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Économie - Compte-rendu

Salamé confirme la clôture d’une centaine de comptes, le Hezbollah s’insurge

Les députés du Hezbollah ont dénoncé hier les propos tenus la veille par le gouverneur de la BDL dans un entretien avec un média américain, sur l'application des sanctions visant le parti chiite.

Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a indiqué à CNBC que la centaine de comptes déjà fermés correspondait à la liste noire du Trésor américain. Charif Karim / Reuters

Après quelques semaines d'accalmie, la passe d'armes entre le Hezbollah et la Banque centrale (BDL), au sujet de l'application au Liban des sanctions américaines contre le parti chiite et ses soutiens financiers, a repris de plus belle hier.

Une séquence qui a commencé avec une interview accordée mercredi par le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, à la chaîne américaine CNBC. Dans cette intervention, le gouverneur a d'abord confirmé qu' « environ cent comptes bancaires liés au Hezbollah selon l'OFAC (le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain) » avaient été clôturés ou « gelés », tout en précisant que « de par la loi (...), les banques ont l'obligation de fermer (ces) comptes immédiatement sans besoin d'autres formalités ». Pour rappel, dans le cadre du Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 (Hifpa 2015), voté fin décembre par le Congrès américain, l'OFAC a mis à jour en avril une liste noire de 99 personnes ou institutions dont les comptes devaient être fermés, sous peine de sanctions qui signifieraient de facto l'exclusion immédiate des banques contrevenantes du système financier international.

« Derisking » et effet domino
« Nous avons pris la décision d'appliquer la loi américaine et mis en place la structure nécessaire pour appliquer ses objectifs et dans le même temps préserver le droit des chiites d'accéder aux banques », a rappelé le gouverneur. Une position qui résume les dispositions des circulaires émises début mai par la BDL, puis la Commission d'enquête spéciale (CSI), qui imposent notamment un quitus – dans un délai de 30 jours – de la CSI avant toute clôture de comptes bancaires dans le cadre de l'application du Hifpa 2015. Et ce, pour éviter « toute mesure arbitraire » contre les clients non explicitement visés par la liste de l'OFAC. Autrement dit, pour éviter de voir les banques libanaises appliquer une politique de « derisking » consistant à fermer des comptes sans vérifications préalables par la CSI – seule autorité habilitée à accéder aux comptes créditeurs et débiteurs dans le cadre du secret bancaire. Or selon des informations rapportées ces derniers jours par plusieurs médias libanais, les clôtures de comptes opérées par certaines banques dépasseraient largement le cadre de la liste de l'OFAC ou de la procédure prévue par les autorités régulatrices.

Dans son édition de mercredi, le quotidien al-Akhbar indique ainsi que plusieurs structures sociales liées au Hezbollah – dont l'hôpital de Bourj Brajneh, des centres liés à la Fondation al-Shahid ou l'association caritative Comité Emdad – auraient vu leurs comptes fermés. Ce, sans que la CSI n'ait encore statué sur ces demandes de fermetures, selon des sources à la BDL citées par le quotidien le lendemain. Ni la BDL ni aucune des banques jointes par L'Orient-Le Jour n'ont souhaité s'exprimer sur ce sujet et nous n'avons pas été en mesure de vérifier ces informations. Cependant, dans un article publié hier sur son site Internet, Le Commerce du Levant a révélé que certains des fournisseurs d'al-Rassoul el-Aazam lui « ont affirmé n'avoir pas été payés depuis plusieurs semaines, alors que l'établissement est en général ponctuel ». Selon al-Akhbar, l'effet domino ne s'arrêterait pas là, puisque même un établissement – l'hôpital Bahman – affilié à l'association al-Mabarrat de feu Mohammad Hussein Fadlallah, n'aurait plus accès à ses comptes bancaires... L'agence al-Markaziya a toutefois indiqué hier que la CSI allait refuser la fermeture des comptes d'al-Mabarrat, faute de justifications claires et explicites.

 

(Lire aussi : Les attaques du Hezbollah contre le secteur bancaire restent inexplicables)

 

Position « ambiguë et suspecte »
Autant de cas absents de l'interview de M. Salamé, conclue par ailleurs par cette adresse sibylline : « Nous refusons qu'un nombre restreint de Libanais nuisent à l'image du Liban ou à celle des marchés financiers dans le pays. » Il n'a pas précisé s'il faisait là référence aux personnes visées par les sanctions américaines ou plus largement à celles faisant l'objet de mesures internationales contre le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale, également évoquées avec CNBC.

Toujours est-il que cette interview et le contexte dans lequel elle a été prononcée ont à nouveau provoqué l'ire des députés du bloc de Fidélité à la Résistance (BFR), regroupant 14 députés liés au Hezbollah. Après avoir avancé, dans un communiqué publié hier, que « les (nouvelles) tentatives américaines visant à éliminer la résistance et son public à travers le secteur bancaire sont vouées à l'échec » et que « ses institutions d'éducation et de santé ne sauraient être ébranlées par les tentatives de lui porter atteinte », le bloc s'en est à nouveau pris à M. Salamé et à la BDL. « La dernière prise de position du gouverneur de la Banque centrale est ambigüe et suspecte. Elle traduit une tendance à soustraire la politique monétaire des garde-fous de la souveraineté nationale et, par conséquent, nous la rejetons en bloc et dans ses détails », a ainsi déclaré le BFR.

Pour rappel, le BFR avait déjà accusé, mi-mai, la BDL de « contribuer à attiser la guerre d'élimination lancée par les États-Unis » contre le parti, et il avait accusé aussi les banques libanaises d'appliquer avec trop de zèle ces sanctions, en évoquant les fermetures de comptes de députés du bloc ou de leurs proches. Il avait néanmoins adopté une position plus conciliante quelques jours après, suite à une autre intervention de M. Salamé qui explicitait notamment les garde-fous prévus par le régulateur contre les fermetures de comptes abusifs. Cependant, les rebondissements de ces derniers jours semblent confirmer que l'équation entre la toute-puissance financière de la « lex americana » et la préservation de la souveraineté libanaise comme de la stabilité – politique, économique et sociale – du pays, reste à résoudre...

 

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commentaires (6)

Oh les pauvres ils vont crever de faim...

FRIK-A-FRAK

18 h 13, le 10 juin 2016

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Commentaires (6)

  • Oh les pauvres ils vont crever de faim...

    FRIK-A-FRAK

    18 h 13, le 10 juin 2016

  • Et qui met la main sur l'argent dans les comptes fermés? Les USA?

    NAUFAL SORAYA

    10 h 47, le 10 juin 2016

  • J,AI DEJA DIT QUE LES NOUVELLES REGLES ET LOIS FINANCIERES ET BANCAIRES INTERNATIONALES... MAIS DECIDEES PAR LES U.S.... SONT DES EPEES DE DAMOCLES SUSPENDUES SUR LA TETE DE PLUS D,UN ETAT DANS LE MONDE EN SUS D,ORGANISATIONS TERRORISTES REELLES OU QUALIFIEES DE TELLES OU DES PERSONNES PRIVEES. LES HURLUBERLUS MOUMANA3ISTES FANATIQUES ET OBTUS N,ONT PAS SAISI ENCORE ET COMPRIS QUE L,ECONOMIE ... DONT LES DEUX PLUS GRANDS MOTEURS SONT LA FINANCE ET LES BANQUES... FONT DES U.S. LA PLUS GRANDE ET SEULE PUISSACE EXCLUSIVE DANS LE MONDE ENTIER QUI PEUT METTRE A GENOUX SANS APPEL JUSTEMENT MAIS AUSSI INJUSTEMENT ETATS... ARMEES... ORGANISATIONS ET PERSONNES ! LE POUTINE QUI L,A SAISI FAIT LES CHOSES EN ACCORD ET N,OSE PAS Y DEROGER... LES PARACHUTES SONT PRETS... LE TOCSIN NE SONNE PLUS... LE GLAS A PRIS LA RELEVE... OU YIALLI MIN IDOU ALLAH I ZIDOU !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 22, le 10 juin 2016

  • En définitive, à trop large panse, maigre jugeote.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 00, le 10 juin 2016

  • Il n'est salle de coffres profonde ou repaire secret, secret bancaire obscure ou bunker enterré où la fumisterie abhorrée se puisse terrer ; craintive ; sans qu’on la découvre pour la faire trembler !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 55, le 10 juin 2016

  • Le flouze, "nerf de la guerre", même chez les Per(s)cés "divins" ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 51, le 10 juin 2016

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