Jean-Marc Ayrault à « L’OLJ » : Je me rendrai prochainement au Liban

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean Marc Ayrault, a indiqué hier à L'Orient-Le Jour qu'il se « rendra prochainement au Liban, en Turquie et en Jordanie », pour discuter de la question de l'aide aux réfugiés syriens dans ces trois pays. Il s'est exprimé lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion ministérielle du Conseil de sécurité qu'il a présidée sur la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix, avec la participation notamment du secrétaire général de l'Onu, du président centrafricain, et du Comité international de la Croix-Rouge.

Syrie : « La situation est dramatique »
Le secrétaire général de l'Onu invite le Conseil de sécurité à « demander systématiquement que les réfugiés et les déplacés soient protégés, et encourage les États membres à favoriser la mise en place de solutions durables pour faire face aux déplacements forcés ». Mais quelles solutions durables envisage le Conseil au Liban qui craint à tout moment l'implantation des réfugiés syriens dans le pays ?
« Je voudrais répondre d'abord à la responsabilité en matière d'atteinte aux droits des civils en Syrie. Là, la situation est dramatique parce que malgré ses déclarations, jour après jour, le régime syrien continue d'attaquer la population. Il n'y a plus de cessez-le-feu. Il y a encore des tirs quotidiens directement sur les civils », a souligné M. Ayrault. « Parlant de responsabilité, le régime a commis des crimes contre l'humanité. Les conclusions de la commission d'enquête internationale sont sans appel. Puisque le régime continue à imposer des obstacles aux secours humanitaires, comme cela s'est passé encore ce matin (vendredi), je tiens ici à nouveau à dénoncer cette situation. Il faut continuer à exiger que la protection des civils soit effective, et il faut continuer à faire pression pour que l'aide humanitaire arrive aux populations, et lutter contre l'impunité », a-t-il ajouté. « S'ils sont accueillis par les pays voisins, c'est que les réfugiés ont aussi l'espoir de revenir en Syrie (...). Je comprends qu'au Liban la situation des réfugiés soit profondément difficile. À la conférence de Londres, la France a été très engagée dans l'aide pour l'accueil et l'organisation des réfugiés face aux difficultés, notamment l'hébergement, l'éducation et la santé. Il faut que cette aide aille prioritairement aux pays voisins. Je me rendrai prochainement au Liban, en Jordanie et en Turquie », a poursuivi le ministre.

Droit international humanitaire
Le ministre français a évoqué également la conférence ministérielle que la France organisera en février 2017 sur la protection des enfants dans les conflits armés, un sujet qui revêt une importance majeure face au mépris de la Syrie, du Yémen et du Soudan, du droit international humanitaire et de l'homme.
« On ne peut pas parler de paix ni de sécurité si le droit fondamental des populations civiles à une protection légitime des civils n'est pas pleinement garanti », a lancé M. Ayrault. « Le Conseil de sécurité se réunit souvent à chaud. Il s'est encore réuni à notre initiative et celle de nos partenaires britanniques pour examiner la situation humanitaire désastreuse en Syrie, qui est la conséquence de la poursuite des bombardements des civils et les entraves mises à l'accès de l'aide humanitaire. »
Le ministre français a aussi relevé l'accent mis par le président de la Croix-Rouge sur la nécessité de respecter les conventions de Genève indiquant que « les guerres sans limites sont des guerres sans fin ».

Ban Ki-moon
À l'occasion d'un débat au Conseil de sécurité sur la protection des civils, le secrétaire général de l'Onu a pour sa part rappelé le rôle crucial que les Casques bleus peuvent jouer pour protéger les civils.
« Renforcer la protection des civils était le thème-clé du Sommet humanitaire mondial et du Programme pour l'humanité. C'est l'un des thèmes dominants des récentes revues des opérations de paix », avait-il souligné dans son discours devant les membres du Conseil.
« La protection des civils est un impératif politique, juridique, moral et opérationnel et c'est la responsabilité première des autorités nationales (...). La solution ultime pour protéger les civils dans les conflits est de trouver des solutions politiques durables, fondées sur la primauté du droit et les droits de l'homme », avait-il encore relevé.