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Culture - Exposition

Doit-on succomber au design italien ?

Les icônes made in Italy envahissent la villa Audi dans une rétrospective offrant un panorama assez complet, des années 30 jusqu'à nos jours.

La table arabesque de Carlo Molina.

Comme la mode, le design est une seconde nature chez les Italiens. On le croise dans les vitrines des magasins de mobilier dédiés à la grande distribution et dans les pages des magazines où il est devenu une rubrique familière, offrant un écho fertile et cohérent aux vibrations de la mode. Il a souvent une approche ludique, technique et innovatrice. Néanmoins, même si certaines pièces du design italien sont devenues iconiques, elles ne sont pas toujours valorisées, car produites à un grand nombre d'exemplaires.
Mais comment un objet de design devient-il iconique ?

Ailes de chauve-souris
Comment expliquer que des meubles et des objets, créés depuis les années 30 jusqu'à nos jours, n'ont cessé d'être des objets de désir(s) et des marqueurs culturels du contemporain ? De génération en génération, résistant au temps, le design italien n'en finit pas d'embrasser beauté, fonctionnalité et simplicité. Comment expliquer par exemple que, depuis sa création en 1965 à Milan, la lampe Pipistrello résistant aux changements et aux modes, pendant cinquante ans, continue d'incarner la quintessence du design italien ? Parce que le luminaire s'inspire des ailes de chauves-souris, d'où le nom de Pipistrello, signifiant chauve-souris en italien. Parce que l'abat-jour est en plastique, une résine méthacrylate blanc opale thermoformée qui diffuse une lumière douce. Parce que l'architecte Gae Aulenti explore une technologie novatrice à l'époque, car les formes sont complexes à produire. La silhouette conique du pied en métal laqué fait un clin d'œil à l'esprit Art nouveau viennois qui inspirait le courant néo-Liberty auquel la designer et architecte a adhéré. Toujours est-il que la lampe de table est devenue une référence majeure du design italien, voire du design tout court.

Changemenet social
Les nouvelles technologies tentent de créer du neuf et d'ancrer les objets dans l'histoire sur la durée. Dans les années 30, le rationalisme italien, sous l'influence du Corbusier, voit apparaître des matériaux inédits. Le métal remplace le bois, et la matière qui se suffit à elle-même constitue l'unique ornement de l'objet. La production en série de meubles est permise par l'industrialisation et, s'invitant dans tous les domaines de la vie, le design devient industriel. Dans la période Memphis, Ettore Sottsass secoue les conventions et le minimalisme qui sévit alors sur le monde du design. Gio Ponti, parrain de la renaissance italienne du design d'après-guerre, réalise la lampe Pirelli inspirée de la tour construite en 1956 et qui deviendra une icône par sa forme géométrique.
Comment passer de l'artisanat traditionnel à une production de masse où le consommateur en est le cœur ? Grâce au génie des grands architectes qui, après deux guerres successives, ont eu le mérite de sentir le changement social et ont intégré leurs créations dans l'air du temps avec une harmonisation entre forme et fonction, et une utilisation appropriée des matériaux.

Voyage dans le temps
Zanotta et Arflex, deux des plus anciennes maisons qui se maintiennent et dont l'ambition trouve chaque année une confirmation plus évidente dans la qualité séduisante et authentiquement inscrite dans le long terme, confirment un talent dans le choix de leurs designers. Le fauteuil de Terragni (1936), le tabouret des frères Castiglioni (1957) ou le mythique Sacco (1968) de Gatti, Polini et Teodoro perdurent avec une grande constance. Artémide, grande entreprise italienne de luminaires, voit de grands architectes, tels que Vico Magistretti ou Livio Castiglioni, s'emparer de la lumière et la transcender à travers des objets aujourd'hui cultes. Flos, devenue un système solaire à elle seule, affirme la qualité extrême de ses choix artistiques, la continuité de son excellence et la fidélité dont font preuve à son égard les designers tels que Achille et Pier Giacomo Castiglioni, Antonio Citterio et tant d'autres. Kartell, elle, reste une des actrices majeures de la révolution des matériaux plastiques employés dans le cadre du mobilier. De la classique chaise de Joe Colombo, icône des années 60, au divan de Piero Lissoni créé en 2005, elle écrit avec une rare constance de qualité et de créativité un pan de l'histoire du design de ces cinquante dernières années.
Aller à la villa Audi, c'est faire un voyage dans le temps, qui couvre une période vaste et prolifique, un temps qui ne garde aucune ride mais qui permet aux matériaux d'ouvrir des champs de création au travers d'applications concrètes.

* « Icone Del Design Italiano », sous le patronage de l'Institut culturel italien. Exposition curatée par Giorgio Forni et Mimo Semaan. À la villa Audi, Sursock. Jusqu'au 24 juin. Du lundi au vendredi, de 9h à 17h.

Comme la mode, le design est une seconde nature chez les Italiens. On le croise dans les vitrines des magasins de mobilier dédiés à la grande distribution et dans les pages des magazines où il est devenu une rubrique familière, offrant un écho fertile et cohérent aux vibrations de la mode. Il a souvent une approche ludique, technique et innovatrice. Néanmoins, même si...

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