Victime d'un viol dans un orphelinat de Beyrouth alors qu'il n'avait pas encore neuf ans, Tarek Mallah, aujourd'hui âgé de 23 ans, ne baisse pas les bras. Depuis quelques années, il s'active pour protéger les enfants de toutes les formes d'abus...
«Je suis le protecteur de 28 000 orphelins vivant dans différentes pensions au Liban», déclare le jeune homme qui se bat pour que d'autres enfants ne vivent pas la même tragédie. Il travaille à l'Agenda légal et publie fréquemment des articles concernant les droits de l'enfant afin de sensibiliser la population à cette question. C'est d'ailleurs ce qui lui a valu d'être élu « l'une des trois figures arabes les plus influentes pour l'année 2015» par le site al-Khayyat al-Saghir.
«Un enfant élevé avec amour et respect aura plus de chance de se construire un avenir fructueux et brillant», estime le jeune homme qui ne garde de son enfance que des souvenirs noirs, gravés dans son esprit. Pour toujours. «Le cœur n'oublie jamais», soupire-t-il.
Une volonté infaillible
Tarek vit aujourd'hui avec sa grand-mère. Elle est la seule personne qu'il lui reste après que «(ses) oncles et tantes ont coupé tout contact avec (lui)». «Elle est tendre, patiente, humaine avant tout, un vrai modèle», ajoute-t-il. Elle l'a accompagné le long de son combat. Est-ce elle qui a marqué sa vision des femmes? «Les femmes sont fortes et les hommes le savent», fait-il remarquer. Et d'ajouter: «On aurait besoin d'une femme présidente de la République.»
Le jeune homme est, en outre, très impliqué dans le mouvement de contestation «Vous puez!» né de la crise des déchets et qui a occupé les rues de Beyrouth durant l'été 2015. «Nous avons pu rassembler les Libanais pour la première fois loin du confessionnalisme qui nous colle à la peau. Notre campagne était incolore politiquement, et c'est ce qui lui a donné son ampleur», précise Mallah.
Au printemps de sa vie, Tarek continue son chemin, et ses combats, avec détermination. Il cherche la vérité, suit son cœur de lion malgré les défaites et, surtout, ne rend pas les armes facilement. «Ils ne pourront pas arrêter ma lutte, je résiste», assure-t-il. Courageux et audacieux, le jeune homme se dit prêt à combattre avec espoir. Pour lui, la vie est un champ de bataille. «Il faut se battre pour gagner, et même en gagnant, il faut garder le courage et l'espoir», souligne-t-il. Et malgré les défis que la vie a mis sur son chemin, il garde le sourire, toujours. «Le sourire est comme les essuie-glaces, il permet d'avancer malgré les fortes précipitations», comme l'enseigne Diogène Laërce. Mallah tourne chaque fois la page avec une volonté infaillible. Le secret de sa force réside dans sa détermination. Ceux qui n'abandonnent jamais gagneront les batailles de la vie. «Et moi je n'abandonnerai jamais», jure-t-il. Un chemin bourbeux peut-être pour un tel héros dans un tel pays.
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