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Moyen Orient et Monde - Témoignage

« L’État islamique m’a fait un lavage de cerveau »

En suivant des cours de religion, un jeune Français de confession musulmane a réussi à sortir de l'emprise idéologique de l'organisation jihadiste. Il raconte sa déradicalisation à « L'Orient-Le Jour ».

De nombreux Occidentaux rejoignent les rangs du groupe État islamique. Photo AFP

« J'étais totalement dans une bulle », confie Akim* lorsqu'il évoque sa radicalisation. Ce jeune Français de confession musulmane tombe sous les griffes de l'organisation État islamique (EI) il y a tout juste deux ans. Alors étudiant en journalisme, il ne supporte plus la condition des musulmans dans le monde, particulièrement en Europe. « Lorsqu'on avait des pauses à l'école, je n'avais pas le droit de m'éloigner cinq minutes pour aller prier. Les autres pouvaient par contre aller fumer leurs cigarettes sans aucun problème. Je ne supportais plus d'être rabaissé au quotidien », raconte-t-il.

Akim prend alors connaissance de l'idéologie relayée par l'EI. Le groupe jihadiste se revendique comme le représentant des musulmans à l'échelle mondiale. Il les appelle à rejoindre les « terres du califat », à partir desquelles il promet de redorer « l'image de l'islam ». Du jour au lendemain, le jeune homme bascule et devient de plus en plus radical dans sa pratique de l'islam. « Au départ, mon investissement religieux partait d'une bonne volonté. J'avais envie de me mettre des règles, de devenir sérieux », se souvient-il. Mais la frustration du quotidien et ses multiples échecs personnels l'ont conduit à devenir un véritable partisan de l'organisation ultraradicale.

(Lire aussi: Des mères de jihadistes témoignent de l'endoctrinement de leurs fils victimes de la «mafia du sang»)

 

Engrenage
C'est au moment où il croit que la religion va lui permettre de revenir dans le « droit chemin » qu'Akim se noue d'amitié avec ceux qu'il appelle ses « frères ». « Comme ils se revendiquaient de l'islam pur, je me suis dit que je voulais être des leurs. À force de les côtoyer, leurs discours ont déteint sur moi », dit-il. Akim se joint alors à des réunions confidentielles au cours desquelles les futurs jihadistes évoquent leur départ en Syrie. Il n'a toutefois, selon lui, jamais été repéré par les services de renseignements.

Dans le même temps, il visionne les vidéos de propagande diffusées par l'EI sur Internet. Celles-ci sensibilisent les futurs combattants de l'organisation en les mettant face aux frustrations des musulmans dans le monde, et en leur rappelant à quel point leurs « frères et sœurs » syriens sont persécutés. « Au fur et à mesure, on entre dans un aspect complotiste. On pense que tous les imams de France nous mentent à propos de notre religion, que des milliers de Syriens et d'Irakiens sont massacrés sans que personne ne s'en préoccupe », note-t-il. L'EI explique également que, pour pouvoir vivre convenablement et sereinement, les musulmans se doivent de participer à la création d'un État dans lequel les lois d'Allah sont appliquées. « Lorsque j'ai vu que le territoire de l'EI ne cessait de s'agrandir, j'y ai cru et me suis senti attiré. Je me disais que leurs intentions étaient bonnes », admet Akim. Le processus d'endoctrinement est en marche et Akim se conforte dans sa « haine ».

(Lire aussi : Comment témoigner de la (sur)vie à Raqqa sans se faire tuer par Daech)

 

« Le pire est à venir »
Pour approfondir ses connaissances islamiques, Akim décide d'apprendre à lire et écrire l'arabe. Le cursus comprend alors des cours de religion donnés par un imam. « J'aime avoir les différents sons de cloche. J'avais eu de bons échos sur ce professeur et j'ai voulu écouter ce qu'il disait », dit-il. Il prend conscience que les discours de l'organisation qui le fascinait étaient fortement contestés par les écoles de jurisprudence musulmanes. Le destin du jeune homme prend alors un autre tournant. « Je me suis rendu compte qu'on m'avait fait un lavage de cerveau, que je m'étais moi-même enfermé dans cette secte », regrette-t-il.

Le regard que porte Akim sur l'organisation aux ambitions utopistes est aujourd'hui bien différent. Si, pour le jeune homme, l'idéologie de l'EI reposait sur des « motivations sincères » il y a quelques années, il pense désormais que l'organisation terroriste cherche à conquérir les « gens frustrés » en Occident. « La plupart de ceux qui adhèrent à l'idéologie de Daech (NDLR : acronyme arabe de l'EI) se sont réfugiés dans un islam mauvais qui est là pour panser les plaies du quotidien et engendrer de la haine envers les autres », martèle-t-il.

 

(Lire aussi : « J’ai caché mes pantalons roses et jaunes, et je me suis entraîné à marcher d’une façon masculine »)

 

Aujourd'hui, Akim est soulagé d'être « sorti de tout ça » grâce aux « bonnes personnes » qui l'ont entouré. Il considère cependant qu'il sera très difficile de faire sortir les partisans de l'EI de la « bulle » dans laquelle ils se sont enfermés. « Ils sont sourds et muets. C'est un cercle vicieux ! » s'indigne-t-il en précisant que la plupart d'entre eux sont peu informés sur l'islam et font une fausse interprétation du Coran. Pour l'ex-radicalisé, « le pire est à venir ». Car si l'EI perd une partie de ses territoires ces derniers temps, « il restera toujours des loups solitaires » pour commettre des attentats isolés. « Et croyez-moi, il y en a beaucoup dans les rues d'Europe et les prisons françaises », conclut-il.

*Le prénom a été changé pour des raisons de sécurité.

 

 

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DES EXCUSES BALIVERNES... UN LOUP PRETENDUMENT REPENTI... DI2OULOU IL WATAR ET VOUS VERREZ...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 25, le 13 août 2016

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Commentaires (1)

  • DES EXCUSES BALIVERNES... UN LOUP PRETENDUMENT REPENTI... DI2OULOU IL WATAR ET VOUS VERREZ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 25, le 13 août 2016

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