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À La Une - France

Les policiers dans la rue contre la "haine anti-flics", contre-manifestation à Paris

Quelque 300 participants criant: "Flics, porcs, assassins" ou "Tout le monde déteste la police", repoussés.

Un petit groupe de manifestants a incendié avec un cocktail Molotov, le 18 mai 2016 à Paris, une voiture de police dont les deux occupants se sont extraits à la hâte dans des circonstances encore à élucider. Photo AFP / CYRIELLE SICARD

Plusieurs centaines de policiers ont manifesté mercredi en France pour dénoncer la "haine anti-flics", une démonstration de colère rare en marge de laquelle un contre-rassemblement a dégénéré à Paris avec une voiture de police incendiée.

Les policiers, qui ont bénéficié de la gratitude des Français pour leur présence rassurante après les attentats de 2015, se disent "usés" par les tâches imposées par l'état d'urgence et les violences qui ont émaillé la mobilisation contre la loi travail.

Objets de la vindicte de petits groupes radicaux qui s'affrontent avec eux depuis deux mois de manifestations contre une réforme du droit du travail, ils étaient appelés à exprimer leur ras-le-bol dans une soixantaine de villes.

Le rassemblement le plus important -près d'un millier de personnes- s'est tenu à Paris, sur la très symbolique place de la République, lieu de mémoire des attentats de 2015.
C'est là qu'une contre-manifestation interdite a dégénéré à la mi-journée. Quelque 300 participants criant: "Flics, porcs, assassins" ou "Tout le monde déteste la police", ont été repoussés vers l'extérieur de la place à coup de gaz lacrymogènes.
Un petit groupe a ensuite incendié avec un cocktail Molotov une voiture de police dont les deux occupants se sont extraits à la hâte dans des circonstances encore à élucider. Devant l'épave carbonisée, des inconnus ont déposé une pancarte: "Poulets rôtis, prix libre", a constaté un journaliste de l'AFP. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tentative d'homicide volontaire.

Sur la place de la République, les policiers se sont rassemblés sous la protection d'un cordon de gendarmes et de barrières. "C'est un ras-le-bol général, on en a assez d'être mis en cause systématiquement et de se faire taper dessus", a dénoncé un policier manifestant à l'AFP. "Il faut interpeller les meneurs, on les connaît", "on laisse faire les casseurs".

Plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés lors des manifestations sociales de ces dernières semaines, selon les autorités. "Je n'ai jamais vu ça", a raconté à l'AFP Arnaud, policier depuis vingt ans. "Les +casseurs+ (...) sont parfaitement organisés, ramassent tout ce qu'ils trouvent et nous canardent. Sans piller, pour casser et casser du flic."

 

(Lire aussi : Malgré la fronde, Hollande "ne renoncera pas" à sa réforme du droit du travail)

 

Le gouvernement critiqué
Du côté des manifestants, on accuse en retour les forces de l'ordre de brutalités, vidéos diffusées sur les réseaux sociaux à l'appui. Un jeune homme a perdu l'usage d'un œil après avoir été blessé fin avril à Rennes (ouest). Une trentaine d'enquêtes de la "police des polices" portant sur de présumées violences policières ont été ouvertes.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a apporté mercredi son "soutien total" aux policiers. Mais des responsables de gauche et syndicaux ainsi que la Ligue des droits de l'Homme critiquent la gestion du maintien de l'ordre par le gouvernement.

Applaudie au lendemain des attentats de janvier 2015 à Paris (17 morts, dont trois policiers) par tout un pays traumatisé, la police jouit pourtant toujours d'une "image exceptionnelle" avec 82% des Français qui en ont une bonne opinion, selon un sondage publié mercredi.

Mais les Français restent aussi majoritairement opposés (58%) à la réforme du droit du travail, une contestation ponctuée cette semaine d'appels syndicaux à trois journées successives d'action et de manifestations. La deuxième d'entre elles mercredi a été marquée par une grève nationale des cheminots, qui a fortement perturbé le trafic ferroviaire.

Le président socialiste François Hollande a déclaré mardi qu'il ne renoncerait pas à cette réforme, passée sans vote parlementaire faute de majorité. Les casseurs, "ça suffit et ça ne pourra pas rester sans réponse!", a aussi lancé le chef de l'Etat.

A moins d'un an de l'élection présidentielle et alors que la popularité de François Hollande est au plus bas, le maintien de l'ordre s'est invité parmi les thèmes de campagne.

L'opposition de droite et l'extrême droite ont multiplié ces derniers jours les accusations contre l'exécutif. Marine Le Pen, présidente du Front national (extrême droite), a dénoncé mardi "le laxisme total" du pouvoir face aux "milices d'extrême gauche".

 

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