souvent les premières informations tendent à exagérer l'ampleur de l'offensive", estime-t-il, en jugeant que "les Afghans ont réagi efficacement".
La conférence de Bruxelles réunit jusqu'à mercredi plus de 70 pays pour évaluer l'aide financière à apporter à l'Afghanistan d'ici 2020, avec l'objectif déclaré d'empêcher l'effondrement du pays.
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Encore heureux que les américains n'ont pas commis de bavure en frappent les soldats de l'armée régulière. Mais qu'est-ce qui fait que les talibans qui ont les américains et toute la coalition mondiale contre eux puissent encore réaliser de tels exploits, dis Donc? Je ne suis pas soupçonneux d'habitude, mais comme disait Albert, c'est pas ceux qui provoquent les problèmes qui ont la solution . Moi je le comprends par le fait que, c'est ceux qui sont supposés régler les problèmes , qui les créés.
12 h 54, le 04 octobre 2016