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Liban - Changement climatique

Mise au point des actions pour réduire les émissions libanaises de gaz à effet de serre

Les différents acteurs du dossier au Liban se sont réunis pour la première fois afin de profiter de l'élan de la COP21 de Paris.

Les différents acteurs concernés par la question de la lutte contre le réchauffement climatique réunis hier à Beyrouth.


Sept mois après la signature de l'accord planétaire sur le changement climatique à Paris, en décembre dernier, différents acteurs concernés par le domaine au Liban se sont réunis hier à l'hôtel Movenpick de Beyrouth. Les présentations se sont enchaînées pendant plusieurs heures pour mettre en place une stratégie nationale de lutte contre le changement climatique, en présence du ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk.
Le 22 avril dernier, le Premier ministre, Tammam Salam, signait, aux Nations unies (New York), les accords de Paris, à l'instar de près de 180 pays. Le Liban s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (CO2) de 15 %, sans financement supplémentaire, et jusqu'à 30 %, si le pays reçoit une aide de la communauté internationale. Pour établir les engagements libanais en prévision de la COP21, l'équipe libanaise et internationale avait alors utilisé un jeu de données collectées sur le terrain entre 1994 et 2010. De ces informations, le groupe de travail avait établi des tendances de consommation d'énergie jusqu'en 2030. Grâce à ces estimations, les experts ont ciblé leurs actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15 à 30 % d'ici à 2030.
« Cette conférence vise à réaffirmer les actions du Liban en matière de lutte contre le changement climatique. Elle doit aussi permettre de réunir davantage de fonds, de mettre en avant les actions qui ont été déjà validées par le Conseil des ministres et de faire avancer le reste des engagements », explique à L'OLJ Léa Kai Aboujaoudé, coordinatrice du projet sur les technologies au sein du Programme de développement des Nations unies (Pnud). Pourtant, les programmes nationaux et internationaux contre le changement climatique rencontrent des difficultés à s'accorder, selon elle. « Le Pnud ne peut intervenir que si les ministères demandent des conseils techniques ou des audits », dit-elle, en référence aux limites de la marge de manœuvre dont disposent les organisations internationales.
Le Liban doit agir sur quatre terrains pour parvenir aux objectifs qu'il s'est fixé : le secteur de l'énergie, celui des déchets, des transports et de la reforestation. Ces thèmes ont fait l'objet de sessions de travail distinctes, sans propositions vraiment concrètes. « Sans la participation du secteur privé, encadrée par une législation précise, ces propositions resteront abstraites », affirme Samir Skaff, président de l'ONG Green Globe, qui était présent sur place.

La « faillite » de l'État
« Qui est venu en vélo à la conférence d'aujourd'hui? » lance George Xanthakos, expert en transports pour le Programme de soutien pour les infrastructures des secteurs stratégiques et des financements alternatifs (Sissaf) et de l'Union européenne. L'assistance s'esclaffe et seul un vieil homme lève la main. En attendant, la ligne de transports publics pour le Grand-Beyrouth demeure à l'étude. « Il n'y a pas d'espace sur les routes existantes. Elles sont déjà saturées », déplore Samir Skaff.
Un autre enjeu national revient alors sur la table. Les déchets sont responsables pour 9 % des émissions de gaz à effet de serre au Liban, en raison de leur fort taux de méthane. Pourtant, seule une présentation de 10 minutes est consacrée à la question. « Le gouvernement est déconnecté de la réalité alors que les municipalités travaillent pour former les membres de leurs conseils à ces questions », réplique Samir Skaff. « Nous avons soumis au gouvernement des solutions sur chacun des points discutés », insiste-t-il.
La gestion des eaux usées représente aussi un obstacle important. Moufid Dhaini, directeur du service de l'environnement du ministère de l'Énergie et de l'Eau, précise que « 54 usines de traitement des eaux existent ou sont en cours de création, sachant que celles qui sont terminées ne fonctionnent pas toutes, par manque d'électricité ». Une circulaire devrait être distribuée aux municipalités pour collecter les données afin d'établir un plan d'action, selon lui. Samir Skaff n'est pas d'accord. « L'État a déclaré sa faillite sur cette question », s'insurge-t-il, rappelant que « la station d'épuration de Tripoli, la plus grande du pays, coûte très cher en maintenance, alors qu'elle n'est même pas connectée au réseau de canalisations ».
Quant à la reforestation, essentielle pour une meilleure absorption du CO2 dans l'atmosphère, Chadi Mehanna, directeur du développement rural et des ressources naturelles du ministère de l'Agriculture, s'est engagé à « planter au moins la moitié des 40 millions d'arbres promis », en référence à un plan national de reboisement. Un chiffre jugé « utopique » par Samir Skaff qui estime que les « pépinières du gouvernement ne sont pas fonctionnelles ».
La conférence s'achève sans que l'extraction du gaz et du pétrole ne soit abordée. « Il n'y a pas de programme vis-à-vis de l'exploration du gaz et du pétrole au Liban, c'est un sujet nouveau. Lorsque l'administration libanaise du pétrole (LPA) précisera le programme d'exploration, la question sera incluse dans le programme du ministère de l'Environnement », déclare Pierre Khoury, du Centre libanais de conservation de l'énergie (LCEC), relevant du ministère de l'Énergie. Pour Samir Skaff, « ce programme sur l'extraction du pétrole et du gaz ressemble à un fromage, chacun découpe sa part », selon un « processus qui n'est pas transparent ».

Des sources internationales de financement
Tous les intervenants s'accordent sur une difficulté majeure : les Libanais ont du mal à investir à long terme. Des fonds de la communauté internationale sont nécessaires.
« Des financements de la part de l'Union européenne (UE) et des gouvernements allemand et australien nous ont permis de collecter les informations sur le terrain et d'élaborer la liste des engagements libanais, ainsi que leur suivi », précise Pierre Khoury à L'OLJ. Il ajoute que les fonds internationaux de 180 milliards de dollars annoncés par les pays donateurs signataires de l'accord de Paris, dont pourrait profiter le Liban, « n'ont pas pour l'instant de traduction concrète ».
« Nous devons déjà mettre en place des actions sur le terrain pour parvenir à la réduction de 15 % d'émission de gaz à effet de serre d'ici à 2030, afin d'obtenir d'autres financements pour réduire cette pollution de 30 % », analyse Vahakn Kabakian, directeur du projet du changement climatique du Pnud et du ministère de l'Environnement, en réponse à une question de L'OLJ. Un long chemin de croix s'annonce avant la mise en place de solutions locales et concrètes.

Sept mois après la signature de l'accord planétaire sur le changement climatique à Paris, en décembre dernier, différents acteurs concernés par le domaine au Liban se sont réunis hier à l'hôtel Movenpick de Beyrouth. Les présentations se sont enchaînées pendant plusieurs heures pour mettre en place une stratégie nationale de lutte contre le changement climatique, en présence du...

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