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À La Une - Arabie saoudite

Pas d'incident lors du rituel qui avait endeuillé le précédent hajj

"Je m'attendais au pire et finalement, tout s'est parfaitement bien passé, la police saoudienne gère très bien la situation".

Les quelque deux millions de musulmans participant au grand pèlerinage de La Mecque ont entamé lundi sous haute surveillance et sans incident notable le rituel de la lapidation de Satan, qui avait tourné l'an dernier au cauchemar. AFP / AHMAD GHARABLI

Les quelque deux millions de musulmans participant au grand pèlerinage de La Mecque ont entamé lundi sous haute surveillance et sans incident notable le rituel de la lapidation de Satan, qui avait tourné l'an dernier au cauchemar. Comme des centaines de millions de leur coreligionnaires à travers le monde, les pèlerins ont aussi célébré l'Aïd al-Adha, la plus importante fête du calendrier musulman.

La lapidation, lors de laquelle les fidèles jettent symboliquement des cailloux sur des stèles représentants Satan, est un moment à haut risque du grand pèlerinage annuel. Le 24 septembre 2015, quelque 2.300 personnes avaient péri dans une gigantesque bousculade au premier des trois jours de ce rituel, la pire tragédie de l'histoire du hajj.

Lundi soir, les autorités saoudiennes se sont félicitées qu'aucun incident n'ait été rapporté. Près de 100.000 hommes sont mobilisés cette année pour sécuriser ce rituel, selon le ministère de l'Intérieur.
A Mina, non loin de La Mecque, des caméras en hauteur filment tous les mouvements à l'intérieur du bâtiment qui abritent les stèles, un mastodonte de béton gris dont la construction au cours des dix dernières années a coûté 900 millions d'euros.  Des centaines de policiers sont déployés à chacun des cinq étages, reliés par des escaliers mécaniques.

Aux abords des stèles, des dizaines d'entre eux régulent le flux de pèlerins sous une nuée de bras qui s'agitent nerveusement alors que pleuvent les pierres. Trois de leurs collègues postés sur un promontoire leur signalent par talkie-walkie des fidèles s'attardant trop ou bloquant le passage. Au pied de chacune des trois stèles, les murets de pierres qui gardent les pèlerins à distance sont recouverts d'une épaisse couche de mousse pour amortir l'impact en cas de bousculade.

 

(Lire aussi : Plus de 1,8 million de pèlerins sur le mont Arafat, moment fort du hajj)

 

"Nette amélioration"
"Je m'attendais au pire et finalement, tout s'est parfaitement bien passé, la police saoudienne gère très bien la situation", affirme à l'AFP Abdallah, un pèlerin français de 33 ans qui vient de finir de se raser le crâne comme le veut la tradition. Ce n'est qu'une fois la tête rasée que le pèlerin peut retirer son "ihram", les deux pièces de tissu blanc qu'il portait depuis le début du hajj, pour retrouver sa tenue habituelle.

Assise sur une chaise devant un salon de coiffure, où elle attend son mari, Zeina Qaïssi, assure qu'elle a "vraiment beaucoup marché". "C'est la première fois que j'accomplis le hajj et je suis très émue", dit cette Jordanienne de 44 ans.

Brahim Ayed avait l'habitude de faire le pèlerinage chaque année. Mais en 2006, ce Saoudien de 40 ans a arrêté. Pour son retour, il se dit impressionné. "Tout est totalement différent: pour la lapidation, il fallait avant s'y préparer dès la veille pour pouvoir accéder à la stèle, aujourd'hui, tout ça s'est passé rapidement, il y a eu une nette amélioration", affirme-t-il à l'AFP.

 

(Repère : Le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam)

 

Après la "catastrophe" de 2015, "les gens ont appris et compris que seuls l'organisation et le respect des parcours imposés pour réguler la foule permettaient d'éviter des drames", assure Farouq Hamlaoui, un Algérien qui guide des groupes de compatriotes au hajj depuis des années.

Un an après la tragédie, Riyad n'a toujours pas annoncé les résultats de son enquête mais assure avoir pris cette année des mesures, en équipant notamment des pèlerins d'un bracelet électronique stockant leurs données personnelles.

"Je n'ai pas peur" de refaire le hajj, affirme Kassoum Kouanda, un Burkinabé de 50 ans, qui avait survécu à la bousculade de l'an dernier. Cette année, c'est sa femme qui est à La Mecque et, dit-il, il lui a "donné des consignes claires: suivre les guides officiels et non les gens qui disent qu'ils y sont venus plusieurs fois".

Sacrifice rituel, méthode virtuelle
Lundi, les fidèles célébraient aussi l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice.
Pour des raisons sanitaires et d'organisation, les abattages massifs de moutons se font désormais loin des Lieux saints. En achetant un "coupon", vendu cette année près de 110 euros, le pèlerin délègue aux autorités saoudiennes le soin de tuer un animal et d'en distribuer la viande aux nécessiteux dans le royaume et à l'étranger.
"Ces coupons permettent de gagner du temps maintenant que les pèlerins se comptent en millions", assure Mechaal Qahtani, fonctionnaire saoudien de 33 ans, qui vient de récupérer son coupon et attend désormais le SMS qui l'informera que son mouton a été égorgé.

Pour la première fois depuis près de 30 ans, le hajj se déroule sans contingent venu d'Iran. L'Iran chiite, qui a payé un lourd tribut dans la bousculade de l'an dernier (464 morts), a négocié avec l'Arabie saoudite sunnite mais les deux puissances régionales rivales ont échoué à s'entendre sur les modalités d'envoi d'Iraniens. Depuis, une guerre des mots fait rage entre l'Iran chiite et l'Arabie sunnite, aux rapports déjà tendus.
Des centaines de milliers d'Iraniens ont du coup effectué un pèlerinage de substitution ce week-end dans la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak.

 

 

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