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À La Une - Putsch raté

La Turquie prolonge de trois mois l'état d'urgence, en dépit des critiques

Les autorités prévoient de construire 174 nouvelles prisons lors des cinq prochaines années.

"Nous avons décidé de reconduire l'état d'urgence pour 90 jours à partir du 19 octobre à 01H00 du matin (heures locales)", a déclaré le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus (ici, en photo). Photo AFP

Le gouvernement turc a décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence instauré depuis le putsch avorté du 15 juillet, accédant à une demande du président Recep Tayyip Erdogan, en dépit des mises en garde de l'opposition qui accuse le pouvoir d'en profiter pour faire taire ses détracteurs.

"Nous avons décidé de reconduire l'état d'urgence pour 90 jours à partir du 19 octobre à 01H00 du matin (heures locales)", a déclaré le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus à l'issue du Conseil des ministres. "Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour chasser les organisations terroristes".

"Cette reconduction montre que nous sommes en train de prendre les mesures nécessaires pour relever les défis auxquels notre démocratie est confrontée", a pour sa part expliqué un responsable turc parlant sous couvert de l'anonymat pour justifier le maintien de cette mesure d'exception. La reconduction de l'état d'urgence doit être entérinée lors d'un vote au Parlement, mais il s'agit d'une formalité puisque l'AKP, le parti islamo-conservateur de M. Erdogan, y détient une confortable majorité.

 

(Lire aussi : Turkish Airlines tente de résister aux turbulences)

 

L'état d'urgence avait été imposé le 20 juillet pour une durée initiale de trois mois, qui expire le 19 octobre.
Depuis le putsch avorté, dont la responsabilité est attribuée à l'ex-prédicateur Fethullah Gülen, les autorités turques ont lancé des purges inédites qui ont visé tous les secteurs de la société: éducation, université, magistrature, police, armée, sport, milieu pénitentiaire, journalistes... Selon un dernier bilan annoncé la semaine dernière, 32.000 personnes ont été arrêtées, et 70.000 font l'objet d'enquêtes.

Une opération d'une telle ampleur que les autorités ont libéré cet été 38.000 prisonniers condamnés pour faire de la place aux nouveaux détenus. Les autorités prévoient en outre de construire 174 nouvelles prisons lors des cinq prochaines années pour augmenter de 100.000 places la capacité d'incarcération du pays, ont rapporté plusieurs journaux turcs.

Par sa décision, le gouvernement a ainsi répondu favorablement à une demande pressante du président Erdogan, qui dès la semaine dernière avait plaidé en faveur d'une reconduction de l'état d'urgence. Le chef d'Etat turc avait même jugé que la période de trois mois "n'était pas suffisante" et qu'il était dans l'intérêt du pays de la prolonger, envisageant même son maintien jusqu'à 12 mois.

 

(Lire aussi : Arrestation du frère de Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch anti-Erdogan)

 

'Mon peuple comprendra'
Alors que de nouvelles voix en Europe s'élèvent pour dénoncer un recul de l'Etat de droit, M. Erdogan s'est défendu en évoquant le cas de la France, où l'état d'urgence est en vigueur depuis les attentats de Paris en novembre 2015. "Est-ce que quiconque demande à la France pourquoi elle a imposé l'état d'urgence pour un an? La Turquie a connu une tentative de coup d'Etat qui ne saurait être comparée aux attaques terroristes en France et je crois que mon peuple comprendra et soutiendra la décision de le prolonger", avait-il clamé.

A l'intérieur, cette décision de prolonger l'Etat d'urgence fait fi des critiques de l'opposition émises la semaine dernière. "Lorsque la demande d'extension sera présentée au Parlement, nous nous y opposerons", avait prévenu vendredi Kemal Kilicdaroglu, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate). Le chef de l'opposition turque avait estimé que les propos de M. Erdogan "renforcent la perception que nous sommes en train d'assister à un contre-coup" avec un président qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs. Il avait en outre critiqué l'ampleur des purges lancées par les autorités à la suite du coup d'Etat avorté, accusant le pouvoir de mettre à profit l'état d'urgence "pour faire taire ses opposants".
Cette opposition de principe restera toutefois vaine dans la mesure où, avec 133 sièges sur 550 au Parlement, le CHP n'a aucune chance de tenir tête à l'AKP.

 

 

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