Rechercher
Rechercher

Culture - Expositions

« On peut se renouveler, on doit se renouveler ! »

Mitsou* a tout pour plaire. Peintre autodidacte, on lui attribue bien d'autres talents. Son sens des affaires, son goût pour la musique et sa manière de citer les mots de Victor Hugo ont dessiné cet artiste d'un jour qui s'est emparé de la peinture comme un amant éperdu. Un homme haut en couleur.

L’artiste à l’œuvre.

Fouad Tabet, alias Mitsou, possède l'art de la parole quand il s'agit d'évoquer ses œuvres et ce qui a fait de lui un homme d'envergure. De son enfance, on en retient la figure paternelle. « J'ai vécu ma jeunesse au milieu de dessins que mon père – l'un des premiers architectes du Liban, en 1929 – faisait dans ses ateliers. Quand je rentrais de l'école, je le trouvais devant sa table de dessin en train de créer des intérieurs. » On aurait pu voir alors « Mitsou », à quatre pattes, se balader au milieu du marbre, des tissus et des tapis puisés dans les marchés alentours pour satisfaire la clientèle de son père. Pourtant, en dépit de l'intérêt qu'il porte à tous ces matériaux, il ne mettra pas ses ambitions dans l'architecture. Pas directement en tout cas. «Je suis essentiellement un homme d'affaires. » Il parle de construction, de fondations et d'infrastructures. « Le finissage rejoint directement ce que fait mon père en tant qu'architecte d'intérieur. »
En 1967, le businessman est touché par un problème de santé. Son chirurgien lui annonce qu'il est atteint d'une maladie des poumons : « Tu vas finir sur mon billard. » Pour réhabiliter ses nerfs, il lui faut exercer son bras. Dans la chambre de l'hôpital, le pinceau et la toile – offerts par un ami – vont révéler son talent, pour la toute première fois. Cézanne s'est discrètement glissé sous ses draps, un peu par hasard : L'Estaque lui est apparu dans un dictionnaire à la rubrique « Impressionnisme ». Elle sera sa première source d'inspiration, celle qui réveillera les couleurs et les formes de son enfance. À partir de ce moment, il ne s'arrête plus. « Quand je me mets à peindre, je sens mes entrailles qui se soulèvent. »
Et pourtant, ses réalisations demeurent pour lui une inépuisable source d'émerveillement : « Parfois je me demande est-ce bien moi qui ai fait ce travail ? C'est un don. J'essaie autant que je peux de l'améliorer. » Le dimanche, il vient se ressourcer au fond de son atelier, loin des soucis du quotidien. « Quand je me mets devant ma toile pour peindre, je m'évade complètement. » Ces voyages artistiques passent par la nature : celle qui l'entoure ou celle des photos, qu'importe. « La nature s'éclipse. Mais elle revient toujours avec plus de vigueur. » Ainsi travaille-t-il la couleur : du bleu, du vert, du blanc et surtout des tons rouges, orangés et abruptes. Ils sont ses favoris, ceux qu'il transforme en paysages qu'il invente et renouvelle. De la Vague à Hawaï à la Chute de Norvège, l'autodidacte nous emmène jusque dans Une Forêt en France et nous invite à contempler la Nuit étoilée. Les œuvres de Mitsou laissent ainsi entrevoir la nature dans tous ses états, été comme hiver : une peinture au couteau, faites de traces, de traits à la Van Gogh et de couches râpeuses appliqués avec force ou fugacité. Le coup de pinceau de Mitsou exprime toute l'intensité de sa personnalité.

* Fouad J. Tabet : Mitsou III à SV Gallery Saifi Village rue Ariss Kanafani jusqu'au 29 mai.

Fouad Tabet, alias Mitsou, possède l'art de la parole quand il s'agit d'évoquer ses œuvres et ce qui a fait de lui un homme d'envergure. De son enfance, on en retient la figure paternelle. « J'ai vécu ma jeunesse au milieu de dessins que mon père – l'un des premiers architectes du Liban, en 1929 – faisait dans ses ateliers. Quand je rentrais de l'école, je le trouvais devant sa table...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut