Chibli Mallat et Saoud el-Maoula prononçant leurs discours.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées hier soir en face de la place Samir Kassir, au centre-ville de Beyrouth, avec une copie de la Constitution libanaise entre les mains, justement pour revendiquer sa « libération » des mains qui en font un usage erroné pour maintenir le blocage des institutions.
Muni d'une dizaine de copies de la Loi fondamentale qu'il distribuait aux personnes présentes, Antoine Courban, professeur de médecine, affirme à L'Orient-Le Jour que « la manifestation est organisée avant tout pour l'honneur et la dignité de la Constitution, et pour la sacralité de son texte ». Pour M. Courban, « il ne s'agit pas de pratiquer l'exégèse pour dégager le sens de ce texte qui est sans équivoque et qui présente la référence première à l'État libanais ».
À 18h, heure du rendez-vous, l'avocat et juriste Chibli Mallat, à la tête de l'initiative, prononce un discours à un public bien attentif : « La relance de la vie publique et du fonctionnement des institutions passe par la réappropriation citoyenne de la Constitution. L'application et le respect du texte de la Constitution, notamment les articles 74 et 75, constituent le chemin du déblocage de la présidence. »
Ce même public qui levait haut les copies de la Constitution qui lui ont été distribuées avait également son mot à dire. Une large banderole sur laquelle est inscrite, noir sur blanc, l'expression « Honte! 43 séances sans élection de président » est maintenue des deux côtés par deux femmes. « Votez ! Notre Constitution n'est pas un pacte suicidaire », « La Constitution n'appelle pas à un dialogue » et « Député ! Lis la Constitution », lisait-on sur d'autres pancartes portées par les protestataires.
Dans son discours, M. Mallat tient à rappeler que « la vraie crise, la grande, est celle de la vacance présidentielle qui persiste depuis deux ans et demi déjà et qui est la source de toute autre crise que connaît le pays actuellement ».
Liban humaniste, toujours selon Chibli Mallat, a organisé cet acte de protestation pour rassembler la société civile autour de l'application stricte et ferme de la Constitution. Mais également pour déposer une pétition auprès de la Chambre, à l'adresse de son président et ses membres, et dont l'objet est de « revenir à l'esprit du texte et à sa lettre pour élire un président de la République ».
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L'optimisme ? Un « devoir moral »
Face à un large public, et alors qu'on ne s'attendait qu'à la présence d'une quarantaine de personnes, le joaillier Sélim Mouzannar est optimiste. « L'optimisme est un devoir moral, autant que cela puisse paraître naïf », lance-t-il. Le romancier Jabbour Douaihy, qui a répondu à l'appel de Liban humaniste, rejoint l'avis de M. Mouzannar : « On ne peut qu'être optimiste. La Constitution, cela sert à quelque chose finalement ! »
L'ancien ministre Ibrahim Chamseddine est ferme : « Les députés devraient changer ou être changés. »
L'ancien ministre explique avoir répondu à l'appel pour « protester ouvertement contre l'échec de la classe politique, et afficher son attachement envers l'État de droit qui repose sur le respect de la Constitution ».
À l'issue de la manifestation, Saoud el-Maoula, un des organisateurs du mouvement, estime que « ce premier rassemblement est positif et devrait être impérativement poursuivi pour atteindre le premier objectif, celui du déblocage constitutionnel ». Et d'ajouter : « Nous comptons rassembler le plus de force possible pour créer une coalition civile et démocrate, en vue de préparer des élections primaires qui nous offrent la possibilité de voir se former des listes civiles dans chaque région du pays ; et instaurer une direction civile qui puisse provoquer des actions locales. »
Pourquoi aujourd'hui, alors que la vacance présidentielle persiste depuis deux ans et demi déjà ? Chibli Mallat répond par la fameuse expression : « Mieux vaut tard que jamais. » « Nous gardons l'espoir et nous incitons les jeunes qui devraient prendre la relève à rejoindre le mouvement », précise-t-il. Il s'agit donc d'un « appel réel » qui ouvre grands ses bras au bénévolat civil, à l'élargissement de la zone de ce think tank pour rassembler les gens autour de cette initiative, et les mettre ainsi au-devant de la scène.
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Muni d'une dizaine de copies de la Loi fondamentale qu'il distribuait aux...
commentaires (8)
LES DETRACTEURS DE LA CONSTITUTION VOUS EN VEULENT... PERSISTEZ ! NE LACHEZ POINT DU LEST !
LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !
13 h 40, le 31 août 2016