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Liban - Municipales 2016

À Jbeil, le plébiscite Hawat et « la surprise chiite »

Des échauffourées ont opposé des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal dans le jurd.

Ziyad Hawat donnant ses instructions à sa machine électorale, hier, à Jbeil. Photo Michel Sayegh

Pour ce deuxième dimanche d'élections municipales, le caza de Jbeil a été le théâtre de quelques batailles, même si les résultats dans la ville de Byblos étaient déjà prévus d'avance en faveur du président sortant du conseil municipal, Ziyad Hawat, faute de concurrence sérieuse. Si certains villages du jurd ont également évité la bataille électorale, comme Kartaba, celle-ci a néanmoins fait rage dans d'autres, comme Akoura, et, surtout, dans les villages chiites, où la tension est nettement montée entre les listes rivales Amal-familles et formations de gauche, d'une part, et le Hezbollah, de l'autre.

Le plébiscite Hawat

Dans la ville de Jbeil, en dépit de l'échec des négociations entre le Courant patriotique libre (CPL), Ziyad Hawat et les Forces libanaises (FL), le conseil municipal n'a pu célébrer une victoire d'office. M. Hawat et ses compagnons de liste ont en effet dû livrer bataille contre... une seule candidate, Claude Margi Béchara, appuyée par l'ancien ministre du Travail Charbel Nahas.
Près de 57 % des électeurs jbeiliotes ont ainsi pris part au scrutin dans une atmosphère de calme dans une sorte de plébiscite « pour remercier Ziyad Hawat » et renouveler leur confiance en lui.
Interrogés sur place, plusieurs électeurs ont fait état, à L'Orient-Le Jour, d'un soutien « inconditionnel » à M. Hawat. « Nous sommes venus voter parce qu'il n'y a que Ziyad Hawat qui mérite nos voix », affirme ainsi Sam. Le candidat au poste de moukhtar Kamal Zeineddine se dit, de son côté, « satisfait du taux de participation élevé à ce scrutin calme ». Selon lui, « les gens sont venus voter parce qu'ils sont reconnaissants vis-à-vis de M. Hawat ».

(Voir aussi : Le scrutin au Mont-Liban, en images)

Le nouveau conseil municipal de Jbeil pouvait-il être élu sans bataille ? Pour Rabih Lakkis, « il n'y a pas de bataille dans le vrai sens du terme » dans la ville, mais « une manifestation de puissance ». « La bataille nous a permis d'exprimer notre reconnaissance et de renouveler notre confiance dans le président du conseil municipal », souligne une jeune fille rencontrée dans un bureau de vote.
Après avoir déposé son bulletin de vote à Jbeil, Ziyad Hawat s'est engagé à ce que « la ville reste à tous ses habitants ». « Claude Margi a le droit de se porter candidate, et les électeurs devraient choisir en faveur du meilleur projet pour leur ville », a-t-il noté.

Nahas, invité-surprise

Interrogé par L'OLJ, M. Hawat estime que « la journée d'aujourd'hui (hier) est une cérémonie dédiée à la démocratie ». « Les Jbeiliotes expriment leur foi et leur appui à notre projet et notre liste », dit-il. « Je leur promets de nouveaux accomplissements pour diffuser la meilleure image du Liban », note le président sortant.
Claude Margi affirme, pour sa part, que « la démocratie doit retourner à Jbeil, même si les résultats sont prévisibles ». « Je suis à Jbeil depuis 33 ans. Je suis donc en plein droit de présenter ma candidature à Jbeil », a-t-elle encore dit.

(Lire aussi : La canicule n’a pas réussi à refroidir l’enthousiasme des électeurs dans les régions de Baabda-Aley)

La candidate faisait allusion aux altercations verbales qui ont opposé les partisans de Ziyad Hawat aux siens. Elle accuse ainsi le président sortant du conseil municipal de « tentatives de provocation ». Charbel Nahas, parrain de la candidate, a pour sa part estimé de Jbeil que ces altercations constituent des « tentatives d'intimidation des électeurs pour leur interdire de voter ».
« Tous ceux qui essaient d'épargner les batailles aux villages sanctionnent les ambitions des gens », a indiqué l'ancien ministre, en se disant fier de la candidature de Mme Margi.

Entre le changement et l'entente chrétienne

À l'image de Jbeil, le village de Amchit a enregistré un taux de participation remarquable et une bonne affluence d'électeurs qui devaient choisir entre trois listes, l'une conduite par Tony Issa, président sortant du conseil municipal, exerçant ses fonctions depuis 18 ans et appuyé par le CPL et les FL, une autre emmenée par Roukoz Zgheib et appuyée par les Kataëb, et une troisième présidée par Roméo Gharios, soutenue par les familles.

(Lire aussi : Au Metn central, quelques batailles acharnées, en toute courtoisie)

Les électeurs de Amchit, qui ont exercé leur droit de vote dans un climat de calme, se sont largement dit favorables au « changement », estimant que le facteur politique occupait peu d'importance dans la bataille.
« Il est grand temps de permettre aux jeunes de prendre part à la prise de décision », indique ainsi Joseph à L'OLJ. Tony, lui, fait état de « son soutien aux familles, loin des appartenances politiques ».

Par opposition à la tendance populaire, le député Walid Khoury (CPL) indique que son parti et les FL ont voulu voir « l'entente chrétienne » – comprendre l'accord de Meerab avec les FL – se concrétiser par la victoire de la liste de Tony Issa. À L'OLJ, M. Khoury déclare : « C'est une bataille démocratique, la première depuis des années au Liban, et nous devons en profiter. Nous sommes en bons termes avec les autres listes parce que nous œuvrons pour le bien de Amchit », souligne-t-il.

Dans le jurd, si Fadi Martinos, fort d'une avance confortable à Kartaba, a réussi à imposer une liste consensuelle d'office, une bataille acharnée a en revanche eu lieu à Akoura, au lendemain de l'échec des négociations menées récemment en vue d'une entente. Deux listes s'y sont disputé les 15 sièges du conseil municipal, l'une conduite par le président sortant de la municipalité Simon Merheb et excluant la famille Hachem, et l'autre, présidée par Mansour Wehbé, soutenue par le CPL et la famille Hachem. Le panachage semblait être le maître du jeu dans la journée, mais les premiers résultats donnaient la victoire à M. Wehbé et au CPL.

La nouvelle donne chiite

Si le calme a prévalu en général dans le caza de Jbeil, quelques incidents, dont certains particulièrement significatifs, tant sur le plan électoral que politique, ont toutefois éclaté.
Ainsi, mis à part l'incident avec Charbel Nahas à Byblos, le responsable du bureau de vote à Tartej a été arrêté et déféré devant les autorités compétentes : il avait en sa possession trois listes électorales durant l'exercice de ses fonctions.
Mais ce sont les localités chiites du jurd de Jbeil, Mechan, Hsoun, Mghairi, Lassa, Afka, qui ont été hier au centre d'une nouvelle donne politique enfiévrée : une rivalité, à travers la région, entre le mouvement Amal, les familles indépendantes et les formations de gauche d'une part, et le Hezbollah de l'autre.
À Mechan, des échauffourées ont ainsi opposé des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal, dégénérant en affrontements armés. Une dispute a également éclaté entre les deux camps à Afka, interrompant les élections pendant quelque temps, le temps d'une intervention des forces de l'ordre.
« Cette division chiite est toute nouvelle », affirme Farès Souhaid, ancien député de la région et coordinateur général du 14 Mars, qui y voit « une nouvelle donne significative qui constitue la surprise de ce round du scrutin municipal ». « Un bloc chiite indépendant du Hezbollah est en train de naître », souligne-t-il à L'OLJ.


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commentaires (2)

Ils jouent à eux seuls, bien des personnages dont aucun n'est jamais.... satisfaisant ou même satisfait !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 42, le 16 mai 2016

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Commentaires (2)

  • Ils jouent à eux seuls, bien des personnages dont aucun n'est jamais.... satisfaisant ou même satisfait !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 42, le 16 mai 2016

  • Félicitation a Ziad Hawat et toute son équipe. Jbeil prouve a tout le Liban, qu’une personne honnête, acharnée, amoureuse de sa ville et de ses habitants sera plébiscitée, quelque soit son appartenance politique ou religieuse. J'espère que Jbeil sera un exemple suivie par toutes les autres municipalités du Liban et qu'enfin les hommes politiques comprennes que le peuple Libanais aspire à la transparence et le civisme au lieu du totalitarisme et de la corruption. Alf Mabrouk

    EL Khoury Jony

    14 h 40, le 16 mai 2016

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