Des grands dossiers politiques aux questions sociales, en passant par la crise des ordures ménagères, la classe politique actuelle prouve sans cesse son incapacité à trouver des solutions et à assumer ses responsabilités vis-à-vis de la population. Tous les prétextes sont désormais bons pour ouvrir de nouvelles polémiques qui cachent mal l'incompétence des différentes parties. Tous les dossiers sont ainsi abordés d'une façon négative, dans le seul but de faire du populisme limité au sein d'une communauté, non de faire avancer la situation dans un sens positif.
Comme il y a un an le dépotoir de Naamé, celui de Bourj Hammoud a donc été fermé, sans avoir pris soin de trouver une solution de rechange, et les monceaux d'ordures envahissent de nouveau les rues. Mais la population est divisée, selon ses affinités politiques et confessionnelles, une partie considérant la fermeture du dépotoir comme un coup de force destiné à secouer la classe politique, et une autre estimant que la décision ne vise qu'à entraver les efforts du gouvernement pour des considérations de popularité interne.
Pourtant, les Libanais devraient être unis face à la crise des déchets, mais le fanatisme politique et confessionnel brouille la vision générale. Même situation il y a quelques mois pour les abattoirs, qui ont été fermés avant d'avoir pu assurer une solution de rechange, et même chose encore pour la question des nominations militaires qui se transforme en débat pour ou contre la prorogation, alors que les efforts devraient se concentrer sur les noms des candidats potentiels.
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Selon un ancien responsable, la situation n'a jamais été aussi désespérante, les interventions étrangères qui avaient lieu auparavant cachaient l'incompétence de la classe politique actuelle, qui est en réalité le prolongement de celle qui tenait les rênes des milices pendant la guerre civile et qui avait plié l'échine devant la tutelle syrienne avant de se transformer par un coup de baguette magique en championne de la souveraineté et de l'indépendance.
Tant que les instructions venaient de l'extérieur, la classe politique pouvait continuer à faire illusion devant une population avide de croire en des lendemains meilleurs. Mais maintenant que l'extérieur, dans toute sa diversité, est occupé ailleurs, la faillite apparaît dans toutes ses dimensions. Selon l'ancien responsable, il faut donc cesser de miser sur une possible entente interne, que ce soit dans le cadre du gouvernement ou dans celui de la conférence nationale de dialogue. À quelque chose près, ce sont les mêmes acteurs qui restent incapables, quelles que soient les formules proposées, de s'entendre sur n'importe quel dossier, qu'il soit petit ou grand, social ou politique.
Pour l'instant, les seules réalisations des politiciens se limitent à bloquer réciproquement leurs ambitions respectives. Il suffit qu'un camp ouvre un dossier et propose sa vision d'une solution pour que l'autre en prenne immédiatement le contrepied, se barricadant derrière sa communauté.
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Dans ce contexte, il est clair qu'il ne faut pas s'attendre à des surprises positives à la conférence de dialogue prévue le 5 septembre, les discussions tournant dans un cercle vicieux.
L'ancien haut fonctionnaire précité rappelle la période de 2008, avec la vacance présidentielle qui aurait pu se prolonger s'il n'y avait pas eu un développement majeur qui avait entraîné la tenue de la conférence de Doha. Celle-ci avait permis à la classe politique libanaise de s'entendre sur un président, un gouvernement et une loi électorale. Ce qu'il faudrait donc, c'est une nouvelle conférence de Doha, qu'elle se tienne à Beyrouth ou ailleurs. C'est dans cette optique que le président de la Chambre Nabih Berry a décidé de relancer les réunions de dialogue, dans l'objectif de rééditer le scénario de Doha 2008.
Mais les partenaires de ce dialogue n'ont pas été en mesure de faire les concessions nécessaires pour aboutir à un accord interne. Le secrétaire général du Hezbollah a bien tenté d'ouvrir une brèche, lorsque, dans son dernier discours, il a annoncé que son parti promettait d'être positif au sujet de la présidence du Conseil si l'autre camp acceptait d'élire Michel Aoun à la présidence. Mais au lieu de saisir cette main tendue, les faucons du courant du Futur ont occupé la scène médiatique pour critiquer cette offre et affirmer que Saad Hariri n'a pas besoin de l'approbation du Hezbollah pour revenir au Sérail, sa désignation à la présidence du Conseil étant, à leurs yeux, un droit. Saad Hariri, lui, est resté silencieux, occupé à guetter un signe de la part des autorités saoudiennes. Il s'est même rendu au Maroc dans l'espoir d'obtenir une entrevue avec un des responsables du royaume, en vain.
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Le silence est total, car les Saoudiens sont occupés ailleurs, tout comme le reste de la communauté internationale d'ailleurs. Les États-Unis se contentent en effet de vouloir la stabilité sécuritaire du Liban, en aidant l'armée et les différents services de sécurité et en répétant à qui veut les entendre que le gouvernement actuel ne doit pas démissionner. Mais leur intérêt pour le Liban ne va pas au-delà de cette stabilité. Dans ce cas, n'y a-t-il aucune chance de briser ce statu quo de pourrissement politique et social ?
Selon l'ancien responsable, il faut attendre un accord international russo-américain qui aurait ses répercussions sur les dossiers régionaux, dont le Liban. Mais les délais deviennent de plus en plus réduits en raison de l'approche de l'échéance présidentielle américaine. Soit alors, il faudrait une secousse grave au Liban qui pousserait la communauté internationale à organiser « un nouveau Doha ».
Or, cette secousse ne peut venir que « des cellules dormantes » terroristes qui, jusqu'à présent, sont bien contrôlées par l'armée et les services de sécurité.
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Dans ce texte scandaleux l'auteure vante le coup d'état militaire du Hezbollah du 7 mai 2008 en affirmant que, grâce à ce coup d'état, il y a eu la conférence de Doha qui a abouti à l'élection du President de la République. Aussi l'auteure réclame une autre conférence de Doha, donc sous-entendu un autre 7 mai du Hezbollah. Mais l'auteure se garde bien de relever que la milice du hezb avait alors exigé des conditions rédhibitoires qui ont abouti au fait que depuis Doha tous les gouvernements sont bloqués et incapables de mener une politique quelconque à cause du 1/3 de blocage des armes terroristes de mr Nasrallah, le héros iranien de l'auteure, qui fait des miracles en Syrie en y affamant des femmes et des enfants et en égorgeant leur progéniture. Enfin l'auteure ne réalise même plus qu'à l y a une constitution au Liban et que c'est elle qui régule les élections et non pas Nasrallah. Mais l'auteure préfère accuser l'Arabie sans réaliser que Aoun ne peut être élu qu'au sein du parlement. Qu'a donc à voir l'Arabie au parlement ? Cela l'auteure se garde bien de poser la question car ce serait accuser le hezb et Aoun de ne jamais y mettre les pieds, sauf pour obstruction.
Saleh Issal
14 h 41, le 31 août 2016