Ceux qui le connaissent n'en ont pas douté une seule seconde : Bassem Youssef a bien assuré son spectacle magistral dans le cadre du festival de Beiteddine hier soir, devant un public hilare. Sa performance, impertinente et implacable, s'est déroulée au nez et à la barbe de la polémique créée par la requête en justice de Moustapha Hamdane déposée l'avant-veille. C'est devenu une habitude : l'humoriste égyptien entraîne invariablement dans son sillage controverses grinçantes, ironie mordante et gouaille insolente. Nommé en 2013 par le Time Magazine parmi les cent personnalités les plus influentes du monde, ses prises de position iconoclastes – de 2011 à 2014, dans son programme al-Bernameg – contre les régimes de Mohammad Morsi et Abdel Fattah al-Sissi n'ont pas épargné non plus l'ancien président égyptien Nasser. C'est ce qui lui a valu la requête en justice déposée par Moustapha Hamdane, ancien chef de la garde républicaine libanaise. La polémique, qui visait à censurer ses traits d'esprit les plus contestés, sur Nasser et la normalisation des relations avec Israël notamment, n'aura eu d'autre effet que d'accroître la fascination pour l'humoriste facétieux et ses étincelles de sarcasme et de malice. Pendant une heure et demie, tout y passe : le satiriste caustique raille les menaces de mort qui le suivent, la folklorique politique libanaise (dont nombre de ses représentants étaient présents hier soir), le printemps arabe hivernal, le panarabisme frivole, les médias et leurs théories complotistes, le monument-statue de cire Haifa Wehbé et les poubelles fleuries de Beyrouth. La foule, conquise, s'essuie les yeux comme un seul homme qui rit. Le sourire – parfois jaune – à la place des larmes, l'humour pour tout charme et l'iris bleu acier qui, inlassablement, désarme. Le sulfureux Bassem Youssef n'a pas fini de narguer le vacarme obscurantiste de ses moues... mutines.
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