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Économie - Éclairage

Le vice-prince héritier saoudien peut-il remporter son pari thatchérien ?

Si Riyad privatise en profondeur son économie pour la rendre moins dépendante aux prétrodollars, les défis restent nombreux pour attirer les investisseurs.

Le vice-prince héritier Mohammad ben Salmane, lors de la présentation du plan « Vision 2030 » à Riyad en avril dernier. Fayez Nureldine/AFP

Après des décennies d'une croissance soutenue par le gouvernement, l'Arabie saoudite a décidé de transférer en grande partie la gestion de l'économie aux entreprises privées. Une perspective qui réjouit les investisseurs, mais les inquiète également dans un contexte d'austérité.
La semaine dernière, plus d'une douzaine de ministres saoudiens ont présenté lors de conférences de presse les grandes lignes du plan de réformes économiques du royaume, le Plan de transformation national (PTN). Ils en ont profité pour chanter les louanges du secteur privé. Le ministère de l'Économie a ainsi déclaré que la suppression des entraves aux entreprises privées était une priorité. Les ministres de l'Éducation et de la Santé ont réclamé des flux de fonds privés dans leurs secteurs et le ministre des Affaires municipales et rurales a dit que ses fonctionnaires deviendraient des « régulateurs, planificateurs et contrôleurs » laissant les capitaux privés développer les villes saoudiennes.


Cela représenterait d'immenses changements pour l'économie, dont la croissance s'est appuyée pendant des décennies sur les généreuses dépenses en pétrodollars du gouvernement. Le vice-prince héritier Mohammad ben Salmane a comparé, dans une interview accordée à un magazine en début d'année, son plan de réforme « Vision 2030 » à la révolution libérale chapeautée dans les années 1980 par l'ex-Première ministre britannique Margaret Thatcher.
Ces perspectives réjouissent certains investisseurs saoudiens, comme en témoigne le bond effectué depuis la semaine dernière par la valeur des actions de quelques entreprises locales qui pourraient bénéficier des opportunités offertes par le plan. « Ce sera un défi positif et engendrera beaucoup de changements même si seulement 50 ou 60 % du plan se réalise », a déclaré à Reuters Mohammad al-Agil, président de Jarir Marketing Co, une importante chaîne de vente de détail saoudienne.

 

(Lire aussi : Riyad réforme les secteurs du commerce et de l'immobilier)


Cependant, d'autres investisseurs s'inquiètent quant à la capacité des responsables publics à rendre le cadre règlementaire suffisamment attractif. Autres craintes : les risques de gâchis et de corruption liés à l'ouverture de dizaines de milliards de dollars de projets au secteur privé, ou encore ceux liés à la capacité des investisseurs privés à financer leurs projets. « Pour ce qui est de la stratégie, je suis optimiste quant aux opportunités qui se présentent... Mais pour ce qui est de sa mise en place, je ne suis pas à l'aise », a déclaré de manière anonyme le directeur des opérations d'un conglomérat saoudien.
« Le secteur privé (...) a besoin d'être convaincu que ses investissements en valent la peine. Jusqu'ici, l'opportunité qu'offre le gouvernement n'est pas claire », a indiqué Ihsan Bu Hulaiga, un économiste saoudien, pour qui il est aujourd'hui difficile d'évaluer les possibilités de succès de l'opération.

 

(Lire aussi : Riyad mise sur la transparence pour promouvoir ses réformes économiques)

 

Besoin d'investissements étrangers
L'Arabie saoudite se tourne vers le secteur privé car le gouvernement ne peut plus se permettre d'accroître ses dépenses dans une période de pétrole à bas prix, comme en témoigne son déficit budgétaire record de près de 100 milliards de dollars en 2015.
Le plan de réforme envisage des dépenses publiques d'environ 270 milliards de riyals (72 milliards de dollars) au cours des cinq prochaines années, sur des projets visant à diversifier l'économie au-delà du pétrole. Le secteur privé fournirait 40 % des financements pour les projets. Ce n'est pas impossible dans une économie où la production du secteur privé était de 320 milliards de dollars en 2015.
Cependant, l'économiste saoudien Fadl Alboainain estime que le secteur privé local n'est probablement pas capable de prendre en charge lui-même les plus gros projets. « En regardant le secteur bancaire local, vous verrez qu'il souffre de la restriction de liquidité, ce qui mène à de hautes marges et à des conditions de prêts resserrées. Cela va limiter les capacités de financement du secteur privé », a-t-il indiqué.
Le plan de réforme vise donc à faire passer les investissements directs étrangers de 8 milliards de dollars en 2015 à 19 milliards de dollars en 2020, notamment en améliorant le climat des affaires dans le royaume. C'est d'ailleurs l'une des raisons de l'actuel voyage de Mohammad ben Salmane aux États-Unis.

 

(Lire aussi : Riyad dévoile plus de 500 initiatives pour transformer son économie)


Depuis l'annonce du PTN la semaine dernière, deux modèles d'investissement ont émergé pour le secteur privé. Le premier repose sur la vente d'actifs publics. Riyad pourrait ainsi commencer à privatiser les services postaux dès début 2017, a déclaré le ministre des Communications. Ces ventes pourraient cependant avoir un coût politique et social important.
Le second modèle est celui d'un partenariat public-privé, au sein duquel les entreprises privées financeraient les projets et empocheraient les revenus de leur exploitation. L'opérateur public Saudi Electricity Co. a ainsi déclaré qu'il invitait les entreprises à exprimer leur intérêt pour la construction de deux centrales électriques à énergie solaire, puis la revente de l'électricité produite, dans le cadre d'un accord à long terme.

 

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commentaires (3)

Läâmâhhh ! Pire que le roûhânîîî Per(s)cé, ce vice.... héritier !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

19 h 25, le 18 juin 2016

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Commentaires (3)

  • Läâmâhhh ! Pire que le roûhânîîî Per(s)cé, ce vice.... héritier !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 25, le 18 juin 2016

  • POUR QUE CES CHANGEMENTS REUSSISSENT... ET LES INVESTISSEURS(ISSEUSES) PUISSENT CIRCULER LIBREMENT DANS LA ROYAUME ET SUIVANT LEURS MOEURS... ILS DEVRAIENT ETRE PRECEDES D,AUTRES CHANGEMENTS... CAR ON FAIT PARTIE DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE ! SI ON REGARDE A TRAVERS LE GOLFE ARABIQUE VERS LA PERSE ON SE VOIT DANS UN MIROIR !!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 10, le 17 juin 2016

  • Le dépouillage de la bensaoudie et bel et bien commencé. Loin de ce que pensaient certains huluberlus qui les croyaient à l'ombre de fonds souverains intarissables. On nous la fait longue pour ce cher le fait que les capitaux étrangers feront la loi, parce que ceux du public SOUFFRENT D'UNE GABEGIE NÉPOTIQUE DÛ À UNE IGNORANCE TOTALE DE CE QUE TRAVAILLER VEUT DIRE DANS CE ROYAUME. IL EST NAÏF DE CROIRE QUE CETTE PLÉTHORE D'IGNORANCE PUISSE PRENDRE UNE QUELCONQUE RELÈVE. CEUX QUI ONT EU AFFAIRE À DES SAOUDOS EN AFFAIRE LE SAVENT TOUS ET J'EN FAIS PARTIE . EN BENSAOUDIE ON TRAITE AVEC DES PAKISTANAIS , ÉGYPTIENS LIBANAIS ETC.... JAMAIS AVEC UN SAOUDO PARCE QU'IL DORT LE JOUR ET REÇOIT LA NUIT DANS SON SALON , ASSIS À SE FRICTIONNER LES ORTEILS ......

    FRIK-A-FRAK

    14 h 56, le 17 juin 2016

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