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À La Une - Témoignage

Arash, un habitant de Qamichli : "Le sol était couvert de sang, je ne voyais que des corps déchiquetés"

"L'EI se venge des Kurdes", affirme le jeune homme à L'Orient-Le Jour.

Arash était dans son bureau, à quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat perpétré mercredi par l'EI à Qamishli lorsqu’il a entendu la déflagration. Il se rend immédiatement sur place, et découvre "l’indescriptible". REUTERS/Rodi Said

Il est environ 9h20 lorsqu’une explosion fait trembler les bâtiments dans un secteur de l’ouest de Qamichli, ville syrienne à majorité kurde. Quelques heures plus tard, l'organisation État islamique revendique l’attentat, précisant qu’un kamikaze à bord d'un camion piégé s’est fait exploser en réponse aux raids aériens de la coalition antijihadistes sur la ville de Manbij (nord).

Arash*, 22 ans, était dans son bureau, à quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat lorsqu’il a entendu la déflagration. Il se rend immédiatement sur place, et découvre "l’indescriptible", confie-t-il à L’Orient-Le Jour. Le jeune homme peine à trouver ses mots. "Le sol était couvert de sang, je ne voyais que des corps déchiquetés, des morceaux de corps… ", raconte Arash, interviewé par téléphone. Selon lui, il ne reste plus rien non plus du camion qui transportait les explosifs, "absolument rien".

Ce qu’il n’oubliera pas, poursuit-il, c’est cette petite fille d’à peine deux ans à la recherche de sa mère. "Elles se dirigeaient vers le souk lorsque l’explosion a eu lieu, explique le jeune Syrien. On ne connaît toujours pas le sort de la maman. La petite fille a, elle, été recueillie dans un centre des Assayech (services de sécurité kurdes) en attendant que quelqu’un s'enquiert d’elle". Arash a aussi vu une mère chercher, en pleurs, son fils dans les décombres. "Il y a beaucoup d’enfants disparus, c’est terrible".

Très vite, une cinquantaine de membres des Assayech ont bouclé les lieux. Mais lorsque les ambulances sont arrivées, elles n'étaient pas en nombre suffisant pour transporter les victimes. "Des voitures de civils ont dû être utilisées", affirme Arash. Alors que les médias avançaient, à la mi-journée, un bilan de 44 morts, Arash affirme qu'il pourrait dépasser les 50 morts. "L’hôpital principal de Qamichli et les trois autres, plus petits, sont pleins, ajoute-t-il. Certaines victimes ont été transportées vers des hôpitaux des villages voisins, tels que Ras el-Aïn".

 

"Ils se vengent de nous"
Cette situation désole Arash, d’autant plus que, avant cet attentat, les habitants de Qamichli vivaient une vie "relativement paisible". "Mais deux jours avant l’attentat, ajoute-t-il, des rumeurs circulaient sur la présence d’une voiture piégée dans la ville". Aujourd’hui, cet attentat, le plus meurtrier depuis le début de al crise syrienne en 2011, "a plongé les habitants de Qamichli dans la peur. Mais aussi tous les déplacés, venus de Raqqa, Deir ez-Zor, Alep, et qui pensaient être en sécurité ici", poursuit le témoin.   

Selon le jeune homme, l'EI a visé Qamichli pour "se venger des Kurdes", car ils font partie de l'alliance des FDS (Forces démocratiques syriennes), soutenue par les États-Unis, qui assiège depuis des semaines Manbij, un bastion de l'EI dans le nord de la Syrie.

Après cet attentat, dit Arash, un grand nombre d'habitants, terrifiés, envisagent de quitter Qamichli, qui se trouve à la frontière avec la Turquie. Problème : selon le jeune Syrien, les Turcs ne laissent passer personne, alors que "les forces armées turques violent les frontières chaque jour.."

 

*Ce prénom, d’origine kurde, a été choisi par la personne interviewée qui a souhaité rester anonyme.

 

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commentaires (2)

Profitant de son intervention au Conseil de sécurité des Nations unies lundi 25 juillet, le diplomate syrien Bachar Al-Jaafari a annoncé que le raid aérien français mené en Syrie, en représailles à l'attentat de Nice du 14 Juillet avait causé la mort de 164 villageois – soit près de deux fois le nombre de victimes de la Promenade des Anglais. Le diplomate a regretté le manque de communication entre les autorités syriennes et les forces de la coalition, menée par les Etats-Unis et à laquelle participe la France, qui aurait pu permettre d'éviter ce genre de drame. Selon le responsable syrien, les autorités françaises ont souhaité frapper les positions de l'Etat islamique, dans le village de Toukhan al-Koubra au nord du pays, dans le cadre des opérations de la coalition internationale. Or, a-t-il indiqué, «Daesh a pris en otage les [habitants de ce village] et s'en est servi comme boucliers humains». «Lorsqu'ils ont appris que le président français avait déclaré que la France allait venger [les attentats de] Nice, les commandants de Daesh ont donné l'ordre [à leurs forces] d'évacuer ce village» a précisé le diplomate. Par conséquent, lorsque les avions militaires français ont bombardé cette position, les combattants djihadistes avaient fuit celle-ci... mais les civils s'y trouvaient encore.

FRIK-A-FRAK

20 h 12, le 27 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • Profitant de son intervention au Conseil de sécurité des Nations unies lundi 25 juillet, le diplomate syrien Bachar Al-Jaafari a annoncé que le raid aérien français mené en Syrie, en représailles à l'attentat de Nice du 14 Juillet avait causé la mort de 164 villageois – soit près de deux fois le nombre de victimes de la Promenade des Anglais. Le diplomate a regretté le manque de communication entre les autorités syriennes et les forces de la coalition, menée par les Etats-Unis et à laquelle participe la France, qui aurait pu permettre d'éviter ce genre de drame. Selon le responsable syrien, les autorités françaises ont souhaité frapper les positions de l'Etat islamique, dans le village de Toukhan al-Koubra au nord du pays, dans le cadre des opérations de la coalition internationale. Or, a-t-il indiqué, «Daesh a pris en otage les [habitants de ce village] et s'en est servi comme boucliers humains». «Lorsqu'ils ont appris que le président français avait déclaré que la France allait venger [les attentats de] Nice, les commandants de Daesh ont donné l'ordre [à leurs forces] d'évacuer ce village» a précisé le diplomate. Par conséquent, lorsque les avions militaires français ont bombardé cette position, les combattants djihadistes avaient fuit celle-ci... mais les civils s'y trouvaient encore.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 12, le 27 juillet 2016

  • Cela va continuer à se passer de la sorte jusqu'au jour où , enfin, on réalisera que le seul moyen d'en finir avec ces bactéries , c'est de lui écraser la tête dans le nid qui le couve .... tout le monde sait où il se trouve et pour le compte de qui il agit , il faut juste une décision commune entre les pays civilisés ..

    FRIK-A-FRAK

    19 h 58, le 27 juillet 2016

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