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Économie - Tourisme

Le business du hajj au Liban : un marché fermé

Une cinquantaine d'agences de voyages accréditées proposent leurs offres aux milliers de pèlerins qui, chaque année, partent du Liban pour effectuer leur pèlerinage.

Au total, 17 000 candidatures pour le visa du hajj ont été déposées cette année au Liban. Ahmad Gharabli/AFP

Comme chaque année, environ 4 400 personnes en provenance du Liban effectuent le grand pèlerinage annuel musulman (hajj) à La Mecque, un marché juteux pour la cinquantaine d'agences de voyages positionnées sur ce créneau.

« Le ministère saoudien du Hajj a fixé un quota maximal de 4 400 visas pour les pèlerins du Liban en 2016, et ce chiffre n'a pas évolué au cours des cinq dernières années », affirme Ibrahim Itani, le directeur du comité chargé des affaires du hajj au Grand Sérail, qui gère l'octroi des visas. « Sur ces 4 400 visas, 1 600 sont attribués à des citoyens libanais sunnites et 1 600 autres aux citoyens chiites. Les 1 200 places restantes sont réservées aux Palestiniens résidant au Liban », précise-t-il, avant d'ajouter que « du temps du Premier ministre Rafic Hariri, nous réussissions à obtenir des quotas supérieurs pour le Liban ».
« Au total, 17 000 candidatures ont été déposées cette année. Notre agence en a déposé 400, mais seuls 116 de nos dossiers ont été retenus. Les personnes âgées, ou encore celles n'ayant pas effectué le hajj depuis plus de 15 ans, sont considérées comme des candidats prioritaires », commente Abdel Kader Kheireddine, propriétaire de Radwan Travel Agency.

Avant d'obtenir leur précieux sésame, « les futurs pèlerins doivent tous passer par une agence de voyages accréditée pour déposer leur candidature, du 1er janvier au 1er février », rappelle M. Itani. Cette année, 54 agences accréditées figurent sur la liste officielle du comité chargé des affaires du Hajj au Grand Sérail, qui continue de les encadrer strictement même une fois la liste établie. « Le comité est le seul intermédiaire officiel entre le gouvernement saoudien et les agences de voyages libanaises accréditées », explique M. Itani, avant d'ajouter que « ces agences de voyages doivent obligatoirement être classées dans la 1ère catégorie par le ministère du Tourisme, avant de pouvoir demander une accréditation auprès du comité ».

Seule exception à la procédure, les hauts fonctionnaires civils et militaires, ainsi que des responsables politiques de premier rang peuvent obtenir un visa de courtoisie, directement délivré par les autorités saoudiennes, une quinzaine de jours avant le début du pèlerinage. « À ce stade, nous ne connaissons pas encore le nombre de visas de courtoisie accordés aux officiels libanais », indique M. Itani.

 

(Repère : Le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam)

 

Différentes offres
Si, côté offre, le marché est donc relativement fermé – d'autant que « ce sont plutôt les agences musulmanes qui occupent ce type de marché », comme confirmé par un professionnel interrogé – les clients ont tout de même l'embarras du choix quant aux offres proposées par les 54 agences accréditées. « Les prix des packages varient entre 2 500 à 25 000 dollars, pour des séjours qui durent entre 12 et 21 jours », observe Aymane Chehab, organisateur de la campagne du hajj al-Sultan, pour le compte de l'agence al-Zaatari. « La concurrence se joue surtout sur le rapport qualité/prix de ces services, ainsi que sur l'inclusion des services dits de confort ou de luxe », poursuit M. Chehab. Cependant, « la compétition n'est pas rude, il nous arrive même de réaliser des ententes avec d'autres agences, pour par exemple coordonner nos réservations de logements, ce qui nous permet de négocier de meilleurs prix avec les hôtels », confie un représentant de l'agence Sukkar.

Ainsi, à titre d'exemple, l'agence Radwan Travel qui a réussi à attirer 116 pèlerins cette année propose un package à 2 400 dollars par personne. « Cela inclut les billets d'avion, les logements à Médine (ville abritant le tombeau du Prophète, pouvant constituer la première ou la dernière étape du hajj), puis à La Mecque (première ville sainte de l'islam abritant la Kaaba et principal lieu de pèlerinage), les transports, une tente climatisée au mont Arafat (proche de Mina, lieu désertique où les pèlerins procèdent à la lapidation des stèles de Satan) et le sacrifice du mouton (pour la fête de l'Adha) », détaille M. Kheireddine. D'autres, comme l'agence Sukkar, proposent les mêmes services, « mais avec des logements assurés dans des hôtels 4 étoiles, et une demi-pension », précise son représentant précité, ce qui fait monter la facture à 3 500 dollars par personne. Quant au package de l'agence Radwan Travel, facturé 10 000 dollars par personne, M. Kheireddine insiste sur le fait que « tous les logements sont assurés dans des hôtels 5 étoiles, avec petit déjeuner et dîner inclus », et qu'un « médecin accrédité par le comité du Grand Sérail accompagne les pèlerins tout au long du séjour ».

Reste qu'aucune des agences interrogées par L'Orient-Le Jour n'a accepté de révéler sa part de bénéfices dégagés grâce au marché du hajj. « Les marges sont très basses, et difficilement évaluables à l'avance, car il y a toujours des dépenses imprévues pour les organisateurs une fois sur place », justifie M. Chehab, avant d'ajouter que « l'agence emploie 8 personnes (chacune doit être obligatoirement accréditée par le comité du Grand Sérail) pour accompagner 75 pèlerins », argumente-t-il. Le représentant de l'agence Sukkar juge de son côté « convenables » les marges dégagées durant la saison du hajj.

 

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