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Lifestyle - La mode

Hermès par nature

Mi-romantique, mi-psychédélique, Hermès célébrait en juillet, au parc Jean-Jacques Rousseau du domaine d'Ermenonville, son thème annuel : « La nature au galop ». Selon une tradition instaurée par cette « maison de qualité » pour qui le luxe est d'abord une question de savoir-faire, le thème annuel est une manière de mobiliser les énergies des équipes créatives dans une direction qui correspond à sa philosophie.

Une vue de l’événement du thème Hermès « La nature au galop ». DR

Ils viennent des quatre coins du monde et, comme le veut la tradition Hermès, embarquent durant quarante-cinq minutes vers une destination inconnue. À l'arrivée, accueillis par deux hommes en bleu portant une fraise au bout d'une perche, ils sont invités à « embrasser leur fraise intérieure ». Derrière la grille encore fermée se déploie l'un des jardins à l'anglaise les plus mythiques du XVIIIe siècle et au-delà. « Il faudra être là, être léger, oublier les mauvaises nouvelles, les jeter hors de soi », disent les hommes en bleu. Ils avertissent aussi : « Vous croiserez des fées, des êtres étranges. Ils voudront vous mordre, vous enlever, ne vous laissez pas faire. » Enfin, les grilles s'ouvrent et se referment et vous êtes prévenu : désormais vous êtes coupé du monde.

Odeurs, saveurs et méditation
Les invités s'engagent en file indienne dans ce parc fabuleux, commandé par le marquis de Girardin et réalisé, entre 1763 et 1774, par l'architecte paysagiste Jean-Marie Morel avec l'aide de jardiniers écossais. Jean-Jacques Rousseau y passa les derniers jours de sa vie, quarante-quatre jours de totale liberté, à l'invitation du marquis à qui il rendait sa générosité en donnant des leçons de musique à ses filles. Mort subitement d'un accident vasculaire, Rousseau sera enterré sur place, dans l'île des Peupliers où son tombeau deviendra pendant cinquante ans un lieu de pèlerinage pour toute l'Europe littéraire, politique et couronnée, avant que les cendres du grand écrivain ne soient transférées au Panthéon en 1794. Vide, le tombeau n'en est d'ailleurs que plus poignant. Lieu de méditation privilégié, il continue à attirer jusqu'à nos jours les artistes de tout poil et de toute plume.
En file indienne donc, aspergés de citronnelle dès l'entrée, les invités d'Hermès avancent sans trop savoir à quoi s'attendre, dans la lumière déclinante et les brumes de ce soir d'été renforcées par des fumigations odorantes. Les « fraises » les invitent à ouvrir leurs sens et découvrir les saveurs qui se présentent à eux, à commencer par des tiges d'angélique infusées de sirop de verveine, à boire chemin faisant. L'idée est d'Alain Passard, chef multi-étoilé du restaurant L'Arpège, à Paris. Ce dernier attend d'ailleurs la longue procession babélienne au détour d'un sentier, équipant chaque promeneur d'une « fraise » en feutre à porter autour du cou pour bien marquer son appartenance à cette cordée insolite.

 

(Lire aussi : L'esprit du jeu à la Fondation Hermès)

 

Les esprits de la forêt
Commence alors le Songe de cette soirée d'été. Des elfes et des fées, un satyre dionysiaque, un danseur noir et un fantôme buto surgissent des buissons, de derrière un tronc, d'une grotte, ou tombent d'une branche ; des musiciens jouent dans la brume des airs sacrés. Dans le jardin parsemé de « fabriques », des citations gravées çà et là invitent à la méditation. Des messages sont attachés aux herbes folles. Une fée vous happe, vous entraîne en courant et vous laisse pantelant au milieu de nulle part. Pour vous consoler, vous apparaît un serveur en livrée de chez Passard qui vous présente une de ces préparations aussi savoureuses qu'insolites inspirées de l'esprit de la forêt : beignets d'artichauts à la crème de roquette, œufs mollets en croûte abritant un petit escargot sucré, aubergines grillées garnies de grains d'épeautre croustillants, brochettes d'anguilles et de Granny Smith à la verveine, belles bouteilles de Bordeaux... L'aventure est ainsi ponctuée de nourritures autant spirituelles que terrestres, voire sylvestres, et le temps passe imperceptiblement. À la tombée de la nuit, soudain se forme une sarabande, et c'est au son des fifres, des cymbales et des trompettes que la petite foule se dirige vers la « Prairie arcadienne » du parc où ont été montées, derrière la barrière formée par un arbre foudroyé tragique et sublime, deux grandes tentes en hémicycle, l'une pour les invités, l'autre pour les musiciens. Les êtres fantastiques se mêlent aux dîneurs qui découvrent dans des boîtes brûlantes en pâte à sel de savoureuses volailles accompagnées d'une divine purée de pommes de terre, de betteraves et de navets. Au dessert, tarte à la rhubarbe et soupe de fraises. Passard a décidément le génie de la simplicité.

De Rousseau à Hermès
Au bout de la nuit surgit une aurore boréale et l'orchestre formé par les bacchants accompagne un spectacle son et lumière au cœur de la forêt. Musiciens et artistes viennent de la troupe de Frederic Wake-Walker, directeur artistique du Mahogani Opera Group et du Mica-Moca Project de Berlin. Au retour, on danse encore son chemin dans le noir. Les fraises se sont faites lucioles. Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d'Hermès, donne le mot de la fin, se référant naturellement à Rousseau, mais aussi à la philosophie de cette maison de qualité qui ne fait décidément rien comme tout le monde : « Se réconcilier avec la nature, c'est se réconcilier avec soi-même et avec le monde dans lequel on vit et qui est le foyer de toute l'humanité. Tel était le rêve de Rousseau, et telle est la devise d'Hermès. » Il ajoute : « Il était une fois, au tout début d'Hermès, la nature. Encore et toujours la nature, comme un idéal, une alliée, une éternelle source d'inspiration. Puissions-nous apprendre à la chérir et à cultiver notre amour pour elle, car elle est l'essence de notre maison. »

 

 

Pour mémoire

Record d'enchères pour un sac Hermès incrusté de diamants

Ils viennent des quatre coins du monde et, comme le veut la tradition Hermès, embarquent durant quarante-cinq minutes vers une destination inconnue. À l'arrivée, accueillis par deux hommes en bleu portant une fraise au bout d'une perche, ils sont invités à « embrasser leur fraise intérieure ». Derrière la grille encore fermée se déploie l'un des jardins à l'anglaise les plus...
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