Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Le Liban fait bloc avec l'armée contre les jihadistes à Ersal

Les combats se poursuivent, 14 soldats tués déjà.

Au moins 14 soldats ont été tués, 86 autres blessés et 22 sont portés disparus, depuis le début des combats à Ersal. REUTERS/Hassan Abdallah

Le Liban, profondément divisé sur la guerre en Syrie, a fait preuve lundi d'une unité peu commune en assurant l'armée de son soutien et en rejetant tout compromis avec des jihadistes qu'elle combat depuis samedi dans la région de Ersal, frontalière de la Syrie.

Sur le terrain, l'armée tirait au canon sur les collines surplombant la ville et où se trouvent un grand nombre de takfiristes, et le bruit d'armes automatiques était entendu à la lisière de cette localité sunnite du nord-est du Liban, tenue en grande partie par les insurgés syriens. Un épais nuage de fumée s'élevait de la ville après qu'une station d'essence eut été touchée par des obus.

L'armée a annoncé lundi que 14 soldats ont été tués, 86 autres blessés et 22 sont portés disparus, depuis le début des combats. La troupe a par ailleurs affirmé dans un communiqué avoir repoussé dimanche soir un assaut des takfiristes contre l'Ecole technique de Ersal, un point stratégique, tuant et blessant des dizaines de terroristes. "L'armée a achevé le renforcement de ses positions avancées et s'emploie à pourchasser les groupes armés à Ersal", ajoute le communiqué.

Les médias locaux ont de leur côté rapporté que l'armée a pu reprendre le contrôle d'une colline stratégique surplombant les régions de Wadi Raayane et Wadi Ata, à Ersal.

 

Initiative pour un cessez-le-feu
Les violents combats se poursuivaient en soirée, les médias locaux faisant état d'un nouvel assaut repoussé par l'armée contre l'Ecole technique de Ersal ainsi que des attaques menées par les islamistes contre des positions de la troupe.

Le Comité des ulémas musulmans avait néanmoins proposé une initiative prévoyant un cessez-le-feu à partir de 18h, comme l'a annoncé cheikh Salem Raféi dans l'après-midi. Outre le cessez-le-feu, cette initiative vise également à libérer les soldats pris en otage et à garantir la sécurité des citoyens. Selon les médias locaux, cheikh Raféi s'est rendu au Grand Sérail pour présenter son initiative aux ministres de la Défense et de l'Intérieur. Il est censé se diriger par la suite à Ersal pour œuvrer à la libération des soldats pris en otage. Cette libération, selon une source militaire citée par la LBC, constitue la condition préalable à l'application des autres points de l'accord. Après s'être arrêtée un moment à Chtaura, en raison de la reprise des combats, la délégation des ulémas, escortée par l'armée, s'est finalement dirigée à 21h30 à Ersal.

 

(Voir : L'armée libanaise face aux takfiristes à Ersal, les images)

 

Une source militaire avait indiqué plus tôt dans la journée à l'AFP que seize militaires, dont deux officiers, ont été tués ainsi que des dizaines d'hommes armés dans les combats depuis samedi. Plusieurs civils ont également péri dans les combats, dont trois enfants d'une même famille.
Selon Reuters, citant un responsable des services de sécurité, les unités de l'armée qui progressaient vers Ersal, ont découvert les corps de 50 activistes armés.

 

Les affrontements ont éclaté à la suite de l'arrestation samedi d'un chef islamiste Imad Ahmad Jomaa, soupçonné de liens avec l'Etat islamique (EI, ex-Daech) et le Front al-Nosra. Il s'agit des violences les plus graves dans cette zone depuis le début, en mars 2011, du conflit en Syrie.

Selon l'armée, après l'arrestation d'Imad Ahmad Jomaa, des hommes armés ont encerclé des postes de contrôle dans la région, avant d'ouvrir le feu sur la troupe et d'attaquer un poste de police à Ersal. Pour l'état-major de l'armée libanaise, l'incursion des islamistes n'était pas une réponse à l'arrestation de Jomaa, mais a été au contraire longuement et soigneusement préparée.

(Lire aussi : Ersal accentue les tensions politico-communautaires)

 

"La situation est beaucoup plus grave que d'aucuns veulent le croire", a déclaré dimanche le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi. "Cette attaque terroriste n'est ni fortuite ni spontanée, mais préméditée depuis longtemps, semble-t-il, dans l'attente du bon timing", a-t-il poursuivi en relevant notamment la rapidité de manœuvre des islamistes.

Dans le but de prévenir la fuite de jihadistes, la troupe empêchait dans le même temps des réfugiés syriens de quitter Ersal, a rapporté lundi la LBCI. La chaîne a diffusé des images de réfugiés syriens tentant de quitter la ville. Ils ont été refoulés au barrage de l'armée.

 

 

AFP PHOTO/JOSEPH EID

 

 

Pas de compromis
Face à la gravité de la situation, le gouvernement a tenu une réunion extraordinaire à l'issue de laquelle le Premier ministre Tammam Salam s'est adressé aux Libanais.

"Le Liban fait face à une agression de la part de groupes obscurantistes contre sa souveraineté, visant à paralyser l'Etat et ses institutions et à répandre le chaos à Ersal et dans sa région, a-t-il déclaré. Cette attaque ne restera pas impunie". Et M. Salam de poursuivre : "Le gouvernement a décidé de mettre en état d'alerte tous ses services et toutes ses institutions pour défendre la sécurité du Liban. Il n'y aura aucun compromis politique avec les takfiristes. La seule solution est le retrait des miliciens de Ersal et de sa région". Le Premier ministre a assuré l'armée du "soutien total et de la confiance complète du gouvernement (...) dans sa mission sacrée".

Tammam Salam, entouré de la totalité des ministres, a en outre indiqué avoir entrepris des contacts avec les autorités françaises pour accélérer la remise à l'armée de l'aide militaire financée par l'Arabie saoudite.

(Lire aussi: Deux soldats libanais portés disparus annoncent leur défection dans une vidéo non authentifiée)

 

Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui se trouve à Téhéran, a également appelé à une aide "urgente et rapide" à l'armée libanaise pour combattre le terrorisme.
"Nous sommes coincés entre Israël et Daech, ils se font face en théorie et se retrouvent dans la pratique et le Liban coupera un tel lien, a déclaré M. Bassil. Le combat à Gaza est le même qu'à Mossoul et Ersal. Tuer au nom de la religion n'est en aucun cas justifié", a-t-il ajouté.
"Le Liban demande à la communauté internationale de se tenir à ses côtés et d'assurer une aide urgente et rapide à l'armée pour lui permettre de combattre le terrorisme et de mettre fin à cette occupation à Ersal", a souligné le chef de la diplomatie libanaise. "Le terrorisme a atterri à Ersal. Les réfugiés syriens de Ersal se sont coalisés avec les takfiristes pour occuper la ville".

Plusieurs responsables libanais ont dénoncé les attaques contre l'armée, le chef du Courant du Futur Saad Hariri soulignant que la troupe "constituait une ligne rouge".

 

(Lire aussi : Mokbel à l'OLJ : « Aucune coordination entre l'armée et le Hezbollah à Ersal »)

 

Soutien syrien
Première concernée par le débordement de son conflit sur le territoire libanais, la Syrie a exprimé lundi son soutien à l'armée libanaise dans son combat contre les groupes "extrémistes et terroristes".

"La Syrie affirme son soutien et sa solidarité avec l'armée libanaise pour faire face aux groupes terroristes et les anéantir", a indiqué un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères. "Les crimes et agressions terroristes menées à Ersal et ses environs contre les civils et les positions de l'armée libanaise, nécessitent de fournir une aide et un soutien à l'armée libanaise dans son combat contre le terrorisme takfiri", ajoute le ministère syrien. "La Syrie dénonce les agressions terroristes planifiées (...) menées par les groupes terroristes, à leur tête les branches d'el-Qaëda, l'Etat islamique et le Front al-Nosra, visant la sécurité et la stabilité au Liban frère", poursuit le responsable.

 

Patrouilles d'hommes en noir
Lundi, tôt le matin, profitant d'un moment d'accalmie, plusieurs centaines d'habitants libanais ont quitté la ville à bord de pick-up et de voitures vers la plaine de la Békaa, limitrophe de la Syrie.


Ersal, qui comptait 40 000 habitants avant le début du conflit en Syrie, en abrite aujourd'hui 100 000 avec l'arrivée massive de réfugiés fuyant la guerre de l'autre côté de la frontière.
"Nous n'avons pas dormi de la nuit à cause des combats. Nous sommes les derniers à avoir pu quitter la ville car les hommes armés nous empêchent de partir. Ils ont tiré au dessus de nos têtes", a affirmé à l'AFP Ahmad Houjairy, 55 ans, à bord d'un pick-up transportant une quinzaine de ses enfants et ceux de son frère, âgés de 1 à 17 ans.
"Les hommes armés appartiennent à différentes nationalités et sont très bien organisés. Habillés en noir, ils effectuent des patrouilles dans la localité", a-t-il ajouté.

Un responsable de l'Onu, refusant d'être identifié, a indiqué à l'AFP que plusieurs tentes avaient pris feu à cause des bombardements et les réfugiés syriens s'étaient abrités dans des édifices voisins, dont des mosquées.

 

Tensions à Tripoli
Les combats à Ersal ont ravivé les tensions à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, qui compte des partisans de la rébellion syrienne et d'autres soutenant le régime de Bachar el-Assad.
Ainsi, 150 manifestants se sont rassemblés près d'une position de l'armée dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh pour protester contre ses opérations à Ersal avant d'être dispersés à coups de lacrymogènes. Aussitôt après, quatre grenades ont été lancées près du poste militaire, une attaque à laquelle l'armée a riposté par des tirs blessant deux personnes, selon une source de la sécurité. Des manifestants ont en outre essayé de bloquer l'autoroute entre Tripoli et la frontière syrienne, lançant des pierres sur un bus transportant des soldats. L'armée a riposté par des lacrymogènes sans faire de blessé.


Lire aussi
Est-il déjà trop tard ?, l'éditorial de Nagib Aoun

Une bataille qui s'annonce longue et coûteuse..., l'éclairage de Jeanine Jalkh

Joumblatt à « L'OLJ » : Prochaine initiative en direction des leaders chrétiens « pour faire face au danger des huns »

Le Liban, profondément divisé sur la guerre en Syrie, a fait preuve lundi d'une unité peu commune en assurant l'armée de son soutien et en rejetant tout compromis avec des jihadistes qu'elle combat depuis samedi dans la région de Ersal, frontalière de la Syrie.
Sur le terrain, l'armée tirait au canon sur les collines surplombant la ville et où se trouvent un grand nombre de takfiristes,...

commentaires (3)

À L'ARMÉE LIBANAISE : VOUS COMBATTEZ POUR L'EXISTENCE DE VOTRE PAYS, DE VOTRE LIBAN. JE VOUS DÉDIE CE POÈME : NAISSANCE DU LIBAN LORSQUE DIEU, FATIGUÉ PAR SIX JOURS DE LABEUR, FAçONNA DU CHAOS L'UNIVERS ET LA TERRE, DE SON OEUVRE INCOMPLÈTE, IL VIT AVEC AIGREUR, QU'IL AVAIT OUBLIÉ L'EDEN TESTAMENTAIRE. ET AU SEPTIÈME JOUR, DÉPLOYANT PLUS D'ARDEUR, IL FORMA DU LIBAN LES CHAÎNES SÉCULAIRES ; AUX FLEUVES ET FORÊTS À LA RARE SPLENDEUR ; PARSEMÉES DE VERGERS, D'ALLÉES ET DE PARTERRES. IL LEUR DONNA LE NOM DE : PARADIS SUR TERRE ! PUIS, DANS LE CHOIX DE SON INFAILLIBILITÉ, POUR SYMBOLE VIVANT DE LA LONGÉVITÉ, IL CRÉA LE CÈDRE AU FRONT DÉFIANT LES TEMPÊTES. IL EN PEUPLA DES MONTS LES FABULEUSES CRÊTES, QUE L'HIVER EMBELLIT D'UNE PARURE BLANCHE. ET LE LIBAN NAQUIT LE DERNIER JOUR : DIMANCHE ! DÈS LORS, PAR LES MORTELS, LE CÈDRE EST VÉNÉRÉ, COMME L'ARBRE DE DIEU, PAR DIEU MÊME HONORÉ ! VIVE LE LIBAN ! VIVE L'ARMÉE LIBANAISE !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 34, le 04 août 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • À L'ARMÉE LIBANAISE : VOUS COMBATTEZ POUR L'EXISTENCE DE VOTRE PAYS, DE VOTRE LIBAN. JE VOUS DÉDIE CE POÈME : NAISSANCE DU LIBAN LORSQUE DIEU, FATIGUÉ PAR SIX JOURS DE LABEUR, FAçONNA DU CHAOS L'UNIVERS ET LA TERRE, DE SON OEUVRE INCOMPLÈTE, IL VIT AVEC AIGREUR, QU'IL AVAIT OUBLIÉ L'EDEN TESTAMENTAIRE. ET AU SEPTIÈME JOUR, DÉPLOYANT PLUS D'ARDEUR, IL FORMA DU LIBAN LES CHAÎNES SÉCULAIRES ; AUX FLEUVES ET FORÊTS À LA RARE SPLENDEUR ; PARSEMÉES DE VERGERS, D'ALLÉES ET DE PARTERRES. IL LEUR DONNA LE NOM DE : PARADIS SUR TERRE ! PUIS, DANS LE CHOIX DE SON INFAILLIBILITÉ, POUR SYMBOLE VIVANT DE LA LONGÉVITÉ, IL CRÉA LE CÈDRE AU FRONT DÉFIANT LES TEMPÊTES. IL EN PEUPLA DES MONTS LES FABULEUSES CRÊTES, QUE L'HIVER EMBELLIT D'UNE PARURE BLANCHE. ET LE LIBAN NAQUIT LE DERNIER JOUR : DIMANCHE ! DÈS LORS, PAR LES MORTELS, LE CÈDRE EST VÉNÉRÉ, COMME L'ARBRE DE DIEU, PAR DIEU MÊME HONORÉ ! VIVE LE LIBAN ! VIVE L'ARMÉE LIBANAISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 34, le 04 août 2014

  • Le plus aberrant dans tout ça c'est que les mercenaires du Hezbollah vont combattre ces vermines en Syrie, en Irak et ailleurs, pour les beaux yeux de nos ennemis, et qu'ils ne les combattent pas au Liban ! Alors que c'est bien à cause d'eux que nous en sommes arrivés là. Résistance ? N'importe quoi, ce ne sont que des grandes gueules, lâches et soumises, on le sait depuis toujours. Ils ont foutu la merde, qu'ils l'assument jusqu'au bout au lieu de la léguer à l'armée libanaise. Et au lieu d'aller crever pour rien chez l'ennemi, qu'ils meurent au moins au Liban à la place de nos pauvres soldats. Quand on lit ce que les imbéciles heureux de service nous balancent, il y a de quoi se noyer dans le nombre incalculable de victoires divines que nous enregistrons ces temps-ci un peu partout. Que ces fanatiques s'extirpent de leurs canapés du fond desquels ils comptent puérilement les points illusoires et qu'ils aient les co...les d'aller combattre aux côtés des traîtres. Mais non, ce n'est pas la peine, puisque le Liban est libéré, n'est-ce pas ? Comme sont libérés la Syrie et l'Irak. Et la Palestine bien sûr, puisque le Hezbollah fait école ! Pauvres imbéciles.

    Robert Malek

    18 h 36, le 04 août 2014

  • Bravo encore une fois pour l'armée libanaise en espérant que nos politiciens l'appuieront toujours .

    Sabbagha Antoine

    16 h 36, le 04 août 2014

Retour en haut