Une femme passe ce 11 juillet 2016 à Athènes devant un magasin proposant des soldes d’été. Louisa Gouliamaki/AFP
Il y a un an, le Premier ministre grec Alexis Tsipras capitulait et signait un troisième plan d'aide à la Grèce. Aujourd'hui, Athènes est rentrée dans le rang, mais les mesures difficiles continuent de s'abattre sur des Grecs exténués.
Fin juin 2015, le jeune leader de Syriza et son iconoclaste ministre des Finances Yanis Varoufakis n'avaient pas réussi, après cinq mois de bataille, à convaincre les créanciers du pays (UE, BCE, FMI) d'adoucir les mesures d'austérité imposées par les deux premiers plans conclus depuis 2010.
Sevrée d'aide financière, la Grèce alors manque fin juin un remboursement au FMI, événement rarissime. Alexis Tsipras annonce un référendum sur la dernière proposition en date des créanciers. La panique bancaire menace et un contrôle du crédit – toujours en vigueur quoique assoupli – doit être instauré.
Le 5 juillet, les Grecs disent non aux créanciers à plus de 61 %. Malgré cette victoire, Alexis Tsipras refuse le risque d'une sortie de l'euro. Une semaine plus tard, le 13 juillet, il signe le troisième prêt au pays de 86 milliards d'euros (95 milliards de dollars) sur trois ans, mais assorti de nouvelles hausses d'impôts, réforme des pensions, mesures diverses si dures qu'il est qualifié de « coup d'État » sur les médias sociaux.
Mais depuis, la Grèce l'applique malgré la grogne sociale et les répercussions sans précédent de la crise migratoire de 2015. Le pays a déjà obtenu de l'UE le versement de 28,9 milliards d'euros (31,9 milliards de dollars) et un début de discussion sur l'allègement de sa dette de 182 % du PIB. « La Grèce a franchi un cap critique », se félicitait le mois dernier le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Cependant, le directeur général du Mécanisme européen de stabilité Klaus Regling déplorait qu'à cause « de longues négociations », il ait fallu « neuf mois au lieu de trois » pour conclure la première évaluation du programme.
M. Tsipras se dit ferme sur ses principes voulant aussi répondre aux nombreuses défections et critiques au sein de son parti Syriza depuis sa volte-face l'année dernière. La semaine dernière, il a ainsi qualifié sur Twitter la victoire du non l'an dernier « d'acte sublime de résistance » contre l'Europe de l'austérité.
Cette manière de « faire semblant de négocier de manière très dure et de laisser les choses traîner peut s'avérer son erreur la plus grave », remarque le politologue Georges Sefertzis.
« Dépression massive »
Le PIB grec devrait cette année, selon la Commission européenne, baisser encore de 0,3 %, recul ininterrompu depuis 2009 hormis en 2014.
Le député du principal parti d'opposition Nouvelle démocratie (ND, conservateur), Théodore Fortsakis, reproche à M. Tsipras d'avoir privilégié les hausses d'impôts sur les baisses de dépenses publiques afin d'atteindre les objectifs d'excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) imposés par le plan : 0,5 % du PIB cette année, 1,75 % en 2017 et 3,5 % en 2018.
Certains, du FMI (qui hésite toujours à s'associer à ce plan) au gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras, jugent irréalistes les 3,5 % d'excédent prévus par les créanciers pour 2018.
Or le gouvernement s'est engagé à tailler encore dans les pensions et traitements de fonctionnaires s'il n'atteignait pas les objectifs et procéder au plan controversé de privatisations. Un engagement risqué qui, selon Georges Sefertzis, pourrait à terme déclencher de nouvelles élections anticipées, le gouvernement préférant « laisser la patate chaude » à ND, créditée actuellement de jusqu'à 11,5 points d'avance sur Syriza.
Mais personne ne les réclame. « Aujourd'hui, résume Georges Sefertzis, le pays commence à être furieux avec Tsipras, mais il n'est pas enthousiasmé par ses opposants. Il est en état de dépression massive, mais pas prêt à se révolter, ne croyant plus à la révolution. »
Odile DUPERRY/AFP