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Économie - Splendeurs et misères économiques

Ubériser la création monétaire !

Né à Beyrouth, Michel Santi est un macroéconomiste franco-suisse qui conseille des Banques centrales et des fonds souverains. Il est notamment l’auteur de « L’Europe, chroniques d’un fiasco économique et politique » et de « Misère et opulence » 

L'impact des baisses quantitatives des taux (QE) a été surestimé car leurs retombées ne concernent pas l'ensemble de l'économie. En effet, les QE n'ont pas atteint les objectifs de redressement de la croissance et de rétablissement de l'inflation initialement recherchés par les banquiers centraux. La vérité est que les Banques centrales sont rendues quasi inopérantes par les politiques d'austérité de certains États. Véritables leviers fiscaux et budgétaires qui autorisent les États à emprunter à bon prix pour dépenser et pour investir, les baisses quantitatives des taux , la création monétaire et les taux négatifs ne sont ainsi efficaces que dans le cadre d'une politique expansionniste du gouvernement. Si ces mêmes leviers de la Banque centrale sont neutralisés dans une conjoncture de rigueur, ils deviennent contre-productifs dès lors que l'austérité est imposée dans un climat de chômage et de récession.
C'est en effet lorsque les QE ne bénéficient qu'à une infime minorité qu'elles deviennent régressives, tandis qu'elles déploient toute leur efficacité et profitent à l'ensemble de l'économie si elles permettent de financer des plans d'investissement et des programmes de facilité d'accès aux prêts destinés aux entreprises et aux ménages. Pourtant, comment éviter que cette création monétaire ne soit réduite à un banal transfert de richesses toujours en faveur des plus riches, dans un contexte où la pensée dominante ne cesse de stigmatiser dettes et déficits ?
En opérant des transferts de fonds directement vers les citoyens, afin d'améliorer leur pouvoir d'achat et de multiplier leur capacité à consommer. C'est bien l'ubérisation de la dépense que doit promouvoir un gouvernement dans une conjoncture de stagnation économique, afin de rétablir l'inflation et de donner des ailes à la croissance. Tout en accompagnant ces dons de diverses mesures protectionnistes afin que cette consommation profite aux entreprises locales et nationales, sans plomber le commerce extérieur.
S'il n'est pas possible de s'adosser à des statistiques appartenant au passé vu que de telles expériences n'ont jamais été tentées, on peut en revanche analyser les effets des remboursements d'impôts ayant eu lieu aux États-Unis en 2008 où des chèques furent envoyés par les services fiscaux aux contribuables au plus fort de la crise afin de relancer l'économie. Dans ce contexte, l'effet multiplicateur fut de 1,3. Transposé au don de liquidités, cela reviendrait à en conclure que 1 % du PIB donné aux citoyens se traduirait par un redressement de 1,3 % du PIB, soit une hausse de 2,6 % du PIB en cas de dons aux citoyens totalisant 2 % du PIB.
Ce crédit social peut en outre être optimisé en ne le destinant qu'aux 75 % des contribuables disposant des revenus les plus bas. Un tel calibrage aurait à l'évidence des conséquences bénéfiques immédiates sur la croissance, sans les effets collatéraux des QE qui sont d'enfler des bulles spéculatives et d'aggraver l'instabilité financière. Par ce biais, la création monétaire elle-même serait nettement moins intensive puisqu'un don de l'ordre de 2 500 euros par famille et par an ne représente environ que 2 mois de baisses quantitatives des taux de la part de la Banque centrale européenne, qui, du coup, activerait moins sa planche à billets, avec des effets spectaculaires et sur la croissance et sur les inégalités.
Ne nous égarons donc pas dans les méandres de la sémantique des banquiers centraux qui rechignent à ce crédit social sous le prétexte qu'il s'agit là d'une mesure fiscale du ressort des exécutifs. Dans un contexte où les gouvernements sont tétanisés par l'orthodoxie, et alors que les politiques – et que la politique – ne sont absolument plus crédibles, il est vital que ces transferts de liquidités en faveur de la population deviennent un instrument à part entière de politique monétaire.

L'impact des baisses quantitatives des taux (QE) a été surestimé car leurs retombées ne concernent pas l'ensemble de l'économie. En effet, les QE n'ont pas atteint les objectifs de redressement de la croissance et de rétablissement de l'inflation initialement recherchés par les banquiers centraux. La vérité est que les Banques centrales sont rendues quasi inopérantes par les politiques...

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