Rien ne va plus entre al-Jadid et Nabih Berry

La guerre entre la chaîne al-Jadid et le président de la Chambre, Nabih Berry, est publiquement déclarée.
La chaîne, qui a été mardi soir la cible d'une nouvelle agression à l'arme automatique, a poursuivi sa campagne contre Nabih Berry qu'elle accuse de malversation dans une affaire qui aurait profité à son « grand ami, l'homme d'affaires koweïtien al-Khourafi ».
Dans les faits, des inconnus armés ont tiré dans la nuit de mardi en direction du bureau du président du conseil d'administration de la chaîne al-Jadid (NTV), Tahssin Khayat. L'agression n'a pas fait de victimes mais de simples dégâts matériels.
Selon la chaîne, un véhicule de type Infiniti s'est garé près du bâtiment situé non loin de l'ambassade d'Égypte. Des éléments armés en sont sortis avant de tirer 21 balles en direction des 7e, 8e et 9e étages qui abritent principalement les bureaux de M. Khayat.
Personne ne s'y trouvait à l'heure de l'agression. Dans son bulletin de 20 heures, la chaîne a rediffusé la teneur d'une investigation effectuée récemment, rappelant que ses révélations ont « dérangé » les personnes visées. Dans ce reportage, al-Jadid a explicitement accusé Nabih Berry d'être impliqué dans une affaire d'abus de pouvoir, pour le compte de son ami al-Khourafi. L'investigation montrait clairement comment l'appel d'offres effectué pour la gestion et l'exploitation des parkings de l'Aéroport Rafic Hariri, remporté par une société locale, VIP, « avait déplu à M. Berry ».
« Ce dernier n'a pas trouvé mieux que de convoquer le directeur du département des adjudications pour lui demander de redéfinir le cahier des charges, une requête qui a été aussitôt relayée par le ministre des Transports Ghazi Zeayter (député du mouvement Amal) annonçant une nouvelle date pour le cahier des charges, le 4 juillet », précise al-Jadid. Le directeur a obtempéré « en dépit d'une décision contraire prise par le Conseil d'État, qui avait été saisi par la société lésée ».
C'est finalement la société de Nasser al-Khourafi qui a remporté l'appel d'offres, « après que le ministre Zeayter eut mis au point un cahier des charges à sa juste mesure », commente encore al-Jadid.
Notons qu'à la suite de l'agression contre la chaîne al-Jadid, plusieurs personnalités politiques ont condamné hier cette atteinte à la liberté de la presse et le recours à la violence pour museler un média.
C'est notamment la réaction de l'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui, dans un communiqué, a dénoncé l'incident. M. Rifi a pris contact avec le procureur près la Cour de cassation, Samir Hammoud, pour lui demander de se saisir de l'affaire. Ce dernier a chargé les services de renseignements au sein des FSI d'ouvrir une enquête.