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Liban - Attentat

L’église syriaque de Zahlé, nouvelle cible du terrorisme

Après l’enlèvement des sept cyclistes estoniens, le terrorisme a de nouveau frappé dans la région de Zahlé, cette fois sous la forme d’un attentat qui a visé l’église syriaque-orthodoxe Notre-Dame. L’attaque a suscité une vague unanime de condamnations sur le plan local.

L’église Notre-Dame, endommagée hier par l’attentat. Photo Danielle Khayat

Hier, vers 4h15, une bombe, composée d'environ deux kilogrammes de TNT, d'éclats d'obus et de fer, et activée à distance à l'aide d'un téléphone portable, a explosé devant une entrée latérale de l'église syriaque-orthodoxe Notre-Dame à Zahlé. La porte de l'église, située dans la zone industrielle de la ville, a été soufflée par l'explosion. À l'intérieur, des bancs et l'autel ont été endommagés. Plus de huit voitures garées à proximité ont également été touchées.
Les forces de sécurité ont été dépêchées aussitôt sur les lieux et des enquêtes sont menées pour dévoiler la partie responsable de cette explosion, qui n'a pas été revendiquée. En matinée, le substitut du commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire, le magistrat Sami Sader, a examiné les lieux de l'explosion.
L'attentat n'a pas impressionné outre mesure les fidèles. Ces derniers sont venus nombreux pour assister à la messe habituelle du dimanche, qui a été célébrée par l'évêque syriaque-orthodoxe de Zahlé, Mgr Boulos Safar, sur le parvis de l'église endommagée, en présence de nombreuses personnalités, notamment le ministre sortant de la Culture, Salim Wardy, les députés Toni Abou Khater et Joseph Maalouf, le commandant du secteur de la Békaa des Forces de sécurité intérieure, le général Charles Ataya, et le président de la Ligue syriaque au Liban, Habib Ephrem.
Dans son homélie, Mgr Safar a affirmé que « cet attentat est un message pour saper la sécurité au Liban », soulignant que « l'église ne fermera pas ses portes, quelles que soient les circonstances ».
En fin d'après-midi, vers 17h, des notables de Zahlé ont tenu une réunion dans le salon de l'église visée, à laquelle ont pris part de nombreuses personnalités religieuses et politiques, au nombre desquelles figurait notamment le ministre sortant de l'Intérieur, Ziyad Baroud. Ce dernier, qui a inspecté les lieux de l'attentat, a déclaré qu'il ne voulait pas « devancer l'enquête » et qu'il laissait « les instances sécuritaires et la justice assumer leur rôle ». « Cet attentat vise tout le Liban et non seulement la communauté syriaque-orthodoxe », a-t-il ajouté, soulignant que « le Conseil des ministres doit assumer la responsabilité de ce qui s'est passé ». Il a de même insisté sur la nécessité « de contrôler le pays sur le plan politique avant même le plan sécuritaire ». « La sécurité des citoyens est une ligne rouge, a-t-il ajouté. Il faudrait que toutes les parties s'entendent pour préserver leur sécurité. »

Vague de condamnations
Les réactions condamnant cet acte criminel ne se sont pas fait attendre. Dès la diffusion de l'information, le président de la République, Michel Sleiman, a appelé Mgr Safar pour s'informer des circonstances de l'explosion. Le Premier ministre sortant, Saad Hariri, est entré en contact de son côté avec Mgr Safar. Il a exprimé sa solidarité avec l'évêque, les membres de la communauté syriaque et les habitants de Zahlé, annonçant que « les mesures nécessaires ont été prises pour retrouver les coupables et les déférer devant l'autorité judiciaire compétente ».
Mgr Safar a également reçu l'appel du Premier ministre désigné, Nagib Mikati, qui a souligné que « cet acte a pour but de déstabiliser le pays ». Il a appelé les différentes parties « à coopérer dans l'intérêt du Liban et de ses citoyens ».
Dans un communiqué, le président des Kataëb, Amine Gemayel, a fait remarquer que Mgr Safar « est connu pour son ouverture sur toute la région ». « Dans le climat actuel, cet attentat est donc considéré comme une attaque contre l'entité du Liban, a-t-il ajouté. Nous craignons que cette explosion ne soit le début d'une série ambulante. » M. Gemayel a de même insisté sur la nécessité de « rester vigilants et solidaires, notamment en cette période, pour faire face aux événements ». Il a par ailleurs appelé à « une consolidation nationale et populaire des mesures prises par l'État libanais ».
Dans une intervention à la chaîne télévisée MTV, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a quant à lui estimé que cet attentat « vise la stabilité du Liban » et « exacerbe les instincts sectaires ». M. Aoun a appelé à la « réorganisation » des services sécuritaires qui se sont transformés en des « services folkloriques politiques ». L'attentat a de même été condamné par les députés Nabil Nicolas et Ibrahim Kanaan. Pour sa part, le bureau du CPL à Zahlé a appelé à « renforcer les mesures sécuritaires » dans la ville et dans la Békaa.
Pour le député Nabil de Freige, cet acte « s'inscrit dans le cadre des atteintes répétées contre les minorités chrétiennes ». Il a appelé à protéger ces minorités qui « ont contribué à renforcer l'entité du Liban ».
Le député Nicolas Fattouche, qui s'est rendu sur les lieux de l'explosion, a pour sa part estimé que cet attentat « n'a pas visé Zahlé uniquement parce qu'elle est la plus grande ville chrétienne en Orient, mais aussi en raison de son symbole national et de son histoire dans la préservation de l'unité du Liban et de la coexistence ». Et d'affirmer que cet acte « ne portera pas atteinte à notre détermination » ni « aux constantes nationales de Zahlé et à son rôle pionnier en matière de coexistence ». Même son de cloche chez les députés de Zahlé Élie Marouni, qui a affirmé que « nous protégerons Zahlé et nos églises », et
Joseph Maalouf, qui a appelé les forces de sécurité à « protéger de nouveau l'église ».
Les chefs religieux musulmans ont à leur tour condamné l'attentat qui a visé l'église syriaque-orthodoxe Notre-Dame. L'uléma Ali Fadlallah a ainsi souligné que cet acte est « une agression contre toutes les communautés du Liban », appelant à « une prise de position ferme pour couper court aux tentatives de déstabiliser le pays ». Pour le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, le mufti de la République, cheikh Rachid Kabbani, et le mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, il s'agit d'un « acte terroriste qui vise à susciter la guerre civile et déstabiliser le pays ».
En soirée, le Hezbollah a publié un communiqué dans lequel il a condamné l'explosion qu'il a qualifiée d'« acte suspect ».
L'attentat de Zahlé a de même été condamné par de nombreuses personnalités politiques et religieuses, au nombre desquelles figurent notamment le métropolite de Zahlé, Spiridon Khoury, qui, dans son homélie, a appelé les fidèles à prier pour le Liban et la région, le député Ziad Kadri, qui a estimé que ce qui se passe dans la Békaa « est inquiétant et risque d'avoir de graves conséquences », et le président du Parti de l'union syriaque, Ibrahim Mrad, qui a mis en garde contre « une atteinte à la paix civile et à la coexistence ».

Hier, vers 4h15, une bombe, composée d'environ deux kilogrammes de TNT, d'éclats d'obus et de fer, et activée à distance à l'aide d'un téléphone portable, a explosé devant une entrée latérale de l'église syriaque-orthodoxe Notre-Dame à Zahlé. La porte de l'église, située dans la zone industrielle de la ville, a été soufflée par l'explosion. À l'intérieur, des bancs et l'autel...

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