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Culture - Portrait

Rendre la culture « sexy » lorsqu’elle tutoie la nuit

Michel Éléftériadès veut réconcilier musiques traditionnelles et aspirations modernes, il crée un style innovant qui porte aujourd'hui le festival MusicHallogy.

Michel Éléftériadès confortablement installé dans un fauteuil de velours pourpre où l’initiale N est brodée de fil doré.

Artiste, compositeur, sculpteur, entrepreneur, homme politique et médiatique mais aussi empereur, les casquettes de Michel Éléftériadès sont plurielles. Ancien militant communiste, ex-combattant durant la guerre, sa lutte est aujourd'hui toute autre. Sa résistance est culturelle et sa révolution est artistique.
Michel Éléftériadès est convaincu que la culture peut sauver le monde et le destin de la terre. Investi d'une mission salvatrice, l'homme de 46 ans s'applique à donner à voir et à libérer la parole, animé par la volonté de partager ses passions. Il avoue même : « S'il n'y a pas de plaisir, je laisse tomber, ma fortune m'aurait permis de prendre ma retraite il y a dix ans déjà. »

Consécration de sa dévotion pour l'art, Michel Éléftériadès introduit le concept de « night-club de divertissement culturel ». Notion hybride empruntée à Boris Vian par laquelle Michel Éléftériadès « fait coexister deux mondes qui d'habitude ne se rencontrent pas ». C'est la fusion de deux esprits qui s'entrechoquent en un exquis métissage pour accoucher d'une étoile : le Music Hall. C'est ainsi qu'est né, en 2003, ce lieu branché de 800 places, en plein cœur de Beyrouth.
L'entrepreneur déconstruit l'image de « l'art poussiéreux » qui hante d'antédiluviens musées « qui sentent le renfermé ». Son objectif ? Rendre la culture « sexy » lorsque celle-ci tutoie la nuit. Non sans outrecuidance, l'homme se félicite d'avoir « démocratisé la scène culturelle à un public non initié » avant de renchérir avec un brin de malice et d'impudence : « Sans fausse modestie, j'ai fait beaucoup à la culture. » Agacé, il dit se démarquer de « ceux qui prêchent la culture à des convertis, créant des festivals destinés à une élite bornée et râleuse qui pense que l'art est hermétique et synonyme d'ennui ».

Véritable mentor, il dirige et met en scène des artistes aux diversités ethniques et performances éclectiques. Ambassadeur de la world music, Michel Éléftériadès rêve d'authenticité et de live. Le maestro réintroduit sur scène instruments et musiques traditionnelles. Choix risqué, « à une époque où le Moyen-Orient est agité par le style dit arabesque, ce mélange pop-kitch où les chanteurs frétillent dans des clips sensuels avec bimbos et décapotables sur fond de synthétiseurs ». C'était il y a quinze ans, « le public voulait de la danse du ventre, moi je voulais de l'authentique, quelque chose de profond, puisé dans les racines ».

(Pour mémoire : Michel Eleftériadès : Mon épitaphe ? Va cracher ailleurs, Boris !)

 

Le rêveur impérial
Michel Éléftériadès est excentrique, surprenant, extravagant. Ce rêveur impérial est intransigeant et a le sens du détail. L'homme d'affaires explique : « Mon passé militaire m'a beaucoup aidé. Gérer cette colossale entreprise n'est pas seulement une question de talent. Pour conjuguer l'artistique et le grandiose, il faut de la discipline, de la rigueur, de la souffrance physique et de l'abnégation de soi. »

Connu et controversé pour ses opinions non conventionnelles, l'homme de la nuit a de nombreux détracteurs. Il s'en amuse et s'en inquiète peu, confiant que même ses parents le qualifiaient « d'écervelé ».
C'est certainement de cette brèche sublime qu'est née l'élucubration du Nowheristan, facétie risible pour les sceptiques mais utopie bien réelle pour les séduits : Michel Éléftériadès, accoutré d'un ensemble militaire, est confortablement installé dans un fauteuil de velours pourpre où l'initiale N est brodée de fil doré. Caustique, mais convainquant, l'homme raconte le Nowheristan, pays mythique sans État ni frontières, dont il s'est autoproclamé empereur. Il décrit cette alternative à notre monde comme la concrétisation d'un combat idéologique pour mettre fin « aux frontières factices de l'héritage et de la culture », rappelant que chacun est « citoyen du monde ». Les persifleurs s'entendent à dire que l'homme est déjanté, nourrissant les accusations de satanisme qui l'accablent. Le public fidèle semble, lui, l'amnistier et même sincèrement l'apprécier.

La fêlure est réelle, mais la brèche est magique : elle fait vibrer les noctambules et planer les esprits, dans ce théâtre intergénérationnel qui nargue le jour. Oui, Michel Éléftériadès œuvre pour la culture.

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Les concerts du lundi de MusicHallogy

Le MusicHallogy Festival se déroule les lundis soir au Waterfront du Music Hall d'été. The Chehade Brothers ont ouvert le bal le 1er août avant de laisser place à Hanine y Son Cubano la semaine suivante. Le lundi 22 août, Yoaris Rodriguez, Vicente Allende et Irene De Ares animeront la scène avec de la Noche Latina. Sur des airs d'arabo-gypsy, Bilal and the Yugoslavian Gypsy Brass Band joueront le lundi 29 août. Le 5 septembre, place à Reggae all Stars avec Rock Herman et Marshall. Le grand orchestre du Music Hall clôturera cette édition le lundi 19 septembre.

 

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Artiste, compositeur, sculpteur, entrepreneur, homme politique et médiatique mais aussi empereur, les casquettes de Michel Éléftériadès sont plurielles. Ancien militant communiste, ex-combattant durant la guerre, sa lutte est aujourd'hui toute autre. Sa résistance est culturelle et sa révolution est artistique.Michel Éléftériadès est convaincu que la culture peut sauver le monde et le...

commentaires (1)

SA MAJESTE L,EMPEREUR DU NOWHERISTAN... VIDE ET VIDE... AVEC ACCENT... EST HABITUE AUX DIVAGATIONS POETIQUEMENT ET SI IMPERIALEMENT VIDES...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 43, le 21 août 2016

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Commentaires (1)

  • SA MAJESTE L,EMPEREUR DU NOWHERISTAN... VIDE ET VIDE... AVEC ACCENT... EST HABITUE AUX DIVAGATIONS POETIQUEMENT ET SI IMPERIALEMENT VIDES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 43, le 21 août 2016

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