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Économie - Reportage

Pour retrouver le salut économique, des Nigérians prient les dieux

Chaque année, des milliers de pèlerins participent au Osun-Osogbo festival afin de célébrer la déesse de la rivière et prier les dieux de sortir le Nigeria de la récession. Stefan Heunis/AFP

Habillées d'une longue robe blanche décorée de coquillages, des plumes rouges dans leurs cheveux, un groupe de prêtresses nigérianes chantent pendant qu'elles sacrifient des poulets pour la déesse de la rivière.
Des milliers de personnes ont fait la route dès ce week-end vers Osogbo, à trois heures de la capitale économique Lagos, pour célébrer la déesse yoruba Osun et prier les dieux de sortir le Nigeria de la récession. Jusqu'à présent, les indicateurs économiques n'ont, eux, guère donné d'espoir. « Dieu merci, nous avons toujours Osun », confie à l'AFP la prêtresse Oyelola Elebuibon, pendant la procession menant du palais royal à la forêt sacrée.
Comme chaque année à la même époque, une « arugba » – femme vierge – transporte une gourde sacrée à travers les rues d'Osogbo, jusqu'à la plonger dans la rivière pour marquer le début de ces festivités d'environ 12 jours. Autour d'elle, des hommes battent le tambour jusqu'à emporter la foule en transe. Pendant ce temps, le roi yoruba d'Osogbo et sa cour regardent la scène depuis leurs 4x4 climatisées.
« Plus de nourriture, plus d'argent à nouveau au Nigeria, Dieu qu'as-tu fait ? » implore Olokun Gbemisola, une autre prêtresse, sans que l'on sache si elle s'adresse au Dieu des chrétiens ou à ses dieux traditionnels. Le Nigeria est divisé en deux parties quasiment égales, entre un Nord musulman et un Sud chrétien, mais beaucoup parmi les deux confessions pratiquent la religion animiste traditionnelle.
Et en ce moment, les 170 millions de Nigérians semblent avoir encore plus besoin de croire que d'habitude. Le pays traverse une grave crise économique, notamment à cause de la chute des prix du pétrole, d'où il tire l'immense majorité de ses revenus. Les inégalités sociales dans la région du Delta, où est exploité l'essentiel de l'or noir, ont fait naître des groupes armés, décidés à détruire ses plateformes off-shore et mettre le pays à genoux.

Eau miraculeuse
Le secteur industriel, lui, est étranglé par le manque d'électricité et par le manque d'infrastructures en général dans le pays. L'inflation ne cesse de grimper et, pendant ce temps-là, le peuple souffre.
À Lagos, les élites peuvent toujours se réfugier dans leurs appartements climatisés grâce à de puissants générateurs au diesel, ou acheter leurs produits importés hors de prix. Mais ce n'est pas le cas à Osogbo. Ici, les rues, truffées de nids de poule, sont plongées dans l'obscurité dès la nuit tombée.
Mais Tope Lagluko, vendeur de graines de moringa, veut y croire : « Tous mes problèmes vont disparaître cette année », confie-t-il sur le bord de la rivière. Car, selon lui, l'eau peut tout guérir. « J'ai vu des miracles », assure-t-il.
Et pourtant, malgré l'eau miraculeuse, les habitués des festivités reconnaissent que, cette année, il n'y a pas foule. Les sponsors sont bien là – dont Seaman's Schnapps, eau de vie « numéro 1 pour la prière » –, mais seuls les fidèles les plus dévoués ont puisé dans leurs économies pour faire le déplacement.

Stephanie FINDLAY/AFP

Habillées d'une longue robe blanche décorée de coquillages, des plumes rouges dans leurs cheveux, un groupe de prêtresses nigérianes chantent pendant qu'elles sacrifient des poulets pour la déesse de la rivière.Des milliers de personnes ont fait la route dès ce week-end vers Osogbo, à trois heures de la capitale économique Lagos, pour célébrer la déesse yoruba Osun et...

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