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À La Une - France

Attentat de la rue Copernic : Hassan Diab sort de prison

L'enquête est relancée.

 

Le principal suspect de l'attentat de la rue Copernic en 1980 à Paris, Hassan Diab, est sorti de prison samedi pour un placement sous bracelet électronique. AFP / STF

Le principal suspect de l'attentat de la rue Copernic, en 1980 à Paris, Hassan Diab, est sorti de prison samedi après un témoignage de son ex-épouse qui conforte son alibi et nécessite de nouvelles investigations.

Trente-six ans après les faits, l'enquête est à nouveau relancée dans un dossier où les victimes avaient repris espoir après l'extradition fin 2014 d'Hassan Diab depuis le Canada, où il était un respectable professeur d'université en sociologie.

Agé de 62 ans, le Libano-canadien est mis en examen en France, notamment pour assassinats terroristes, et considéré dans l'enquête comme l'auteur présumé de cet attentat perpétré devant une synagogue de l'ouest de la capitale. Bilan: 4 morts et une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980, dans le premier attentat contre la communauté juive en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une juge des libertés et de la détention a mis fin jeudi à la détention provisoire du suspect et ordonné son assignation à résidence avec bracelet électronique, ont indiqué à l'AFP des sources judiciaire et proche de l'enquête. Le parquet de Paris a fait appel. Une nouvelle audience aura lieu le 24 mai.

Dans sa décision, la juge considère qu'un "doute" est posé sur la "question fondamentale" de savoir si Hassan Diab était en France le jour de l'attentat, après des auditions du suspect en janvier et de son ex-épouse, a expliqué l'une des sources.

Graphologie
Quelques jours plus tôt, le juge d'instruction Jean-Marc Herbaut, qui a succédé à Marc Trévidic sur ce dossier, avait lui aussi ordonné une remise en liberté sous surveillance électronique. Mais le parquet avait suspendu cette mesure et la chambre de l'instruction avait confirmé la détention.

Dans son ordonnance, prise le 9 mai, le juge relevait que l'ex-femme d'Hassan Diab a indiqué, lors d'un témoignage en avril, qu'il l'avait accompagnée à l'aéroport de Beyrouth le 28 septembre 1980, date à laquelle le possesseur du passeport au nom d'Hassan Diab se trouvait déjà en Europe d'après les tampons, selon la source proche de l'enquête. Ce passeport est l'une des pièces à charge contre le suspect. Le juge considère que le témoignage, bien que tardif et sujet à caution, nécessite de nouvelles investigations, notamment au Liban, selon l'une des sources.

Hassan Diab a toujours clamé son innocence et nié son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS) à qui avait été attribué l'attentat. Son avocat, William Bourdon, a salué des décisions "parfaitement cohérentes par rapport à un dossier dont les charges, modestes dès le départ, se sont très largement amenuisées du fait des dernières auditions".

Roger Cukierman, président du Crif, a dénoncé une libération "scandaleuse et irresponsable" et "une insulte aux victimes et à leurs familles". Selon lui, "elle sera interprétée comme un laxisme à l'égard du terrorisme".

La bombe avait explosé devant la synagogue, en plein office, en début de soirée, veille de Shabbat. Elle était constituée d'une dizaine de kilos de pentrite et fixée sur une moto, achetée quelques jours plus tôt sous un faux nom, Alexandre Panadriyu. L'enquête s'était orientée vers Hassan Diab, désigné comme un ancien membre du FPLP-OS, sur la foi notamment de renseignements obtenus par la DST.

La demande d'extradition formulée par le juge Marc Trévidic s'appuyait notamment sur la ressemblance du suspect avec les portrait robots de l'époque et sur des comparaisons d'écriture d'Hassan Diab avec une fiche d'hôtel remplie par le supposé Panadriyu.

Son avocat soulève au contraire de "nombreuses contradictions" entre les témoins. Quant aux expertises graphologiques, "elles ont été durement disqualifiées tant sur la méthodologie que sur leurs conclusions par plusieurs experts internationaux", déclare William Bourdon. Dans une décision autorisant l'extradition en juin 2011, un tribunal canadien avait prévenu que sur le fond, "le dossier présenté (par la France était) faible".

Avec cette remise en liberté, "le juge d'instruction n'est plus tenu par les délais qui s'imposent quand la personne est détenue", a déploré l'avocat d'une victime, Me Eric Morain. "Si on voulait nous rajouter 36 ans de procédure, on ne s'y serait pas pris autrement", a-t-il déclaré à l'AFP.

 

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