Jeudi soir, au moins un tireur a exécuté cinq policiers à Dallas, aux États-Unis, voulant selon les forces de l'ordre tuer des Blancs en réponse aux abus de la police envers la communauté noire. L'attaque a eu lieu lors d'un rassemblement pacifique contestant la mort de deux citoyens afro-américains abattus par la police cette semaine. Que révèle une telle escalade de la violence ? Et quel est l'impact de cet événement à l'approche de l'élection présidentielle américaine ? Paul Schor, maître de conférences en civilisation américaine à l'université Paris-VII et chercheur sur l'histoire de la construction sociale des catégories ethniques et raciales aux États-Unis, a répondu aux questions de « L'Orient-Le Jour ».
Cette attaque et ses motifs représentent-ils un nouveau palier dans la relation entre la police et la communauté noire ?
Cet événement est inédit. La question est de savoir si on peut relier cela à une manifestation politique ou non. Les Black Lives Matter, mouvement militant pour la cause noire, prendront sûrement toutes leurs distances avec cette attaque. Mais beaucoup de conservateurs risquent de faire l'amalgame entre les mouvements pacifiques qui critiquaient la police et cet événement. Ils tenteront de discréditer les contestations.
En revanche, l'exécution de citoyens noirs par la police n'est pas un phénomène nouveau. Ce qui a changé, c'est qu'aujourd'hui la police comprend de nombreux hommes noirs au sein de ses effectifs, contrairement à l'époque du mouvement des droits civiques dans les années 70. Ces recrutements n'ont pourtant pas mis fin aux violences policières et aux bavures. On observe même que les auteurs de ces bavures peuvent être des policiers noirs. Ce qui est important, c'est la couleur de peau du civil. Un Noir armé est perçu par beaucoup de policiers comme très différent d'un Blanc. L'automobiliste (afro-américain) tué dans le Minnesota mercredi dernier a d'ailleurs averti le policier, lors de son interpellation, qu'il avait une arme, comme la loi l'y autorise. Suite à sa déclaration, le policier aurait pris peur et lui a tiré dessus.
L'explication des Black Lives Matter est que la vie d'un Noir vaut moins cher que la vie d'un Blanc. Mais il y a eu des changements importants. Sur le plan professionnel par exemple, la situation des Noirs s'est nettement améliorée. Sur la question des relations avec la police, les changements sont toutefois très difficiles.
(Reportage : Chaos et terreur au cœur de Dallas)
Barack Obama a dénoncé « des attaques haineuses, calculées et méprisables », pour lesquelles il n'existe « pas de justification ». Quelles sont les conséquences de tels événements sur son mandat qui prend fin en novembre ?
Barack Obama peut déplorer cette situation, mais il ne peut pas faire grand-chose pour la changer. Tout d'abord parce qu'il n'arrive pas à obtenir du Congrès, où les républicains ont la majorité, qu'il y ait par exemple des contrôles plus stricts sur la circulation des armes à feu aux États-Unis. D'autre part, parce qu'il n'a pas d'autorité sur les services de police des États. Il peut demander à la police qu'elle soit plus respectueuse des droits des citoyens noirs, mais il ne peut pas l'imposer. Ce n'est d'ailleurs pas un problème spécifique à l'administration Obama. Un autre président ne pourrait pas en faire plus dans le contexte politique actuel. De plus, un certain nombre d'élus et d'électeurs américains ne veulent pas qu'on remette en cause le rôle de la police et leurs moyens d'action.
(Repère : Retour sur les multiples cas de brutalités policières envers les Noirs aux USA)
À l'approche de la présidentielle, cet événement peut-il influer sur le vote ? Les prochaines élections risquent-elles de mettre le feu aux poudres ?
Ces événements n'auront pas d'impact sur les élections, car les électeurs sensibles à la question des violences policières auraient voté pour Hillary Clinton et, inversement, les personnes estimant qu'il n'y a pas de problème de violence policière auraient voté pour Donald Trump.
En revanche, nous assistons au développement du tripartisme et d'un discours extrémiste de droite depuis quelques années. Le fait que M. Trump soit candidat libère certains tabous, et une part de la population américaine ne dissimule plus sa haine pour la communauté noire, qu'ils assimilent sans ambages à une menace. Par exemple, Joe Walsh, un ancien membre à la Chambre des représentants des États-Unis, a posté sur Twitter : « C'est la guerre maintenant. Fais gaffe Obama. Faites gaffe aux vauriens du mouvement Black Lives Matter. »
Les États-Unis auraient plutôt besoin d'un cours de réconciliation. Au niveau de la société américaine dans son ensemble, mais plus spécifiquement dans la police. Ils devraient mettre en place des techniques de désescalade de la violence, plutôt que de répandre la politique On tire avant, on réfléchit après. La polarisation actuelle des politiques ne va pas dans le sens de la réconciliation. Ces violences et crispations présentes dans la société et cette polarisation sont deux choses différentes, mais se nourrissent l'une de l'autre. On peut s'attendre, lors des prochaines élections, à ce qu'il y ait d'autres dérapages verbaux. La paranoïa vis-à-vis du terrorisme, de l'immigration et de l'islam existait déjà. Se rajoute maintenant une nouvelle peur autour de l'idée que les Noirs pourraient représenter une menace.
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On va y arriver lentement mais sûrement, les usa fourbes vont imploser en états noirs , blancs ,jaunes islamiques et Latinos. Ils sont voulu diviser le monde pour reigner , le monde va les diviser pour leur couper les ailes néfastes . On rigolera moins quand ça va arriver , mais faut s'y preparer. ..
11 h 34, le 10 juillet 2016