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Le village préféré des Libanais - 2016

Le village préféré des Libanais : #9 Sarafand, le réveil d'une cité mythique

Chaque année et pendant trois ans, les lecteurs de « L'Orient-Le Jour » au Liban et dans le monde voteront pour « Le village préféré des Libanais ». Un reportage écrit et une vidéo, chaque jour pendant dix jours, pour vous aider à choisir...

C'est vers le milieu du Ier siècle av J.-C. que les habitants ont mis au point la technique de la canne de verrier, permettant ainsi d'ouvrir à l'infini le champ des possibilités dans le travail du verre. Photo Anne Ilcinkas

Prospère cité artisanale du temps des Phéniciens, située entre Saïda et Tyr, Sarafand, Sarepta de son nom phénicien, occupe une place particulière dans les religions abrahamiques. Longtemps relégué au second plan, cet héritage reprend vie sous l'impulsion d'acteurs locaux.


Située en bordure de l'autoroute reliant Beyrouth et Saïda à Tyr, Sarafand ressemble au premier abord à d'autres localités de la région, relativement épargnée par l'urbanisation sauvage. Bâtie à l'origine sur le littoral, son extension moderne s'est progressivement étendue sur les collines alentour.
Nichée dans un écrin naturel avantageux faisant la part belle à la pêche et à l'agriculture, Sarafand est aujourd'hui une agglomération à dimension humaine avec ses petits commerces et ses habitants chaleureux. Un village au nom mythique, dans lequel on ne soupçonne pas l'existence de trésors d'histoire.
Sarafand doit ses lettres de noblesse à la fabrication du verre, artisanat dont la confrérie des Khalifé, la plus grande famille de la localité, est la dernière représentante. Au détour d'une ruelle, une longue allée mène vers deux bâtiments. Sur la gauche, des sacs en jute remplis de tessons et de bouteilles en verre. De l'autre côté, un magasin où sont exposées les nombreuses créations des verriers.


Au bout de l'allée, à l'ombre des grenadiers et des orangers, s'élève un four rudimentaire vieux de 2 000 ans, datant de l'époque gréco-romaine. Deux autres fours sont également installés à l'extérieur. Les Khalifé ont perpétué depuis des générations l'art du travail du verre. Mais, depuis plusieurs mois, ils ne reçoivent plus de commandes. Hussein, le dernier souffleur de verre, multiplie les expositions pour faire connaître sa passion et son métier.
C'est vers le milieu du Ier siècle av J.-C. que les habitants ont mis au point la technique de la canne de verrier, permettant ainsi d'ouvrir à l'infini le champ des possibilités dans le travail du verre, jusque-là utilisé comme une simple matière d'ornement. Cette civilisation marchande et marine a ensuite diffusé cette technique à travers la Méditerranée.


En plus du verre, la pêche est l'autre principal héritage de l'époque dorée de la Phénicie antique. Les nombreux restaurants de fruits de mer et de poisson sont concentrés dans la bourgade voisine de Khaïzarane. Un peu décrépits avec le temps, ces établissements, qui souffrent du manque de clients, conservent néanmoins un charme désuet qui témoigne d'une période prospère, mais révolue. En revanche, les mets sont frais et délicieux.

 

 

 

 

Tanit / Astarté
À l'extrémité nord de Sarafand, se dresse un tumulus, baigné par une mer turquoise, mais recouvert par une végétation sauvage. Cette bosse naturelle abrite le site archéologique de Sarepta, la seule ville située au cœur de l'ancien territoire de la Phénicie qui a pu être fouillée et étudiée complètement. Des fouilles menées entre 1969 à 1974 par l'archéologue américain James B. Pritchard ont révélé que le site avait été bâti à l'âge de bronze.


Parmi les découvertes majeures sur le site de l'ancienne Sarepta, qui appartenait au royaume de Tyr, le culte de la déesse phénicienne Tanit, figure en haut de la liste. Avant que son culte ne prenne son essor à Carthage, Tanit fut d'abord la déesse tutélaire de Sarepta. Cette divinité, également connue sous le nom d'Astarté, était chargée de veiller à la fertilité, aux naissances et à la croissance.
Les pièces d'industrie métallurgique, les ustensiles servant au travail de la pourpre et les masques de terre cuite, également dégagés sur le site, montrent que Sarepta était un important centre artisanal au IIe millénaire de notre ère. En hébreu, le mot Zarapeth, duquel Sarepta tire son origine, désigne le travail de fonderie. Une signification reprise pour le terme Sarafand, d'origine syriaque.


Aujourd'hui, le site antique trône dans l'anonymat le plus total. Plus aucune structure n'est désormais visible sur les lieux abandonnés sous les broussailles. Seul subsiste un monticule en pierre, errant sur un éperon rocheux. Il s'agissait d'un poste avancé de surveillance, dernier vestige de remparts construits à l'époque des croisades. Il n'est accessible qu'aux clients du Fouad Ville, un complexe hôtelier aux murs défraîchis qui n'ouvre que quelques semaines par an, l'été. Son propriétaire explique que ce site faisait partie du terrain sur lequel il a construit son hôtel.

 

Jésus et Mahomet
Lieu d'importance historique, la ville de Sarafand jouit également d'un riche héritage religieux. Une légende transmise depuis des siècles dans la région dit que Jésus, accompagné de la Vierge Marie, est passé par Sarafand lors de son périple qui l'a mené à Cana, où il avait accompli son premier miracle en transformant l'eau en vin durant des noces qui y étaient célébrées.
Les habitants de Sarafand vous diront que les deux plus importantes figures de la religion chrétienne ont foulé de leurs pieds une bande de plage de sable longue de 500 mètres et située à moins d'un kilomètre au sud du site archéologique de la ville. Aucune référence écrite ne témoigne cependant de la venue de Jésus à Sarepta.


La Bible parle à deux reprises de la cité. Dans l'Évangile selon Luc, Jésus évoque à Nazareth l'épisode de la veuve de Sarepta avec le prophète Élie, racontée dans le Livre des rois, faisant partie de l'Ancien Testament. Élie y accomplit deux miracles : l'abondance de la farine et de l'huile, et la résurrection du fils de la veuve.


Sarafand rend également hommage à deux hauts personnages de l'islam. Sur la route côtière, dissimulé dernière une rangée de maisons bétonnées en forme de cube, le mausolée chiite construit en l'honneur de Khodr (saint Georges), un personnage mystique dans la tradition chiite, héros d'une légende dans lequel il tue un monstre terrible à qui il fallait livrer une jeune fille.
Sur les hauteurs de la ville, s'élève un autre mausolée, celui d'Abou Dhar al-Ghifari, un compagnon du prophète Mahomet, connu pour être l'un des premiers convertis à l'islam.
Les deux mausolées font l'objet depuis plusieurs mois de travaux de rénovation et d'agrandissement. Les habitants sont extrêmement attachés à ces deux personnages, considérés comme les protecteurs de la localité.

 

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Comment y accéder

Sarafand est à 58 km au sud de Beyrouth, dans le caza de Saïda, au Liban-Sud.
Pour y accéder, prendre l'autoroute côtière en direction de Tyr. Après avoir passé Saïda, rouler 16 km et prendre la sortie Sarafand. Il faut compter moins d'une heure pour y arriver en l'absence de trafic dense.


À ne pas rater

- Visite des fours et du magasin exposant les objets fabriqués par les maîtres verriers de la famille Khalifé. Si le four est en marche, vous pourrez observer les artisans au travail avec leurs cannes à souffler et vous faire conter l'art du verre par des personnes passionnées. Assurez-vous-en auprès de la verrerie.

- Visite du mausolée d'Abou Dhar al-Ghifari. Situé en hauteur de la localité, il offre un point de vue unique sur l'ensemble de la localité. Le bâtiment étant en pleine rénovation, vous pourrez déambuler autour du cimetière attenant.

- N'hésitez pas à vous arrêter dans l'un des nombreux restaurants de poisson et de fruits de mer installés sur le front de mer de Sarafand et aux alentours. Réputés pour leur respect de la tradition et la fraîcheur de leurs mets, ses restaurants ont chacun son identité.


Fiche technique

-Superficie : Près de 10 km carrés

-Altitude : 6% de la superficie de la ville se situe entre 0 et 5 mètres; 42%, entre 5 et 50m; 11%, entre 50 et 100m; 34% entre 100 et 150m; 7% à plus de 150m

-Nombre d'habitants : 18.000 environ, dont 20% âgés de moins de 20 ans

-Président du Conseil municipal : Ali Haïdar Khalifé

-Où dormir
Fouad Ville : 07-750016 ; Mounes Hôtel : 03-826691 ; Orass Hotel & Beach : 07/721690 (le camping ne se trouve pas dans la commune de Sarafand, mais plus haut...)

-Où manger
Zahrat Khaizaran : 07-441052 ; Aarouset Khaizaran : 03-961096 ; Jazirat el-Bahr : 03-325730 ; Elissa : 03-737592 ; al-Chahrour : 03-447416 ; al-Mounes restaurant : 03-826691 ; Fouad Ville Family Club : 03-350016.

-Climat : Le climat est de type méditerranéen, doux à chaud, et humide sur la côte

 

Prochain (et dernier) article : demain, Yammouné.

 

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Prospère cité artisanale du temps des Phéniciens, située entre Saïda et Tyr, Sarafand, Sarepta de son nom phénicien, occupe une place particulière dans les religions abrahamiques. Longtemps relégué au second plan, cet héritage reprend vie sous l'impulsion d'acteurs locaux.
Située en bordure de l'autoroute reliant Beyrouth et Saïda à Tyr, Sarafand ressemble au premier abord à...
commentaires (2)

L’intérêt de Sarafand réside dans sa valeur archéologique et historique et non dans un quelconque bâtiment,l’article est par ailleurs bien fait….

Emile Antonios

19 h 08, le 22 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • L’intérêt de Sarafand réside dans sa valeur archéologique et historique et non dans un quelconque bâtiment,l’article est par ailleurs bien fait….

    Emile Antonios

    19 h 08, le 22 juillet 2016

  • Dommage qu'il n'y ait pas une jolie maison ou un beau bâtiment à nous montrer...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 38, le 22 juillet 2016

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