Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Liban Pop

Pierre Rabbat, cuisinier... d’émissions télé

Sous son allure de trublion sautillant, l'animateur de la MTV est un fonceur, un bosseur qui voit grand et veut aller loin. Rencontre.

Photo DR

Il débarque au siège de la MTV, où a lieu l'entrevue, au pas de charge, le cellulaire vissé à l'oreille, essayant de régler un dernier problème avant l'ultime séquence de Menna we Jorr pour la saison.
Une première saison pour cette adaptation libanaise du célèbre Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna qu'il vient de clôturer avec succès. « 22 épisodes étalés sur 22 semaines et autant de week-ends de travail. Je reviens enfin à une vie normale ! » s'exclame-t-il lorsqu'on l'interroge sur son ressenti. Avant d'ajouter, fièrement : « Mais cela en valait la peine : l'émission a été au top d'audience durant 14 semaines consécutives. »
S'il est légitimement satisfait du boulot accompli ces derniers mois, le producteur-concepteur-animateur de 33 ans ne compte pas s'endormir sur ses lauriers. Juste profiter de ce (relatif) retour au calme pour partager un peu plus de temps avec sa femme (qui devait parfois le rejoindre en soirée à la télé pour pouvoir le voir) et se préparer à devenir... papa. Mais aussi s'adonner à ses loisirs préférés : voyager, cuisiner (il serait, paraît-il, un véritable cordon-bleu) et bricoler (il a un luminaire à terminer pour son salon). Sauf que ce bourreau de travail ne va pas, pour autant, passer un été de cigale. Outre la préparation de la seconde saison de Menna we Jorr – « avec, entre autres, de nouvelles séquences et une bande élargie de chroniqueurs », révèle-t-il –, Pierre Rabbat planche sur deux nouvelles émissions, dont Who Will You Trust ?, sa création personnelle qu'il a présentée au Midem à Cannes. Tout comme il élabore, également, « un projet de start-up technologique qui ressemblera à la télé de demain ».

« Parfois trop directif »
Mais vers quoi se dirige-t-il donc ? « J'aimerais d'abord aller vers des émissions qui me ressemblent encore plus. Et mon objectif, mon rêve, est de pouvoir obtenir une reconnaissance internationale », dira-t-il sans détour. Serait-ce que ces joyeuses ambiances de potaches ne lui correspondent pas vraiment ?
« C'est vrai que je me sens bien dans cette émission de chroniqueurs, mais l'exercice du talk-show direct avec un invité est une option qui me tente également. J'y viendrai plus tard. J'aime donner à chaque projet son temps de maturation, comme il me faut aussi moi-même davantage d'expérience », reconnaît-il.
Du temps, ce perfectionniste, « parfois trop directif, à la limite de l'entêtement », avoue-t-il, aime en prendre pour la conception de chaque émission. « Je les ai toutes préparées et produites. Plans déco, éléments d'électronique, éclairages, installation des décors... Je participe à toutes les phases. Je m'investis dans chaque détail. Et j'adore cela. C'est comme si je construisais ma propre maison pour recevoir mes invités. »
Justement, comment sélectionne-t-il ses invités sur le plateau ? « Je ne le fais pas tout seul. Nous sommes une petite équipe à nous concerter avant de lancer les invitations. Évidemment, pour Menna we Jorr (qui est entièrement consacrée à la critique des émissions télévisuelles), nos invités sont forcément issus de l'univers de la télé et des médias. »

Twitters assassins
Et ses chroniqueurs, comment les a-t-il choisis ? « Tout d'abord en fonction de leurs personnalités », assure-t-il. « Pour animer le débat, il me faut des caractères contrastés : la fille sympathique qui attaque avec le sourire, le philosophe qui décortique tout, la personne d'expérience (en l'occurrence Antoine Kassabian), une autre un peu fofolle et des snipers (comme Habib Ghobril ou Ghassan Rahbani) qui balancent avec humour... Ensuite, il faut qu'il ou qu'elle puisse être potentiellement mon pote. C'est-à-dire qu'on puisse s'apprécier et se supporter mutuellement. Parce qu'en fin de compte, dans une émission à chroniqueurs, il faut que le courant passe comme dans une bande d'amis. » Des chroniqueurs et amis qui ont intérêt à se serrer les coudes pour affronter le mécontentement de ceux qui subissent leurs critiques. Parfois trop poussées... « En réalité, les personnes qui nous en veulent ne sont pas très nombreuses. Car celles qui connaissent vraiment les règles de la télé savent que nous faisons du divertissement et que nous ne sommes pas là pour être méchants et briser des carrières, précise Pierre Rabbat. Les professionnels dans ce domaine, ceux qui ont une certaine expérience, tirent profit du fait que nous parlons d'eux, même en les critiquant. Car cela ne fait qu'augmenter leur notoriété. Les autres le prennent très mal et nous attaquent au moyen d'insultes et petites phrases perfides sur Twitter. Mais bon, c'est le jeu... »

Treize ans déjà...
Un jeu que Pierre Rabbat maîtrise depuis le temps qu'il travaille à la télé. Car mine de rien, il y a débarqué depuis 13 ans ! « Par pur hasard », signale-t-il. Découvert par le PDG de la MTV, Michel Murr, au Virgin Megastore où, étudiant en ingénierie télécom, il faisait un job d'été, le jeune homme volubile est engagé par le frère de ce dernier, Jihad Murr, en 2002, pour animer Rotana Café (sur Rotana TV), une émission consacrée aux gadgets électroniques. Il s'y fera les dents (longues) avant de passer, en 2009, à la MTV, avec Log In, « le tout premier magazine de format réseaux sociaux sur une chaîne libanaise ». En parallèle, vu sa formation, il s'occupe un peu de technique (recherches et développement) à Studio Vision... jusqu'à Men el-Ekher. « C'est un concept que j'avais créé autour de l'idée d'un magazine dont les invités ne seraient pas forcément des célébrités, mais des personnes ayant réalisé quelque chose qui mérite qu'on en parle. Début 2011, l'émission est lancée. Il y apparaît en prime time, entouré de toute une bande de chroniqueurs. « C'était une première au Liban », insiste-t-il.
Le souffle de nouveauté qu'elle introduit dans le paysage audiovisuel plaît. Au bout de 4 saisons, il faut cependant passer à autre chose. Ce sera, dans le même format, Menna we Jorr, aux sujets, cette fois, essentiellement axés sur l'univers de la télé et des médias. Une adaptation de Touche pas à mon poste que certains critiques voient comme une solution de facilité. « Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, adapter est une chose très difficile à faire. Il faut rester fidèle à l'esprit de l'émission de base, tout en ayant un ton qui s'accorde avec la mentalité locale. Car même si le Libanais vit, s'habille, suit les tendances occidentales, il garde par certaines facettes une façon différente d'appréhender les choses. Et il y a beaucoup de choses qu'il n'accepte pas facilement. » Voilà pourquoi Pierre Rabbat ne « déconne » pas façon Cyril Hannouna. Ce qu'il aurait bien aimé pouvoir faire, assure-t-il ! Peut-être se lâchera-t-il un peu plus dans la seconde saison de Menna we Jorr. À voir à la rentrée...

 

Pour mémoire
« Touche pas à mon poste » va prochainement s'exporter... au Liban !

Il débarque au siège de la MTV, où a lieu l'entrevue, au pas de charge, le cellulaire vissé à l'oreille, essayant de régler un dernier problème avant l'ultime séquence de Menna we Jorr pour la saison.Une première saison pour cette adaptation libanaise du célèbre Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna qu'il vient de clôturer avec succès. « 22 épisodes étalés sur 22...

commentaires (1)

Super emission. A quand une emission qui analysera de facon depassionee les differents hommes politiques? sans l'intox et les agenda caches des un et des autres comme notre demoiselle d'honneur scarlett haddad

George Khoury

12 h 21, le 10 juin 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Super emission. A quand une emission qui analysera de facon depassionee les differents hommes politiques? sans l'intox et les agenda caches des un et des autres comme notre demoiselle d'honneur scarlett haddad

    George Khoury

    12 h 21, le 10 juin 2016

Retour en haut