La mode selon Loïc Prigent...

Voilà quinze ans que Loïc Prigent signe avec Mademoiselle Agnès la série décalée Habillées pour... sur Canal+. Dans l'industrie de la mode qui brasse des investissements gigantesques, si l'autodérision est de bon aloi, la satire, en revanche, peut être fatale. C'est pourtant à cet exercice délicat que se livre le tandem, avec un succès qui se traduit pour Loïc Prigent en centaines de milliers d'abonnés sur son compte Twitter, tous avides des petites phrases assassines qu'il lâche sur ce milieu qu'il dit «adorer et détester» et que d'un même élan il adore détester.
Journaliste et documentariste, monté à Paris à 20 ans, issu d'un milieu paysan, agricole, et pour tout dire terrien («Mes parents faisaient de l'artichaut, du chou-fleur et de l'échalote»), il se passionne très vite pour la grand-messe des défilés sur lesquels il pose un regard distancié et sans illusions. Tout ouïe, il enregistre les commentaires exaltés des modeux et modeuses («Il faut être en -issime, sublime ne suffit pas, il faut être sublimissime », commente-t-il) et y appose les siens, blasés et désopilants: «Bienvenue dans l'asile psychiatrique le mieux habillé du monde»; «J'adore cette mannequin, on dirait qu'elle va parler»; «Elle va manger au Flore, ça lui donne l'impression de lire»; «C'est tellement moche, on dirait une fringue de l'an prochain»; «Le monde marche à l'envers, et comme la mode va dans le sens inverse du monde, peut-être qu'elle va à l'endroit». De véritables aphorismes dont 2 000 viennent de faire l'objet d'un recueil paru chez Grasset sous le titre J'adore la mode mais c'est tout ce que je déteste. Parallèlement, Catherine Deneuve a été mise en complicité pour lire, tout au long de 22 épisodes de 2 minutes qui seront diffusés sur Arte, ces pépiements aussi méchants que salutaires et dont on peut avoir déjà un avant-goût dans un teaser publié sur YouTube:
https://youtu.be/jj1ZllA6yUw