Les États-Unis sont entrés de plain-pied dans une phase de glacis préélectoral, ce qui ne les empêcherait guère, si un certain Donald Trump venait, à Dieu ne plaise, à être élu président, de transformer la planète en chaudière ;
La France a entamé dans la douleur sociale – et l'archaïsme syndical – la dernière année d'une présidence qui se voulait « normale » et qui a fini, très tôt d'ailleurs, par être anormalement mal-aimée ;
Le Royaume-Uni vient de se tirer une balle dans le pied avec l'aide d'un Premier ministre imprévoyant et d'une Angleterre provinciale qui se délecte d'avoir fait le pied de nez à son arrogante et trop trendy capitale ;
La locomotive allemande emmène l'Europe tout entière – et avec elle le rêve de Jean Monnet – droit au mur... En Russie, le tsar du XXIe siècle continue à croire en son destin de sauveur... des tyrans de ce monde ;
Et au Moyen-Orient, les journaux télévisés des chaînes arabes n'ont plus que le loisir de modifier, chaque jour, l'ordre hiérarchique de présentation des carnages en cours. Lundi, c'est 1-Syrie, 2-Irak, 3-Yémen... Mardi, c'est 1-Libye, 2-Irak, 3-Syrie... et ainsi de suite.
Et le Liban dans tout cela ? Si le Royaume-Uni a opté pour la solitude, ici le mot qui convient c'est plutôt « isolement ». Sans référendum... Juste le fruit de politiques donquichottesques en défense d'un jusqu'au-boutisme de façade qui cache mal des ambitions factieuses, servies de surcroît par un ministre à qui l'on devrait attribuer le portefeuille des « Affaires populistes » plutôt que celui des Affaires étrangères.
Jusqu'à hier matin, et au vu de l'évolution des choses dans le monde, on pouvait résumer la situation au pays du Cèdre comme suit : présidentielle : R.A.S., loi électorale : R.A.S., politique : R.A.S., croissance économique : R.A.S., sécurité : R.A.S... La bombe de la Blom Bank ? Trop ciblée, trop peu meurtrière pour être prise au sérieux.
Mais voilà que des kamikazes se font exploser à Qaa, près de la frontière : toujours le prix douloureux de la guerre syrienne à payer, sans qu'apparemment on veuille bien, dans certains milieux concernés, tirer des leçons pour au moins essayer de faire en sorte qu'il n'y ait pas de prochaine fois.
Bien sûr, les attaques de Paris, de Bruxelles, d'Orlando, du Liban et d'ailleurs sont là pour prouver que les illuminés de la terre n'ont guère vraiment besoin de prétexte pour exprimer leur haine de l'humanité, que ce soit en tirant dans le tas ou en se faisant sauter. Ce n'est quand même pas une raison pour leur en fournir.
Le Hezbollah continue pourtant de le faire sans ambages ni scrupules. Son chef ne se targuait-il pas vendredi le plus sereinement du monde d'envoyer ses jeunes combattre à Alep ? Peut-on vraiment trouver cela normal? Jusqu'à quand les Libanais qui avaient su dire non en 2005 à l'arrogance du tuteur syrien et de ses sbires locaux se tairont-ils face à cette autre arrogance ?
Et que dire de celle qui consiste à lancer à la figure de ceux qui critiquent le fait que le Hezbollah, ses armes et ses guerres soient financés en Iran, qu'on se fiche pas mal de leur opinion ? « Allez boire la Méditerranée », leur a suggéré Hassan Nasrallah.
En 2009 aussi, après les législatives de juin, on avait envoyé les électeurs « boire la Méditerranée »...
Pour qu'il accepte de débloquer la vie politique, les institutions, la présidentielle, etc., le parti de Dieu souhaite aujourd'hui qu'on lui serve un nouveau Doha. Dans le genre de celui qu'il avait lui-même dynamité, avec ses suiveurs, en janvier 2011. En d'autres termes, il voudrait qu'on lui renouvelle une fois de plus le quitus pour ses guerres et ses actions unilatérales.
Quitte à isoler encore davantage le Liban, à rendre la vie politique et institutionnelle du pays otage des prédateurs de la région... Et à provoquer d'autres Qaa.
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13 h 00, le 28 juin 2016