Rechercher
Rechercher

Liban - Bénévolat

Heartbeat offre à Miziara une journée de sensibilisation aux maladies cardiaques

Dépistage, sensibilisation et prévention sont les maîtres mots d'une journée d'action à Miziara organisée par Heartbeat à la mémoire de Philippe el-Hage, pour rappeler que les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité, au Liban et dans le monde.

Les bénévoles, à l’issue de leur mission, devant le dispensaire de Miziara. Photos Heartbeat

Ce dimanche de juillet, ils sont plus d'une centaine à patienter, au dispensaire de Miziara, dans le caza de Zghorta. Munis d'un numéro, ils se plient, l'un après l'autre, à une série d'examens médicaux liés aux maladies cardio-vasculaires : diabète, cholestérol, examens de sang, tension artérielle, électrocardiogramme, ostéodensitométrie et même examens dentaires. Grâce à l'étroite collaboration entre les associations Heartbeat et Un Cœur pour Philippe, ces patients du dimanche suivent un parcours organisé au cordeau, sont interviewés, conseillés, guidés et pris en charge par une équipe soignante d'une soixantaine de bénévoles. Les patients sont alors dirigés vers des médecins, cardiologues, nutritionnistes, tabacologues et dentistes, pour les consultations finales.

Une cause commune
Les couloirs du dispensaire grouillent de monde. Des femmes accompagnent leur mère jusqu'aux bénévoles. Elles profitent de l'événement pour engager la conversation avec la voisine. Une dame se fait enregistrer avec sa femme de ménage. Au détour d'un corridor, un homme arbore un grand sourire et un gilet jaune du Lions Club local. C'est aussi grâce au soutien conjoint du Lions Club du Liban-Nord et de la municipalité de Miziara que les habitants de la localité et de la région bénéficient de ces dépistages. L'action est également destinée aux villages voisins, plus démunis, de Harf Miziara, Behweita et Hmeiss.

« Heartbeat et Un Cœur pour Philippe ont une cause commune : aider les malades du cœur au Liban », explique notre collègue Anne-Marie el-Hage, présidente de l'association Un Cœur pour Philippe (UCPP). « Nous voulons unir nos efforts à long terme, souligne-t-elle. Sensibiliser ensemble aux dangers des maladies cardiaques les populations des régions libanaises en manque d'infrastructure est le point de départ de notre fusion prochaine. » Elle précise que les campagnes de sensibilisation sont menées par Heartbeat en mémoire de son fils Philippe, décédé en 2010 d'une cardiomyopathie. Elle rappelle qu'UCPP et ses médecins ont implanté un cœur artificiel à onze patients avec succès, mais que ces opérations sont désormais prises en charge par l'État.

Cofondée en 2005 par Victor Gebara, professeur et chef de service en chirurgie cardiovasculaire et thoracique à l'Hôtel-Dieu de France (HDF), et par le professeur Ramzi Achouch, chirurgien cardiaque, Heartbeat soigne et opère les enfants du Liban démunis, atteints de maladies cardiaques congénitales. Le partenariat de l'association avec l'HDF et plusieurs de ses médecins a permis d'opérer plus de 290 enfants en 2015, grâce à un budget de près de 2 millions de dollars. « Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité au monde, bien avant le cancer ou le sida », insiste à plusieurs reprises le professeur Gebara. Au dispensaire de Miziara, même le curé du village semble conscient de ces risques au quotidien. Il débarque en habits, salue ses ouailles et s'engouffre dans la salle de consultation.

Déceler tous les facteurs de risque
La campagne de sensibilisation n'en est pas à son coup d'essai. Heartbeat a déjà écumé deux villages libanais, Aarjiss et Rachiine, lors de deux précédentes journées de prévention. Elle n'a pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Le professeur Gebara constate l'importance de ces actions : « Il est primordial de dépister les maladies cardiaques avant qu'elles ne fassent de gros dégâts sur les patients. Il faut traquer les facteurs de risques, comme le diabète ou le cholestérol. » Dans une salle du dispensaire, des patients observent avec inquiétude la goutte de sang qui leur est prélevée pour établir ce fameux taux de cholestérol et de diabète. Moustapha, un habitant du village, attend son tour, accompagné de sa fille Nisrine, mère de famille, qui vient pour un check-up. « J'ai souvent des maux de tête, j'ai vu plusieurs médecins, mais sans résultat », raconte l'homme, en fronçant les sourcils.

Au dispensaire de Miziara, où tout est réglé comme du papier à musique, Moustapha et Nisrine sont dirigés vers une salle pour décrire leurs antécédents médicaux. Nisrine profitera dans la foulée d'un test d'ostéodensitométrie pour dépister une éventuelle maladie osseuse. Des résidents et des internes volontaires de l'HDF mènent les consultations, assistés de bénévoles de Heartbeat, qui prennent la tension, le pouls et le poids des patients. Sarah Mouawad, en septième année de médecine à l'Université Saint- Joseph, chapeaute ses collègues : « Il faut déceler tous les facteurs de risques. Souvent, les patients n'imaginent pas qu'ils peuvent avoir le diabète. » A côté, Soukayna Aoum, une infirmière de l'HDF, également bénévole, vérifie le taux de glucose d'une religieuse du village.

Dans la pièce d'en face, Georgio Haddad et Cyrille Kai, tous deux étudiants en sixième année de médecine, établissent l'électrocardiogramme d'une patiente : « Nous devons surtout observer les symptômes d'un potentiel problème cardiaque, comme une déficience des ventricules du cœur. » Les internes procèdent avec grand soin. Malgré l'âge avancé de la patiente, les résultats sont bons. Ces deux médecins participent pour la première fois à cette journée de sensibilisation et font part de leur fierté de porter les couleurs de Heartbeat, avec dans le dos la mention « À la mémoire de Philippe el-Hage ».

Une bouche gâtée, un cœur en danger
Au cœur de la consultation, Tony Abdel Massih, professeur associé de cardiologie à la faculté de médecine de l'USJ, cofondateur d'UCPP et coordinateur du Programme de l'insuffisance cardiaque à l'HDF, reçoit un à un ces patients d'un jour, dans un cabinet vitré. Il tient à expliquer aux habitants l'importance de la prévention des maladies cardiovasculaires qui « demeurent depuis des décennies la première cause de mortalité au monde et surtout au Liban ».
Plus loin, le docteur Élie Sawan, un jeune chirurgien cardiaque spécialisé en pédiatrie, répond aux questions des patients et ajuste leurs traitements, accompagné par une résidente, Rayanne Mouawad. « Ils sont souvent habitués à un régime alimentaire très gras, avec beaucoup d'huile, qui favorise le diabète et le cholestérol », constate le spécialiste.
Rouhana D., un ancien soldat de 72 ans, venu de Bouhayri, à sept kilomètres de là, est un habitué du dispensaire. Il montre le sac rempli de ses médicaments. Après avoir bénéficié de toute la batterie d'examens médicaux, il repart avec un générique offert par un laboratoire pharmaceutique. Un médicament qu'il pourra se procurer ultérieurement, à moindre coût.

Dans une salle de consultation, le docteur Fady el-Hage, chirurgien-dentiste, vice-président de l'UCPP, s'occupe d'un patient. Ici, on fait uniquement du dépistage et de la sensibilisation. Il insiste sur le lien entre l'hygiène dentaire et les maladies cardiaques. « Une bouche gâtée, c'est un cœur en danger », dit l'enseignant à la faculté de médecine dentaire de l'USJ. Accompagné de son équipe de dentistes de la faculté de médecine dentaire de l'USJ, ils consultent, sensibilisent, prescrivent des soins et encouragent à une visite chez le dentiste tous les six mois. Au fil des patients, les dentistes constituent une base de données anonymes sur la santé buccale de la population. Une jeune femme découvre ses sept caries. Le Dr Fady el-Hage préconise un rendez-vous dentaire urgent et offre, en attendant, brosses à dents et dentifrice. « Les patients négligent les soins dentaires, car ce n'est pas visible. Ils ne consultent le dentiste que lorsqu'ils ont mal », explique de son côté le Dr Cindy Markbaoui.

À Miziara, la journée de sensibilisation prend fin. Épuisés mais heureux, les bénévoles se congratulent du succès de leur mission. Ils auront vu 134 patients, au total. Prochaine étape, en septembre probablement, pour une nouvelle sensibilisation aux risques des maladies cardio-vasculaires.

 

Lire aussi
Heartbeat : toutes les couleurs du monde !

Rire de tout cœur pour Philippe

Ce dimanche de juillet, ils sont plus d'une centaine à patienter, au dispensaire de Miziara, dans le caza de Zghorta. Munis d'un numéro, ils se plient, l'un après l'autre, à une série d'examens médicaux liés aux maladies cardio-vasculaires : diabète, cholestérol, examens de sang, tension artérielle, électrocardiogramme, ostéodensitométrie et même examens dentaires. Grâce à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut